BFM Business
Auto

Renault enclenche la phase 2 de sa stratégie électrique

Le groupe français a dévoilé ce jeudi la Mégane eVision, un concept de son futur modèle électrique, et la version de série de la Dacia Spring. De quoi se doter d’une gamme de voitures électriques, au-delà de la seule Zoé.

Un peu plus de 100 jours après avoir pris les rênes de Renault, Luca de Meo imprime sa patte. Dans un évènement près de Paris, sur scène mais dans le respect des désormais classiques gestes barrière, le directeur général de Renault a dévoilé la Dacia Spring et le concept Mégane eVision, deux modèles qui vont permettre au groupe d’étoffer sa gamme électrique. Et de produire durablement en France des véhicules zéro émission.

350.000 véhicules électriques Renault circulent aujourd'hui dans le monde, et nous avons les produits, les projets, les technologies et les savoir-faire pour faire la course en tête", a clairement affirmé Luca de Meo.

La Mégane eVision ouvre un nouveau champ des possibles

A côté de la Zoé, best-seller français commercialisée depuis 2012 et régulièrement renouvelée, le groupe disposera en 2021 de la nouvelle Twingo électrique, de sa rivale low-cost la Dacia Spring et puis en 2022 d’un modèle supplémentaire, capable de faire face à Volkswagen et son ID.3, la Mégane eVision.

Depuis trois ans, au moment où il aurait fallu étoffer cette stratégie électrique, Renault a perdu du temps entre ses problèmes de management et le travail sur l’hybride, là où la concurrence essaie de construire une gamme électrique complète, le groupe français n’a que la Zoé", résume Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux.

Un constat que Luca de Meo a lui-même reconnu au micro de BFM Business, mais auquel il compte désormais bien remédier. "Il y a quelques années, nous avons fait une pause en termes de développement produits mais là on réaccélère et nous avons toute la légitimité pour avoir un rôle de leader dans cette transition énergétique", nous a confié le nouveau directeur général de Renault.

Pour parvenir à son objectif annoncé hier, faire de Renault une société neutre en carbone en 2050, la marque se base sur de nouvelles technologies, incarnées par la Mégane e-Vision. La berline un peu haute sur pattes repose sur une toute nouvelle plateforme électrique. Son développement a été assuré sous le pilotage de Nissan, au Japon, avec des ingénieurs de Renault présents sur place.

C’est un outil sur lequel on va construire un certain nombre de voitures électriques dans le futur", nous confiait il y a quelques semaines Gilles Le Borgne, directeur de l’ingénierie du Groupe Renault.

Sur cette plateforme, Renault compte en effet construire toute une gamme.

Nous savons faire des voitures équivalentes en taille à une compacte (segment B) jusqu’à une grande berline (segment D) sur cette plateforme, poursuivait Gilles Le Borgne. C’est un couteau suisse, étudiée pour faire des véhicules électriques. C’est un aspect important, avec un niveau de rendement d’architecture excellent".
A gauche la future Mégane e-Vision et à droite, la Dacia Spring.
A gauche la future Mégane e-Vision et à droite, la Dacia Spring. © Pauline Ducamp

Mécano industriel nordiste à construire

Et une partie de ces nouveaux véhicules, dont la Mégane eVision, seront produits en France. Plus précisément dans le nouveau pôle d’excellence bâti autour du site de Douai (Nord).

L’arrivée de ce nouveau modèle semble dessiner une première étape du nouveau mécano industriel nordiste, tourné vers le zéro émission. Et si les batteries de la Mégane eVision de série viendront d'une usine LG basée en Pologne, Renault avait annoncé en mai rejoindre l’Airbus des batteries, lui aussi basé dans le Nord.

La présentation de ce nouveau véhicule est rassurante, car tous les acteurs vont vers l’électrique, et cette stratégie va passer par ce pôle nordiste, se félicite un représentant des salariés. La question qui se pose: comment faire dans les quatre prochaines années pour atteindre sur place les volumes électriques souhaités? Comment faire passer ce cap à Douai?" Si elle a produit moins de 100.000 véhicules l’an dernier, ce site a pu par le passé en produire jusqu’à 3 fois plus.

Les premiers véhicules de pré-séries sont en cours de validation au Technocentre de Guyancourt (Yvelines). La phase industrielle s’ouvrira en début d’année pour une production à l’automne 2021 et une commercialisation de ce nouveau modèle début 2022. L’organisation industrielle n’est pas encore définie, beaucoup de salariés s’inquiètent en interne d’une possible fermeture du site de Maubeuge. Luca de Meo semble cependant "dans l’échange" sur ce sujet, souligne-t-on en interne.

"Les gens demandent des voitures électriques abordables"

Le show de ce jeudi baptisée "e-Ways" colle en effet à la stratégie anticipée par le nouveau patron dans son "Mémo Renaulution" en septembre dernier. Clairement lors de la conférence de presse, son discours se plaçait dans la continuité de ce document de 18 pages, diffusé en interne et base certaine du futur plan stratégique.

"Ma vision pour la France est la suivante: il faut nous reconnecter à notre territoire, y écrit Luca De Meo. […] Un autre projet serait de créer un pôle d’excellence électrique dans le Nord de la France. Ce pôle serait une plateforme compétitive notamment pour les véhicules purs électriques".

Et cette reconnexion doit amener au développement "d’une gamme de véhicules électriques emblématiques, rentables, à un prix d’entrée de moins de 20.000 euros, produits en France", comme l'écrit Luca De Meo dans Renaulution. En interne, ce projet de véhicule semble bien sur la table.

Les gens demandent des voitures électriques abordables, la solution ne se fait pas comme ça, mais nous sommes en train d'y travailler, nous motivons les équipes pour y arriver, nous résume Luca De Meo. Vous savez, la vie est faite de challenges et de défis. Nous avons pris ce défi et nous allons voir si nous sommes capables de trouver une solution à une équation qui est plutôt difficile".
Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web