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"Ici, on peut s'isoler": Guy Gilbert, "le curé des loubards" se ressource à Monêtier-les-Bains

Comme chaque année depuis 36 ans que Guy Gilbert, surnommé "le curé des loubards" vient se ressourcer dans les Hautes-Alpes. Un département dans lequel il organise également des classes de neige pour les jeunes issus des quartiers défavorisés.

Un lieu de villégiature. C'est dans un chalet du Casset, au Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes), que Guy Gilbert, surnommé "le curé des loubards", vient se reposer chaque hiver depuis 36 ans. Un havre de paix dans un environnement "idéal pour la prière" qui réjouit ce prêtre catholique, éducateur spécialisé et écrivain.

"Les gens ici sont très chaleureux et ouverts, les paysages sont splendides, je ne viens qu'en hiver mais j'aimerais venir voir les fleurs du printemps", indique Guy Gilbert au micro de BFM DICI.

Des classes de neige pour les jeunes

"Ici il n'y a pas les mouvements de Paris, on peut s'isoler. Un prêtre ne peut que vivre dans les lieux comme celui-là au milieu du silence, de la beauté sauvage et des animaux", ajoute-t-il

Guy Gilbert, âgé de 88 ans, œuvre depuis 50 ans pour redonner un élan aux jeunes issus de quartiers difficiles. Et chaque année depuis 36 ans, les Hautes-Alpes sont le terrain de jeu pour les classes de neige qu'il organise.

Cette année 2024 n'a pas échappé à la règle: pendant deux jours, un groupe est venu s'essayer au ski alpin dans la station de Serre Chevalier. Ces jeunes ont été accueillis dans un lieu fondé il y a tout juste 50 ans: la Bergerie de Faucon à Palud-sur-Verdon, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Avec une équipe d'éducateurs, le curé des loubards tente de réinsérer des jeunes en difficulté par le travail et la zoothérapie.

"Une conférence et un message de paix"

À l'occasion de ses séjours dans le Briançonnais, le père Guy Gilbert arpente les églises pour y prêcher la bonne parole. Cette année il souhaite particulièrement insister sur l'importance de maintenir la paix et l'amour dans les foyers, le meilleur moyen pour assurer la paix dans le monde.

"J'entends souvent un père qui me dit "je ne parle plus à mon fils" ou une mère qui me dit "je ne parle plus à ma fille", grince le prêtre.

Et d'ajouter: "je dis aux gens de mettre la paix dans leur famille d'abord, il ne faut pas se couper des actualités du monde mais la paix dans la famille est la chose la plus belle et la plus noble à vivre dès à présent".

Né en 1935 et issu d'une fratrie de 15 enfants, Guy Gilbert quitte sa famille à l’âge de 13 ans pour entrer au petit séminaire.

Après la guerre d’Algérie, il devient le curé de Blida avant de rentrer en France, à Paris, où il découvre sa vocation: venir en aide aux jeunes en déshérence. C'est à ce moment-là qu'il y fait la découverte du monde de la rue et celui de la prison.

C'est en ne se sentant pas assez entendu qu'il troque alors sa soutane pour un blouson de cuir sur une proposition d'un jeune de la rue. Un moyen de se faire mieux entendre et une tradition qu'il perpétue.

"J'ai gardé ce blouson et le langage des jeunes de la rue, il faut adopter le langage et les habits d'une population", souffle l'intéressé, dont le cuir est rempli de pins en tout genre.

"Maintenant c'est plus le blouson noir, c'est le survêtement avec la grosse capuche", conclut le curé des loubards.

Jérémie Cazaux