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Tesla: ces cinq dates clés qui mènent au S&P 500

Le constructeur californien entre ce lundi au S&P 500. Retour sur les dates qui ont fait passer Tesla d’une chimère à une société rentable en image grâce à ses voitures et financièrement grâce aux crédits carbone.

Une revanche pour Elon Musk: Tesla entre ce lundi au S&P 500. Dix-sept ans après sa création, après des années de railleries comme d’adulation, la marque de voiture électrique vaut en capitalisation boursière déjà plus que Fiat-Chrysler, General Motors, Ford, Toyota, Honda et Volkswagen réunis. Pour comprendre comment Tesla s'est imposé comme l’entreprise la plus chère de l’histoire à intégrer le S&P 500 retour sur cinq dates clés, qui résument le parcours tumultueux de ce constructeur atypique et de son propriétaire, le milliardaire Elon Musk.

  • 2012 - la Model S ou l’entrée de Tesla dans le secteur automobile

C’est le premier modèle grand public de Tesla. Si aujourd’hui il ne représente plus qu’une petite part des volumes du constructeur, c’est celui qui a tracé le chemin sur ce qu’incarne la marque aujourd’hui. Une berline électrique avec une autonomie conséquente et ce très grand écran qui a fait prendre plusieurs années (voire des décennies) de retard à ses concurrents niveau infotainment. Dans sa version ultraperformante qui doit arriver fin 2021, baptisée Plaid, la Model S conserve d’ailleurs ce statut de vaisseau amiral avec 840 kilomètres d’autonomie.

La Model S a également introduit l'Autopilot, l'assistant de conduite qui a popularisé la conduite "semi-autonome" et l'accès au réseau de superchargeurs, deux atouts importants de Tesla. Avec ses évolutions, notamment au niveau de la batterie, la berline électrique propose aujourd'hui jusqu'à 652 kilomètres d’autonomie, ce qui reste un record dans l'offre actuelle.

Mais les choses se sont accélérés sur la seconde moitié de la décennie.

  • Février 2019 - La Model 3 réussit son examen de passage en Europe

Si la Model S est le premier modèle grand public, la Model 3 a été le premier modèle de masse. Dévoilée en mars 2016, commandée à 450.000 unités en quelques jours, la berline avait ensuite causé bien des déboires industriels à Elon Musk. Mais elle a permis à Tesla de passer de "façonnier" de l’automobile à une véritable production industrielle de grande série.

Grâce à la Model 3, Tesla a pris l'an dernier la première place des ventes de voitures électriques en Europe, avec 110.000 voitures livrées. La petite berline a ouvert la porte à une gamme complète: le petit SUV Model Y qui arrivera l’an prochain en Europe. Et Elon Musk a même annoncé la possibilité de développer une compacte dédiée au marché européen.

  • Mai 2019 - Tesla vend ses crédits-carbone à Fiat-Chrysler

C’est peut-être le vrai coup de maître financier d’Elon Musk, celui qui assure encore et seulement la rentabilité de Tesla, nécessaire pour intégrer le S&P 500. Fiat-Chrysler rachète alors les crédits du californien aux Etats-Unis, puis en Europe pour pallier son manque de technologies antipollution performantes. Cette manne financière, évaluée l’an dernier par le cabinet JATO à 3,5 milliards d’euros versés en 2021 (2021?) à Tesla précisait Les Echos (sans compter les versements de Honda qui a acquis cette année sa part de droits à polluer).

C’est grâce à la vente de ces crédits carbone que Tesla est devenu rentable, et donc qu’il est accueilli aujourd’hui dans le S&P 500. Fin octobre, Tesla enregistrait ainsi un cinquième bénéfice consécutif, avec un chiffre d’affaires en hausse de 39% sur un an. Un record, boosté par des ventes des crédits carbone multipliées par trois. Une manne que les analystes craignent de voir se tarir dans le temps.

"Les crédits réglementaires expliquent en grande partie pourquoi Tesla a dépassé les attentes du marché, déclarait alors l'analyste Ben Kallo de Robert W. Baird, rapporte Tradingsat. Mais cela fait partie du jeu: les concurrents de Tesla les paient, et Tesla réinvestit cela dans ses usines à Berlin et au Texas".

  • 22 novembre 2019 - Le Cybertruck se dévoile

Avec sa carrosserie à angle droit, tout juste l’imagine-t-on dans un film de science-fiction. Mais avec 650.000 commandes présumées, une concurrence en ordre de marche de General Motors avec Rivian au Hummer électrique, le Cybertruck s’est imposé comme l’un des chemins possibles pour l’automobile du XXIe siècle.

Il consacre surtout l’une des caractéristiques de Tesla: repenser à chaque fois le véhicule de zéro.

Elon Musk l’explique: quand Tesla crée une nouvelle voiture, la marque repart de zéro. Tesla repart de ce que veut le client dans une voiture, un GPS qui fonctionne par exemple ou de l’autonomie, il n’est pas dans la logique des constructeurs automobiles: améliorer un modèle qui existe déjà", nous expliquait il y a quelques semaines Michael Valentin, auteur de Le modèle Tesla, du Toyotisme au Teslisme.

Le Cybertruck marque aussi cette capacité d’Elon Musk de réaliser ses visions, même les plus folles. Cette caractéristique se retrouve aussi dans le développement de SpaceX dans le spatial.

  • 30 décembre 2019 - Tesla ouvre sa Gigafactory chinoise

Tesla ne repose plus seulement sur de la communication et une gestion habile en bourse. Fin 2019, le constructeur a lancé la production dans son usine de Shanghai (Chine) se mettant ainsi à l’abri de la guerre commerciale menée par Donal Trump contre le pays.

"Tesla sort renforcé de son arrivée en Chine, nous précisait au début du mois Michaël Valentin. En un an et demi, Elon Musk a réussi à monter une usine et sortir des voitures quand les constructeurs classiques ont eu du mal à se faire une place sur ce marché".

Tesla construit également une usine en Europe, près de Berlin (Allemagne), qui doit produire à terme 500.000 voitures (soit 35% de plus que les ventes annuelles du constructeur en 2019) et une autre aux Etats-Unis, au Texas, est également en projet.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web