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"Un tissu de conneries": une membre de la famille d'Émile en colère contre les rumeurs à leur sujet

Emile, un petit garçon de 2 ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023 au Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), après avoir échappé à la vigilance de ses grands-parents.

Emile, un petit garçon de 2 ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023 au Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), après avoir échappé à la vigilance de ses grands-parents. - Famille

Les recherches au Haut-Vernet sont sur le point de se terminer. L’arrêté interdisant la circulation au hameau doit être levé samedi soir. Quatre semaines après la disparition d’Émile, aucune hypothèse sérieuse ne semble émerger.

"Cela ne me change pas vraiment de mars ou d’octobre. À part une voiture de gendarmerie et ceux qu’on croise en descendant au village". Roger* en est persuadé, la vie dans le hameau du Haut-Vernet n’est pas différente en ce moment de ce qu’elle est le reste de l’année.

Pourtant, ce coin paisible de campagne, éloigné à moins de deux kilomètres du bourg principal, est coupé du reste du monde depuis presque quatre semaines.

Le samedi 8 juillet, vers 17h30, le petit Émile a échappé à la vigilance de sa famille. L’enfant de deux ans et demi demeure introuvable depuis cette date. Quelques jours plus tard, François Balique prenait un arrêté interdisant la circulation au Haut-Vernet à toutes celles et ceux qui n’y possédaient pas une résidence principale ou secondaire.

"Je ne les intéresse pas car je n’ai pas de voiture…"

Le maire a renouvelé par deux fois cet arrêté. Et cela ne devrait plus être le cas à partir de dimanche matin. "Sauf si les journalistes embêtent les habitants du Haut-Vernet. Là, je reprends un arrêté aussi sec", jure l’édile auprès de BFM DICI.

"Nous levons le pied mais restons très vigilants pour que la famille ne soit pas embêtée", confirme un gendarme du cru.

En un mois, Roger a appris à les connaître ces enquêteurs. "On discute un peu avec eux. Ce sont des gens très sympas. Au début, ils ont fouillé ma maison, ouvert le congélateur. Mais moi, je ne les intéresse pas car je n’ai pas de voiture…", ironise cet habitant qui loge juste derrière la bâtisse qui appartient à la famille d’Émile.

"Ce sont des voisins mais je ne les connais guère. Je les croise au village mais c’est tout", reconnaît l’homme qui n’a pas vraiment vu son quotidien changer depuis le 9 juillet.

Tout l’inverse de Sylvette*, encore déboussolée. "Je pensais vraiment qu’on allait le retrouver rapidement ce petit. Le lendemain, je suis allée voir ses grands-parents que je connais bien. Ils m’ont remercié mais depuis, je les laisse tranquilles. On doit les préserver un maximum", souffle l’octogénaire qui a vécu près de vingt ans au Haut-Vernet avant de descendre un peu plus bas dans un logement de la mairie.

Sylvette a vu grandir la mère d’Émile ainsi que ses frères et sœurs. "Tout le monde dit que c’est une famille repliée sur elle-même, c’est faux. C’est une famille qui sélectionne ses fréquentations. J’ai par exemple été invitée à des repas et même au mariage".

"Les enfants ont une éducation irréprochable. Je peux vous dire qu’à table, on n’entend pas un bruit", se souvient celle qui a aussi gardé les oncles et tantes d’Émile quelques fois. "Tous les petits font beaucoup de sport. Je me souviens qu’une fois, il y avait de la neige. Je souhaitais garder l’un des enfants mais ses parents ont insisté pour qu’il aille quand même au sport pour qu’il apprenne à se dépasser".

"On est catho et de droite, et alors?"

La famille d’Émile, justement, est toujours réunie au Vernet. Du côté paternel comme maternel, personne dans l’entourage du petit garçon ne souhaite s’exprimer dans la presse.

Pour autant, ce qui est dit ou écrit est lu et entendu. "Les parents et grands-parents ne veulent pas s’exprimer, il faut respecter ça. Tout ce qui est dit sur nous est un tissu de conneries. Comme cette histoire de maison qui brûle à Beaujeu. On est catho et de droite, et alors?", s’agace une membre de la famille d’Émile qui ne souhaite pas s’éterniser au téléphone.

Réfugiés dans la foi, les proches de l’enfant ne veulent pas que le village se morfonde. Récemment, l’anniversaire d’un petit a été célébré au Haut-Vernet dans une résidence. Parents et grands-parents d’Émile ont donné l’accord à la famille de l’enfant qui s’inquiétait de troubler la détresse ambiante du hameau avec cet évènement festif.

Un difficile retour à la normale

En bas, au village, locaux et touristes se retrouvent au bistrot, jouent aux boules et surveillent d’un œil les gamins qui enfourchent les bicyclettes pour déraper dans les nuages de poussières de la terre aride. "D’habitude, la terrasse est pleine. Là, le soir, j’ai que deux tables", nuance le patron du Bistrot.

"La fête de la transhumance se prépare pour le mardi 8 août. La cuisson des pains sera on l’espère de retour dans le vieux four banal du Haut-Vernet à la mi-août. Est-ce que cela nous empêche de penser à Émile? Certainement pas, mais la vie reprend", promet une habituée des lieux qui a aussi des échos de ce qui se passe "là-haut".

"Là-haut", au Haut-Vernet, les gendarmes y étaient encore présents en nombre toute la semaine. Il y a ceux qui sont en tenue, rattachés essentiellement à la compagnie de Barcelonnette, présents pour veiller à ce que les curieux n’enfreignent pas l’arrêté municipal.

Et puis, il y a les autres, en civil. Les enquêteurs de la section de recherches de Marseille et d’autres encore. "C’était une affaire départementale, puis régionale et maintenant nationale. Les meilleurs enquêteurs de France sont présents pour tenter de percer le mystère", souffle une source qui échange régulièrement avec ces "supers gendarmes".

Mais pour l’instant, rien ne filtre. Les chiens ont continué de renifler. Les enquêteurs continuent à écouter. Tout en prenant soin de tenir informée la famille d’Émile.

Une hypothèse est-elle privilégiée ? "Rien n’a évolué", fait savoir le pôle de l’instruction d’Aix-en-Provence, qui se refuse à tout autre commentaire. "Nous ne souhaitons faire aucune communication", avoue clairement un magistrat. Un souci de discrétion qui permet de ne pas "polluer" le travail des enquêteurs, tout en préservant la tranquillité du village.

*Les prénoms ont été changés

Valentin Doyen avec Alixan Lavorel