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Alpes-de-Haute-Provence: les agriculteurs font entendre leur colère à Oraison

Un tracteur a été positionné sur deux roues sur le rond-point en souvenir du "tracteur pooling" organisé par le passé à Oraison.

Un tracteur a été positionné sur deux roues sur le rond-point en souvenir du "tracteur pooling" organisé par le passé à Oraison. - BFM DICI

Les actions des agriculteurs se multiplient pour faire entendre et comprendre leur situation. À Oraison ce lundi 29 janvier, ils ont fait une mise en scène bien particulière qui attire l'œil.

Sur le rond-point de l'entrée de la commune d'Oraison (Alpes-de-Haute-Provence), le tracteur de Michel Signoret est immanquable. Cabré sur deux roues, il attire l'œil, forcément. Cet ancien agriculteur a choisi la même méthode que ses collègues, partout dans le pays.

"Bloquer le péage un ou deux jours, ça va. Mais ici, c'est la plaque tournante! On a donc décidé d'enlever les barrages", explique-t-il ce lundi 29 janvier à BFM DICI.

"Mais ici, sur le rond-point, on est visible et on fait de la communication. Sur l'autoroute, les gens ne peuvent pas nous rencontrer. Ici, ils viennent à notre rencontre."

Sur le rond-point, Virginie et son mari sont eux en train de préparer les poireaux pour la livraison. "On doit continuer à nourrir le pays", expliquent-ils. "Il ne faut pas confondre grève et manifestation, on est toujours au boulot, on honore notre travail, on manifeste pour nos droits, mais on n'abandonne pas nos exploitations."

La crainte d'un changement de statut

Virginie Brun fait part de ses craintes. Il est notamment question d'un changement majeur pour elle, femme d'agriculteur: la disparition du statut de conjointe collaboratrice. "Ce statut a été créé pour défendre et protéger les femmes qui travaillaient sur l'entreprise de leur mari", explique-t-elle.

Il y a 21 ans, elle a fait le choix de ce statut, "car on ne pouvait pas dégager un salaire et les charges pour un salarié".

"Maintenant, soit je paie deux comptabilités en m'installant à mon compte, soit je crée une société sur l'exploitation avec mon mari. Je pourrais même devenir salariée."

Un sentiment de déclassement

Pour Michel Signoret, la lutte est ailleurs. Ce retraité de 71 ans a une belle carrière agricole. Son fils a repris le flambeau, mais il est exaspéré par ses conditions de travail. "On a toujours envie que nos enfants continuent. Mais dans les conditions actuelles, c'est trop dur", confesse-t-il.

"Cela fait 50 ans que j'entends des promesses. J'en ai marre, je suis au bout, on est la seule profession où la vente à perte est autorisée!"

Michel Signoret termine sa journée en accrochant sa banderole intitulée: "L'agriculture coule" sur son tracteur. À Oraison, la mobilisation est loin d'être terminée.

Laurie Charrié avec M.B