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Alpes-de-Haute-Provence: électrohypersensible, il se bat contre les décisions de l'État

Philippe Tribaudeau et sa conjointe dans le campement de Philippe à Entrepierres (04)

Philippe Tribaudeau et sa conjointe dans le campement de Philippe à Entrepierres (04) - BFMDICI

La préfecture des Alpes-de-Haute-Provence refuse de retarder la mise en service d’une antenne mobile à Entrepierres à la demande du collectif de soutien à Philippe Tribaudeau, électro-hypersensible.

Que faire des personnes électro-hypersensible? C’est la question presque sans réponse qui interroge sur la mise en place du plan "new deal mobile" conclu en 2018 pour anéantir toutes les zones blanches et offrir un réseau mobile à tout le monde. À Entreprierres trois nouvelles antennes doivent s’implanter ce qui pourrait mettre en péril le lieu de vie de Philippe Tribaudeau électrohypersensible depuis 2008.

Il est isolé dans un sous-bois d’un lieu-dit de la commune. Un comité de soutien s’est alors créé pour soutenir Philippe dans sa lutte contre les ondes et demander à l’État une vraie reconnaissance. Philippe l’assure: "Je ne suis pas contre ces antennes dont la population a besoin mais dans ce cas, que l’on me reloge" pour que les ondes n’aient pas de conséquence sur sa santé.

La préfète des Alpes-de-Haute-Provence ne retardera pas le projet d’implantation de trois antennes mobiles, néanmoins dans un courrier que BFM DICI a pu consulter, elle assure commander une étude pour s’assurer que le campement est préservé de toutes les onde

Des études qui divisent

Au cœur des échanges entre la préfecture et le comité de soutien de Philippe des études promises et commandées par la préfète Violaine Demaret. Deux d’entre elles ont déjà rendu leurs conclusions et la dernière sera faite après la mise en marche des antennes. "Ces études sont incomplètes s’offusque Philippe après la réception du courrier, elles ne prennent pas en compte la réverbération des ondes" selon lui, source du problème.

La dernière, sera une mesure réelle d’exposition sur le lieu de vie de Philippe, que la préfecture s’engage à la faire réaliser "dans un délai maximum d’un mois à compter de la mise en service des deux premières antennes". "C’est de la torture, clame Philippe lorsque l’on relit le courrier avec lui. Un mois d’attente ça prouve bien qu’ils ne savent vraiment pas de quoi ils parlent" dit-il en évoquant les symptômes que lui provoque la maladie.

Le projet ne sera pas retardé

Si la préfecture dit chercher l’apaisement et la conciliation dans ce dossier, elle tire un trait sur un éventuel "moratoire" sur l’implantation des trois antennes dont les deux premières doivent être fonctionnelles le 1er octobre prochain. Pour les services de l’état ces antennes sont des investissements d’intérêt général et permettront à 224 habitants de sortir d’une "zone blanche".

La préfecture des Alpes-de-Haute-Provence met aussi en avant des raisons sécuritaires: l’amélioration de la couverture téléphonique vise aussi à faciliter l’accès aux secours (pompiers, gendarmerie…). Philippe Tribaudeau , reconnait l’importance des antennes pour la vie quotidienne des habitants mais pas au prix de sa vie et de santé. Il a l’impression que l’État pourtant "seul responsable" selon lui, laisse de côté la vie des EHS (électro-hypersensible). Il appelle la préfecture à l’aider pour trouver un autre logement, sécurisé et adapté à sa situation.

Lieu de vie illégal

Dans son courrier, sans vraiment en faire cas, la préfecture note que le campement de Philippe est sur un terrain dont il n’est pas propriétaire. Ce sont l’ONF et la mairie d’Entrepierres les propriétaires des parcelles sur lesquelles il se trouve.

Violaine Demaret invite le collectif de soutien à "accompagner [Philippe] dans la démarche qui le conduira à résider durablement et légalement dans un lieu sécurisé". La goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Philippe et ses proches qui demandent un rendez-vous avec les services de l’État depuis plusieurs mois. La préfecture des Alpes-de-Haute-Provence n'a pas souhaité nous répondre sur ce sujet.

Loïc Bongeot