BFM Business
Auto

Zones à faibles émissions: faut-il aller encore plus loin dans l'assouplissement?

Le gouvernement permet désormais à de nombreuses villes de "décider de suspendre les prochaines étapes de son calendrier de restrictions". Seulement cinq métropoles doivent continuer à appliquer progressivement les restrictions. Pour le sénateur LR Philippe Tabarot, ce n'est pas suffisant.

Les ZFE partout, c'est terminé. Ce lundi, le gouvernement a dévoilé la nouvelle mouture des Zones à faibles émissions qui cherche à répondre à la grogne grandissante des automobilistes mais aussi de certains élus.

Schématiquement, alors que d'ici 2025, 42 métropoles de plus de 150.000 habitants devaient initialement mettre en place des ZFE (11 les ont déjà instaurées), le gouvernement établit désormais le distinguo entre "deux types de territoires", selon qu'ils respectent ou non les seuils réglementaires de qualité de l'air: les villes "en zone de vigilance" et les "territoires ZFE".

Les premières, où la qualité de l'air s'est améliorée peuvent décider de suspendre les prochaines étapes du calendrier de restrictions prévu par la loi. Seulement cinq métropoles (territoires ZFE) doivent continuer à appliquer progressivement les restrictions à horizon 2025 puisque la qualité de l'air s'est dégradée.

"Une annonce sémantique"

Ce qui est considéré au mieux comme un assouplissement, au pire comme un recul est salué par les associations d'automobilistes, moins par les écologistes. Mais pour certains élus, il fallait aller encore plus loin.

Sur BFMTV, Philippe Tabarot, Sénateur LR des Alpes-Maritimes, auteur d’un rapport sur les ZFE estime que ces annonces "ont été surinterprétées. Rien n'a été décidé hier, la ministre (Christophe Béchu, NDLR) a simplement fait une annonce sémantique, il a rappelé la loi existante. (...) On a renommé certaines ZFE car l'acronyme est péjoratif".

"Le gouvernement pense s'en sortir en changeant le nom des ZFE, il faudra très probablement aller sur le fond, donner des moyens supplémentaires, aider les ménages les plus modestes et surtout bien expliquer les choses et donner du temps" insiste Philippe Tabarot.

L'élu a ainsi déposé une proposition de loi qui ne "vise pas à supprimer ces ZFE mais pour tout simplement se donner du temps pour mieux synchroniser les choses et pour accompagner les Français qui sont en difficulté évidente pour trouver des véhicules moins polluants et pouvoir permettre de les financer".

Repousser la date butoir

Philippe Tabarot demande par ailleurs "une date butoir à 2030" au lieu de 2025 "parce que je ne vois pas comment on pourrait priver de circulation plus d'une dizaine de millions de véhicules et interdire totalement sur les cinq secteurs concernés 3 millions de véhicules de circuler dont 1,5 million en région parisienne".

Et de mettre en avant l'affolement des acteurs de la logistique notamment de Rungis "de savoir que 30% des camions, des livreurs ne pourront plus rentrer à Paris dans un an et demi si la loi ne change pas".

Le sénateur propose dans le même temps un prêt à taux zéro pour l'achat de voitures citadines propres ou Critair 1 "car le marché de l'occasion électrique est insuffisant".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business