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Voitures électriques et hybrides

Voiture électrique: les constructeurs vont avoir du mal à tenir les objectifs européens

Les constructeurs automobiles sont-ils prêts à atteindre les objectifs européens dans l'électrique? Pour respecter les normes de réduction des émissions de C02 de l'UE, il faudrait qu'en 2030 deux voitures vendues sur trois soient électriques. Mais d'après une étude de l'ONG Transport et Environnement, seuls deux constructeurs sur 10 sont prêts à passer ce cap.

Plan industriel inadapté, manque d'investissement... Une majorité de constructeurs ne sera pas prête en 2030 pour atteindre les objectifs de réduction d'émissions de CO2 fixés par l'Union européenne, alerte Transport et Environnement.

Dans une étude dévoilée ce mercredi, l’ONG s’est penchée sur les stratégies annoncées par les constructeurs en matière de véhicules électriques et hybrides et sur les plans industriels qui en découlent. Le résultat est sans appel. Seuls Volvo et Volkswagen ont les capacités industrielles pour tenir les objectifs de production.

Jaguar Land Rover, Daimler et Toyota en queue de peloton

Propriété du chinois Geely, la marque suédoise avait annoncé dès 2017 qu’aucun de ses nouveaux modèles ne disposerait plus d’un seul moteur thermique. Après cette première étape concentrée sur l’hybride, le Suédois a annoncé en début d’année devenir une marque 100% électrique d’ici 2030. Une stratégie aussi adoptée par Alpine, Jaguar ou encore Ford sur le continent européen.

Mais la seule volonté ne suffit pas selon T&E. Les plans industriels de Jaguar Land Rover notamment, Daimler et Toyota ne leur permettent pas de tenir les délais que nécessite le virage électrique.

Des marques françaises qui ne vont pas assez loin

Côté Français, Stellantis et Renault se situent au milieu du classement. S’il faudra prendre en compte la présentation des deux plans stratégiques dédiés à l’électrification de Renault et Stellantis dans les prochaines semaines pour réajuster les données de T&E, pour la directrice France de T&E Diane Strauss, les deux groupes ne vont pas assez loin. Notamment en misant trop sur les hybrides.

"En évitant d'isoler les voitures tout électriques, ils se laissent une très large marge de manoeuvre pour remplir les objectifs affichés également avec des hybrides rechargeables, bien plus polluants qu'annoncé par les normes", regrette-t-elle dans Les Echos.

L'ONG demande un durcissement des règles européennes

Plus largement, pour inverser la tendance, Bruxelles doit durcir ses règles selon elle.

"Pour nous l'important, c'est que l'UE définisse des normes de C02 plus ambitieuses en 2025 et en 2027. Et si c'est le cas et si les constructeurs suivent, ces normes qui seront obligatoires, alors on verra les ventes de véhicules électriques décoller dans les années 2030 et répondre à l'enjeu climatiques", poursuit Diane Strauss.

Avec ce durcissement des règles, Transport et Environnement vise en partie les flottes d'entreprises qui représentent plus de 50% des ventes de véhicules neufs. Mais cette accélération ne pourra se faire sans le soutien des pouvoirs publics auprès des constructeurs pour les aider à adapter leur outil industriel et former les salariés vers les nouveaux métiers liés à l'électrique.

Selon des chiffres mis en avant il y a quelques jours par Schmidt Automotive Research, il s'est cependant déjà vendu plus de voitures électriques en Europe cette année que sur l'ensemble de l'année 2019.

Julien Rizzo et Pauline Ducamp