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Siphonnage de carburant: les centres antipoison alertent sur une recrudescence d'intoxications

Marqué par de nombreuses situations de rupture dans les stations-essence françaises, le mois d'octobre a été l'occasion d'une hausse des vols de carburant par siphonnage. Un phénomène qui a généré une multiplication des cas d'intoxications.

Alors qu'octobre touche à sa fin, l'image marquante du mois écoulé aura définitivement été les longues files d'attente aux abords des stations-essence. En raison d'un vaste mouvement social dans les raffineries et dépôts de carburant des pétroliers Esso-ExxonMobil et TotalEnergies, jusqu'à une station-service sur trois a été en rupture d'au moins un carburant au plus fort de la crise qui s'est étalée sur plusieurs semaines. Si la grève se poursuit sur les sites TotalEnergies de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) et de Feyzin (Rhône), elle semble toucher à sa fin après qu'un accord ait été trouvé entre les syndicats majoritaires et la direction de l'entreprise il y a de cela plusieurs jours.

Aujourd'hui, à peine plus de 10% des sites manquent d'essence ou de gazole avec des disparités selon les régions. Mais il reste quelques signaux rappelant l'ampleur de la pénurie d'approvisionnement des stations-service qui a notamment eu pour conséquence une recrudescence des vols de carburant. Sur le mois d'octobre, les centres antipoison ont ainsi enregistré plus de cinq fois plus d’intoxications par siphonnage de carburants pétroliers que le nombre habituellement rapporté. Des voleurs de carburant ou tout simplement des automobilistes qui voulaient transférer le précieux liquide d'un véhicule à un autre.

Ne pas se faire vomir et ne pas boire

Pour rappel, le siphonnage est une pratique qui consiste à puiser dans le réservoir d'un véhicule en générant un mouvement d'aspiration grâce à la bouche à l'aide d'un tuyau. Il est alors possible de transférer le contenu du réservoir vers un jerrican. Cependant, cette aspiration préalable, d'à peine quelques secondes, suffit à ingérer une petite quantité de carburant, ce qui peut aboutir à une intoxication. Sans surprise, la plupart des cas ont été recensés au plus fort de la crise, entre les 9 et 18 octobre, avec des carburants qui provenaient aussi bien de véhicules routiers que d'engins agricoles ou encore de matériels de jardinage comme les tondeuses.

Plusieurs symptômes, relativement graves, peuvent apparaître en cas d'intoxication comme l'explique l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses) sur son site :

"L’apparition de fièvre ou de toux prolongée quelques heures après l'ingestion sont les premiers signes d’une éventuelle pneumopathie d’inhalation. Certains patients ont présenté des troubles respiratoires nécessitant une consultation aux urgences, voire une hospitalisation. Les personnes intoxiquées présentaient également des symptômes digestifs tels que des reflux gastriques, des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements, mais aussi des signes neurologiques comme des maux de tête, somnolence et vertiges."

Dans cette situation, l'Anses et les centres antipoison délivrent plusieurs conseils pour ne pas l'aggraver. Il est tout d'abord déconseillé de se faire vomir afin "d'éviter le passage de carburant dans les bronches puis les poumons" et également de boire car cela pourrait entraîner des vomissements. Il faut ainsi préférer un simple rincage de bouche et un lavage des mains en cas de contact cutané. Enfin, la conduite automobile ou l'utilisation de machine-outils est strictement interdite, la vigilance pouvant être altérée.

Timothée Talbi