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Hautes-Alpes: après les menaces de mort, le calme revient au collège de L'Argentière-la-Bessée

Le collège Les Giraudes, à l'Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes), en novembre 2022.

Le collège Les Giraudes, à l'Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes), en novembre 2022. - Capture d'écran/Google Street View

Une élève du collège les Giraudes a publié sur les réseaux sociaux un message contenant des menaces de mort à l'encontre de ses camarades et de parents d'élèves. La situation a été prise en main par les responsables du collège, mais une tension perdure

En ce lundi 8 avril, l'ambiance était pesante à l'Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes). Depuis la semaine précédente, une publication violente circulait sur les réseaux sociaux. Son autrice est une jeune élève du collège des Giraudes, qui y menace de mort plusieurs camarades, certains de leurs parents et son propre frère. Un message écrit en réalité il y a deux ans, dans l'application bloc-notes de son téléphone, et qui a été publié la semaine dernière.

Ulcérés, des parents d'élèves ont affiché la publication sur un groupe Facebook d'Argentiérois, déclenchant de vifs échanges sur la toile. Pour plusieurs d'entre eux, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ils racontent pêle-mêle un harcèlement qui serait mené sur certains enfants par l'autrice du post. Certains collégiens décrivent des actes de violence, d'intimidation.

"Dans les toilettes des filles, des personnes se sont faites enfermer, frapper", raconte Mathieu*, un collégien.

Une élève assure avoir tenté d'alerter

Une ambiance délétère qui aurait eu des conséquences graves pour au moins une élève. Lors d'un voyage scolaire, elle aurait tenté de mettre fin à ses jours. "Camille* a pris deux plaquettes de médicaments qui peuvent faire beaucoup de dégâts", reprend Mathieu. "Elle en prenait tous les matins. Et un jour à la cantine elle nous a avoué qu'elle essayait de se tuer, parce qu'elle n'avait rien à faire dans ce monde."

"C'est très dur à vivre. Quand on apprend qu'une amie veut se suicider parce qu'elle n'arrête pas de se faire harceler", confie-t-il.

Face à la situation et à la suite du post des menaces de mort, une des élèves harcelées aurait tenté de dénoncer le problème auprès de l'établissement. Mais elle a eu le sentiment de se heurter à un mur. "La première fois qu'on a voulu voir la CPE, elle nous a dit qu'elle n'avait pas le temps", raconte Alizé*, une autre élève de l'établissement.

Des lettres d'excuses

La jeune fille a donc écrit une lettre à son intention. Mais le bruit a circulé dans le collège, et d'après son récit, les choses ont empiré. C'est Sylvie*, sa mère, qui raconte la suite. "La petite (l'autrice de la publication haineuse, NDLR) qui a mis le TikTok en ligne a envoyé ses copains dire à ma fille et ses amis 'on va vous attraper à la sortie, on va vous casser la bouche'. Jusqu'au jour où elle est venue à mon travail chercher son goûter et elle s'est fait attraper sur le bord du trottoir", détaille-t-elle.

Les parents, remontés, sont allés rencontrer la direction de l'établissement, pour mettre fin le plus rapidement possible à cette histoire, qui dérapait. "C'est là qu'il faut arrêter les choses. Pas demain, pas dans 10 ans", appuie Julie*, la mère de Mathieu.

Face à une situation de plus en plus difficile, parents, établissement et inspection académique se sont rencontrés lundi 8 avril, dans la soirée. L'objectif: mettre les choses à plat et apaiser les tensions.

"J'ai vraiment apprécié que l'inspection soit venue nous voir", assure Elsa*, la mère d'un autre enfant visé par la publication haineuse.

"La jeune fille en cause a écrit une lettre d'excuse à chacun des enfants visés. Pour mon fils, c'est une affaire classée", assure-t-elle.

Cette réunion semble avoir permis aux élèves de renouer le dialogue avec l'établissement. Mathieu estime que l'écoute de la part des adultes est meilleure.

L'académie se veut "intraitable" sur le harcèlement

Joint au lendemain de cette réunion, l'inspecteur d'académie Aymeric Meiss se montrait ferme. "La réunion portait sur une problématique liée à un texte qui a été publié sur les réseaux sociaux", recadrait le DASEN. "S'il y avait une situation de harcèlement, c'est une situation pénale, nous serions intraitables sur le sujet", martèle-t-il.

Il a par ailleurs tenu à rassurer les parents des élèves visés par les menaces. "C'était une inquiétude légitime des familles. Nous voulions d'une part les rassurer, mais aussi proposer une cellule psychologique d'écoute pour les enfants visés. Nous voulons aussi accompagner la famille de la jeune fille mise en cause, elle a reçu une sanction pour ses propos, qui ne sont pas acceptables. Mais il y a un mal-être très profond pour cette jeune fille", a développé l'inspecteur.

Enfin, Aymeric Meiss a rappelé l'importance de contacter les autorités en cas de propos répréhensibles, avant de se tourner vers les réseaux sociaux. "Il est important d'alerter le chef d'établissement, la gendarmerie s'il y a lieu", déroule-t-il.

"Les réseaux sociaux doivent être utilisés avec beaucoup de précautions, pour les enfants comme pour les adultes".

En cette fin de semaine, le calme semble être revenu dans l'ancienne cité minière, après des jours difficiles.

Les prénoms suivis d'un "*" ont été modifiés.

Ugo Marseille