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Alpes-de-Haute-Provence: un octogénaire jugé pour l'assassinat d'un cycliste

Daniel Scaramuzzino est accusé d'avoir mortellement percuté Jean Ortega le 14 juillet 2018, à Volonne. Le suspect, dont le procès s'est ouvert ce lundi 13 novembre, est soupçonné d'avoir prémédité l'accident.

S'agit-il d'un crime ou d'un simple accident? C'est ce que doit déterminer la Cour d'assises des Alpes-de-Haute-Provence, à Digne-les-Bains. Face à la présidente, ce lundi 13 novembre, Daniel Scaramuzzino est debout, appuyé sur une béquille. L'octogénaire est poursuivi pour avoir volontairement, et de manière préméditée, mortellement percuté un autre octogénaire: Jean Ortega.

Il est aux alentours de 8h15, le 14 juillet 2018, lorsque l'accident se produit sur la RN85, sur le pont qui traverse la Durance, à Volonne. La victime, gravement blessée, présente une fracture du crâne, un traumatisme grave et de nombreuses lésions. Elle succombera quelques heures plus tard à l'hôpital Nord de Marseille.

Son vélo est lui, découvert à 700 mètres du lieu de l'accident. Pour les forces de l'ordre, commence alors une enquête minutieuse. Deux témoins leur indiquent avoir croisé un véhicule de "couleur sombre, avec, coincé sous le pare-chocs, un vélo".

Deux chèques encaissés

Rapidement, les caméras de vidéosurveillance, présentes autour des magasins à la sortie de Château-Arnoux-Saint-Auban, permettent de localiser la victime. Il s'agit donc de Jean Ortega, un habitant de la commune, âgé de 86 ans.

C'est son frère qui permettra d'identifier un suspect grâce au chéquier retrouvé au sein du domicile. Deux chèques avec les talons semblent avoir mystérieusement disparu. De quoi mettre en alerte ses proches.

Il s'avère que les deux chèques, d'un montant total de 5.000 euros, ont été encaissés à quelques jours d'intervalle. À l'origine: Daniel Scaramuzzino, qui avoue les avoir rédigés et signés, avec l'accord de Jean Ortega, dans l'objectif de l'aider à rembourser ses dettes. L'accusé n'est autre que le voisin de la belle-sœur de la victime.

Entendu à de multiples reprises, Daniel Scaramuzzino changera plusieurs fois sa version des faits. Il contestera être à l'origine de l'accident avant de reconnaître avoir percuté "quelque chose".

"Ébloui par le soleil"

Ce lundi 13 novembre, il a maintenu l'une de ses dernières versions, expliquant "avoir vu la victime". Ensemble, ils avaient, selon ses dires, convenu de se "rendre dans une ferme pour acheter des légumes". Daniel Scaramuzzino aurait donc suivi Jean Ortega pendant près de 3.5 km. À un moment donné, il aurait été "ébloui par le soleil" et l'aurait percuté.

Il jure à la barre "ne pas avoir fait attention". "Je ne me rappelle pas bien comment cela s'est passé. Il y a eu un choc. J'ai percuté le vélo. Je m'en suis rendu compte, j'ai eu très peur. J'aurais dû rester là, m'arrêter et porter secours. Je n'étais pas dans un état normal".

Un témoignage sur lequel de nombreux experts se sont depuis penchés. Durant ce premier jour de procès, la personnalité de Daniel Scaramuzzino a été évoquée grâce à une enquête de personnalité réalisée en 2020.

Des dettes financières

Elle décrit notamment un homme au parcours de vie "sans difficulté particulière". Celle d'un homme originaire d'une petite ville du sud de l'Italie. C'est à partir de 1992 que les problèmes vont commencer à voir le jour. De nombreuses dettes financières seront alors contractées par l'accusé et son épouse.

Ce lundi 13 novembre, plusieurs experts ont été amenés à témoigner. Un enquêteur au sein de la brigade de recherche a notamment expliqué avoir pu confirmer que "l'une des pièces en plastique retrouvées sur le lieu de l'accident provient de la voiture" de l'accusé. Il s'agit de "l'enjoliveur du phare antibrouillard droit". Les exploitations des images ont également permis d'identifier le véhicule de Daniel Scaramuzzino sur la route, à 4 secondes seulement d'intervalle, de Jean Ortega. 

La victime a-t-elle changé de direction? S'agit-il d'un meurtre avec préméditation pour éviter que l'on ne découvre une escroquerie? Autant de zones d'ombre que la justice va devoir éclaircir avant de rendre sa décision. Le verdict est attendu mercredi 15 novembre en fin de journée.

Barbaré Tornambé