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Toyota signe un record de production en février malgré les pénuries de composants et l'inflation

Si l’ensemble du secteur automobile éprouve les plus grandes difficultés en ce moment face aux problématiques de chaîne d’approvisionnement, le géant japonais Toyota, lui, survole les difficultés, et signe un record en matière de véhicules produits. Explications.

Toyota a-t-il trouvé la recette magique? Alors que l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Stellantis et ses concurrents japonais peinent à résoudre leurs problèmes de production, la galaxie Toyota (Toyota, Lexus, Dahiatsu et les camion Hino) signe une performance très marquante sur le mois dernier. Jamais le groupe n’aura produit autant de véhicules sur un mois de février au niveau mondial, 884.528 au total le mois dernier, soit une progression de 11% sur un an.

Une performance d’autant plus étonnante qu’elle intervient précisément à un moment critique en matière de conjoncture pour l'industrie automobile. L'ensemble des constructeurs mondiaux est en effet confronté aux pires problèmes de chaîne d’approvisionnement depuis au moins une décennie. Interruption de production pour cause de pénurie de semi-conducteurs ou de batteries, résurgence du Covid en Chine, explosion des coûts sur les matières premières, difficultés d’approvisionnement en pièces mécaniques aussi du fait de la guerre russo-ukrainienne… Aucun constructeur n’est épargné, et on ne compte plus les annonces de fermetures d’usine et de réduction des cadences de production.

Flexibilité de l’outil de production

Les derniers grands groupes automobiles japonais à avoir publié leurs résultats en font tous le constat: sur le même mois de février, la production de Nissan recule ainsi de quasiment 8%. Celle de Subaru, dont Toyota détient 20%, est même en repli de 24%. Seuls Honda et surtout Toyota arrivent à garder le cap.

Inventeur du juste-à-temps, cette méthode de gestion logistique à flux tendu qui pèse aujourd'hui sur les autres grands groupes, Toyota recueille les fruits d’une gestion vraiment optimale de ses stocks. Ce qui lui a permis de surmonter en grande partie la pénurie de semi-conducteurs et d’être un des premiers constructeurs à vraiment en voir le bout.

Le principal ingrédient de ce succès est à mettre au crédit de la rapidité et de la flexibilité de l’outil de production. Toyota avait certaines de ses chaines de production arrêtées en Chine pour cause de Covid en février, alors que d’autres tournaient mais étaient à court de composants électroniques. Toyota s’est donc dépêché de transférer les stocks de puces des sites qui étaient à l’arrêt vers ceux qui tournaient afin d'assurer la production.

Onnaing: pause prévue en avril

Le groupe japonais n’a ainsi déploré que très peu d’interruption de production. Elles ont surtout concerné la marque Toyota en elle-même dans ses usines européennes et américaines, ce qui explique que les chiffres de production de la marque éponyme soient en léger recul sur le mois dernier. Mais toutes les autres marques ont largement compensé.

Les mois à venir ne s’annoncent pas faciles pour autant. Toyota vient d'annoncer, entre autres, qu’il allait mettre en pause une semaine en avril ses équipes de l’usine de Valenciennes/Onaing en France, qui produit les best-sellers mondiaux Yaris et Yaris Cross, avec par la suite une cadence de production qui va rester au ralenti. Mais grâce à sa flexibilité et à l’ensemble de ses mesures, Toyota peut continuer à garder une vraie fluidité de production qu’il est sans doute le seul du secteur à pouvoir assurer à ce niveau.

Antoine Larigaudrie