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Alpes du Sud

"C’est pour les culpabiliser": à Veynes, un homme joue les radars humains pour sensibiliser à la sécurité routière

Afin de pousser à la vigilance sur les routes, un habitant de Veynes (Hautes-Alpes) a décidé de mettre la main à la pâte en brandissant un panneau rappelant la vitesse maximale autorisée dans sa commune.

Non, cette fois, ce n'est pas une caméra cachée. S'il ne revêt pas le costume parfait du radar tant redouté des automobilistes, Jean-Pierre se poste deux fois par semaine sur le bord de cette route à la sortie de Veynes (Hautes-Alpes) pour y jouer les radars humains et pousser au respect des limitations de vitesse.

Inlassablement, chaque jeudi, le retraité prend place pour rappeler aux conducteurs de respecter la limitation fixée à 50 km/h.

Car malgré les nombreux panneaux de rappel disséminés dans la localité, peu de conducteurs ralentissent suffisamment en entrant dans la commune d'après les riverains. Alors, Jean-Pierre a décidé de créer son propre panneau, qu’il brandit à chaque passage d'automobiliste.

“C’est de la prévention, c’est pour attirer l’attention des gens, c’est pour les culpabiliser aussi, beaucoup. Et ça se voit directement dans le regard des gens” explique le retraité, qui est parfois accompagné de son frère Didier, bénévole à la sécurité routière du département.

L'initiative saluée par les automobilistes

D'après Jean-Pierre, cette méthode, certes peu commune, fonctionne auprès des usagers de la route qui croisent son chemin. Voitures, camions et fourgonnettes ralentissent devant les deux hommes au gilet jaune et à la grande pancarte inscrite en rouge rappelant la vitesse réglementaire.

Selon les deux frères, cette portion de la route devient un véritable danger pour les habitants qui doivent entrer et sortir de chez eux. "Tous les gens habitant d'un ou de l'autre côté de la route, lorsqu'on veut sortir, ça devient très compliqué", déplore cet habitant de Veynes depuis plus de 40 ans.

"Une infirmière s’est garée pour aller voir quelqu’un à côté est venue nous voir pour nous dire 'c'est super, les gens vont trop vite'", témoigne de son côté Didier, le frère de Jean-Pierre.

L'initiative est aussi appréciée de certains automobilistes, qui profitent de leur passage pour klaxonner ou simplement saluer les deux hommes pour témoigner de leur soutien.

Un vrai radar comme seul outil de dissuasion

Selon Jean-Pierre, il n’y a d'ailleurs "que la présence physique de quelqu’un qui peut toucher les gens", d'où cette piqûre de rappel en entrée et sortie de Veynes.

"Les panneaux, ils n’en ont rien à cirer" ajoute Jean-Pierre, habitant de Veynes.

Avec les vacances de Noël qui arrivent, Jean-Pierre pense s'occuper de la prévention un peu plus régulièrement, en se positionnant peut-être trois ou quatre fois par semaine au bord de cette route. Pour l’instant, il vient sur place tous les jeudis, jour de marché, où la circulation routière est plus dense qu'à l'accoutumée.

Selon le retraité, la seule solution pour inciter les conducteurs à respecter la vitesse serait d’installer un radar permanent sur cette portion, mais il sait bien qu’elle ne plairait pas à tout le monde.

Le département, la commune et la préfecture, qui travaillent conjointement sur la sécurité routière, n’ont pas pu donner de réponses dans l’immédiat.

Maëlle Lions-Geollot, avec Alexis Lalemant