BFM DICI
bfmdici

Durance Luberon Verdon Agglomération: vers une très forte augmentation du prix des voyages en bus?

Un bus de la Durance Luberon Verdon Agglomération (DLV Agglo) sur le réseau Trans'Agglo.

Un bus de la Durance Luberon Verdon Agglomération (DLV Agglo) sur le réseau Trans'Agglo. - BFM DICI

Du ticket à l’unité au forfait annuel pour les scolaires, les prix pour prendre le bus du réseau "Trans'Agglo" pourraient exploser au 1er juin 2023 avec, pour certains forfaits, des augmentation de près de 800%.

Cela semble inévitable. À partir du 1er juin 2023, les utilisateurs du réseau "Trans'Agglo" sur le territoire de Durance Luberon Verdon agglomération (DLVA) pourraient payer plus cher leur titre de transport lorsqu’ils voyageront en bus.

Les frais de fonctionnement et l’augmentation des coûts d’énergie vont pousser les élus communautaires des 25 communes concernées à prendre cette douloureuse décision au mois de mai.

Chaque élu, ou presque, est d’accord avec ce constat: il est devenu inéluctable d’augmenter les tarifs sur un territoire où le prix du transport en autocar a toujours été plutôt attractif comparé aux autres agglomérations et intercommunalités.

"On marche sur la tête"

Néanmoins, la hausse s’annonce si brutale qu’elle risque bien de remettre le feu aux poudres entre les élus manosquins et l'équipe du président Jean-Christophe Pétrigny. 

"Nous sommes vent debout", fait déjà savoir Pascal Antiq, premier vice-président de DLVA et conseiller municipal à Manosque.

"Comme bien souvent, nous ne sommes informés de rien", déplore-t-il. Mais selon les informations de BFM DICI, certains abonnements pourraient augmenter de 700%. Un voyageur qui partira du Soubeyran pour aller à l’hôpital paiera le même prix qu’un voyageur qui fera Riez-Manosque."

"On marche sur la tête", s’étrangle Pascal Antiq, qui imagine déjà des discussions houleuses à la mi-mai lors du prochain conseil communautaire.

Une augmentation de 15 à 120 euros

Si rien n’est encore acté ni même présenté publiquement, une ébauche de la nouvelle grille tarifaire a été divulguée par les services de l’agglomération lors d’un comité de partenaires ce lundi. Dans ce document, que BFM DICI a pu se procurer, on y apprend que DLVA propose une augmentation de l’ensemble des tarifs dès le 1er juin 2023, sauf pour l’abonnement mensuel.

Le ticket à l’unité, pour une durée d’1h30, pourrait ainsi passer d’un euro à 1,5 euro. Pour les plus de 26 ans, c’est la douche froide. Selon le document interne à DLVA, le forfait annuel pourrait atteindre 150 euros, au lieu des 30 euros actuels. Un forfait qui serait de 75 euros au lieu de 15 euros pour les plus modestes. Soit une augmentation de 500%.

C’est encore pire pour la catégorie 18-26 ans, dont l’abonnement annuel passerait de 15 à 120 euros. Idem pour les scolaires, dont le forfait annuel est aujourd’hui de 15 euros par enfant. Là, la nouvelle grille prévoit un abonnement à 120 euros et 60 euros pour les familles modestes. Soit des augmentations astronomiques de l’ordre de 800% et 400%.

Seul point inchangé, donc, l’abonnement mensuel quant à lui resterait à 20 euros, sauf pour les plus modestes où ce prix serait de 10 euros.

Éviter les abonnements de "confort"

"Ce n’est jamais le bon moment pour augmenter les tarifs", reconnaît de son côté Claude Cheilan, maire de Vinon-sur-Verdon et vice-président de DLVA en charge des Transports.

"Mais aujourd’hui, il y a une réalité, le transport nous coûte cher. Nous transportons chaque jour 3600 élèves et le transport annuel d’un élève coûte 1000 euros à l’agglomération", rappelle l'élu.

Pour Claude Cheilan, cette augmentation peut aussi pousser les habitués du ticket à l’unité à opter pour un abonnement. "Cela évitera aussi les abonnements de 'confort'', estime-t-il. "C’est-à-dire que des parents prennent un abonnement pas cher à l’année mais les enfants ne viennent pas. Or, il faut quand même qu’on mette des bus à disposition et cela à un coût", indique l’élu varois.

Et de poursuivre: "120 euros par an, c’est 10 euros par mois pour environ 16 à 17 transports d’un enfant. Ce n’est pas énorme et cela tranquillise les parents."

"Je n’attendais rien d’autre qu’une opposition"

Quid de l’inégalité de traitement pointée du doigt par Pascal Antiq qui cite l’exemple d’un usager qui paye le même prix pour aller du Soubeyran à l’hôpital que celui qui voyage de Riez à Manosque? "Le but d’une agglomération, c’est l’équité. Cela veut dire qu’on ne fait pas de différence entre les uns et les autres", répond Claude Cheilan.  

Conscient qu’une telle grille tarifaire peut susciter de vives réactions, le vice-président aux Transports s’attend à une vraie opposition le 16 mai prochain lors du conseil communautaire. "Je n’attendais rien d’autre qu’une opposition de la part des élus manosquins. Quand je parle en privé avec mes collègues, ils sont d’accord avec moi. Mais en public, les avis changent."

"La DSP arrive à échéance en 2025", poursuit-il, "et un an avant les élections municipales, aucun élu ne voudra toucher aux tarifs. Il faut donc le faire maintenant."

"En cas d’une opposition de la majorité des élus, tant pis, la nouvelle grille ne s’appliquera pas. Mais il ne faudra pas venir me dire que ma délégation coûte trop cher", prévient enfin le maire de Vinon-sur-Verdon.

Valentin Doyen