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"Il faut réguler": face à la menace du frelon asiatique, les apiculteurs des Alpes-de-Haute-Provence alertent

Le frelon asiatique menace les apiculteurs des Alpes-de-Haute-Provence (image d'illustration).

Le frelon asiatique menace les apiculteurs des Alpes-de-Haute-Provence (image d'illustration). - BFM DICI

Le frelon asiatique est désormais bien installé dans les Alpes-de-Haute-Provence et les apiculteurs appellent à l’aide pour trouver des solutions pour s'en débarrasser.

Arrivé en France il y a une vingtaine d'années, le frelon asiatique est désormais bien installé dans l'Hexagone, notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette implantation dépasse les apiculteurs qui appellent à l’aide pour trouver des solutions et se débarrasser définitivement des insectes.

"Nous avons beaucoup de frelons asiatiques"

Dans la cour de Yannick Zeblah, l'apiculteur du Rucher de Léa et Loan dans le bassin manosquin, on marche littéralement sur les frelons asiatiques. L’insecte s’est répandu et menace désormais les ruches.

"Ça y est, ça arrive chez nous dans les Alpes-de-Haute-Provence, note l’apiculteur auprès de BFM DICI. En tout cas, pour ma part, dans le bassin manosquin, nous avons beaucoup de frelons asiatiques."

Le professionnel l'observe "sur mes hausses quand je les sors de la miellerie pour les mettre à lécher, c’est-à-dire pour les nettoyer.”

D’ordinaire, les abeilles viennent terminer le miel restant. "Désormais, ce sont les frelons avec d'éventuelles piqûres pour moi, rapporte Yannick Zeblah. Et surtout le risque pour les abeilles de se faire happer en plein vol.” Les abeilles de l’apiculteur étant actuellement “l’aliment préféré du frelon asiatique”.

Les abeilles "ne sont pas habituées"

À quelques mètres de ses hausses, où les frelons sont occupés à se baigner dans les flaques de miel restantes, se trouve un tas de plusieurs centaines de cadavres du fameux insecte.

"C'est uniquement ceux d'une journée", explique l'apiculteur désespéré à BFM DICI. Pour les abeilles des Alpes-de-Haute-Provence, se défendre face à ce prédateur n'est pas possible.

"En général les frelons attaquent en vol statique au niveau des ruches, les abeilles se mettent en mode gardiennage, mais elles ne sont pas habituées à ça et elle ne sortent plus ce qui va affaiblir la ruche et va permettre aux frelons de rentrer et de tuer les abeilles et la reine”, analyse Yannick Zeblah. "Et ça, malgré la mise en place de portes plus petites", poursuit-il.

En effet, les apiculteurs ne restent pas les bras croisés face aux frelons asiatiques. "On a plusieurs pièges comme des systèmes de connes", détaille-t-il.

En cette journée de novembre, il fait encore doux et c'est un problème pour les apiculteurs qui n'ont pas le temps de souffler face à l'insecte. "Les attaques se font plutôt au début d’été jusqu’à l’automne, mais le temps change, automatiquement les frelons continuent d'attaquer et ça devient compliqué parce que les abeilles devraient être au repos”, rapporte Yannick Zeblah.

D'importantes pertes financières de plusieurs milliers d'euros

Ce repos est nécessaire aux abeilles, qui profitent de ce temps calme pour travailler. "C’est-à-dire chercher le pollen, mais à certains endroits elles ne peuvent pas sortir et c’est handicapant voire mortel pour nos ruches."

Yasmina Leclerc est apicultrice aux Avettes du Ventoux à Aubignan, au pied du mont Ventoux. Elle aussi est désespérée. En un an, elle estime la perte à plusieurs milliers d'euros, sans parler du temps de travail perdu.

"À ce jour, je ne suis pas sûre de pouvoir continuer mon travail dans ces conditions surtout qu’on a appris l’arrivée de Vespa orientalis depuis 2 ans à Marseille, un frelon oriental, s’inquiète l’apicultrice. Et ce n’est qu’une question d’années avant qu’ils ne soient chez nous."

Et d’ajouter: "je ne vois pas comment nos abeilles vont pouvoir supporter la pression de ces deux frelons."

Face aux attaques de frelons, deux possibilités s’offrent aux apiculteurs: soit le frelon détruit entièrement la ruche, soit il l'affaiblit. Dans le second cas, une fois sorti de l’hivernage, les apiculteurs ne seront pas certains de pouvoir faire repartir les abeilles restantes, sans compter le retour du frelon au printemps. Qu’importe l’option, dans les deux cas, les apiculteurs enregistrent une perte d’argent.

Les particuliers également touchés

Outre les abeilles, les professionnels s’inquiètent des conséquences du frelon asiatique sur les autres insectes pollinisateurs. “On est à l’âge de pierre du piégeage, regrette Yasmina Leclerc. On a des pièges plus ou moins sélectifs. Pour piéger de façon efficace et sélective, il faut compter entre 400 et 500 euros.”

“Nous ce qu’on veut, c’est cibler uniquement le frelon asiatique, poursuit l’apicultrice. Chaque semaine, il faut changer l’appât qui coûte une cinquantaine d’euros par rucher. Et le temps qu’on occupe au piégeage n’est pas utilisé pour s’occuper de nos ruches.”

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les frelons asiatiques sont aussi un problème pour les particuliers."Un particulier qui a un nid chez lui va devoir payer entre 100 et 200 euros pour s’en débarrasser", chiffre Yasmina Leclerc.

La professionnelle souhaite aujourd’hui "avoir un piégeage efficace". Et pour cela, "il faudrait que ce soit hormonal, pour limiter la population de frelon”, explique l'apicultrice. "Il faut absolument le réguler dans l’intérêt de tous et pas seulement des apiculteurs", conclut-elle.

Avec cet appel à l'aide, les apiculteurs espèrent sensibiliser les élus à la problématique, mais aussi le grand public pour préserver les abeilles précieuses et essentielles à l'environnement.

Laurie Charrié