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Relocalisation de l'électrique: Tavares dénonce une "brutalité", Le Maire l'appelle à "relever le défi"

Bruno Le Maire, qui souhaiterait que Stellantis relocalise sa production de petits véhicules électriques, appelle les industriels à faire preuve de "patriotisme économique".

La relocalisation de la production de véhicules électriques a donné lieu à une passe d'armes par médias interposés mercredi. Après que Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a dénoncé une "brutalité" dans Le Figaro, Bruno Le Maire a demandé au patron du constructeur tricolore de "relever ce défi de construire des petits véhicules comme la e-208 en France".

"Je souhaite que les industriels fassent preuve d'un peu de patriotisme économique", a ajouté le ministre de l'Économie, invité de RMC et BFMTV.

"Le tapis rouge" déroulé aux constructeurs chinois

Dans un entretien au Figaro publié mercredi, Carlos Tavares a notamment critiqué l'urgence avec laquelle le gouvernement demande aux constructeurs d'accélérer dans la production de véhicules électriques. "L’industrie doit passer d’une technologie qui a été optimisée, affûtée, pendant plus d’un siècle à une technologie encore balbutiante. (…) la technologie n’est pas aboutie. Rien n’est optimisé", souligne le patron de Stellantis.

"Cela, c’est la réalité face à laquelle nous devons être lucides. Mais c’est une réalité que tous les décideurs n’ont pas eu l’opportunité de voir", tance-t-il.

Carlos Tavares a également souligné l'avantage donné aux constructeurs chinois pendant de nombreuses années.

"L’Europe a calé sa réglementation sur ce qui est précisément le point de force des constructeurs chinois. Ils arrivent donc en Europe avec des atouts et de l’ambition. (…) Nous leur avons même déroulé le tapis rouge", regrette-t-il.

Stellantis va produire en France ses véhicules électriques haut de gamme "à haute valeur ajoutée". Mais c'est sur la production de plus petits véhicules, comme la e-208, que le gouvernement fait pression. Sauf que "la structure de coûts du monde occidental est parfaitement inadaptée pour se mesurer avec celle des constructeurs chinois", estime le patron de Stellantis, évoquant des "coûts inférieurs de 20% à 25%".

Le Maire cite Renault en exemple et défie Stellantis

Carlos Tavares redoute ainsi l'impact d'une telle relocalisation sur les coûts de production et in fine sur les consommateurs. D'autant que l'avenir de l'électrique se joue en partie sur son attractivité pour les classes moyennes. "C’est sur le prix de vente que la réussite de cette transition se fera. Or, la relocalisation augmente les coûts. Cela nous éloigne donc de l’objectif", a-t-il argumenté.

"Je partage le constat sur le fait que l'Europe a pris cinq à dix de retard sur les véhicules électriques", a répondu Bruno Le Maire sur RMC et BFMTV.

Mais le ministre souhaite que la France rattrape son retard comme elle l'a fait sur les batteries électriques. Il invite donc Stellantis à produire "peut-être pas intégralement mais pourquoi pas une partie" de la e-208 en France. "Je sais que Carlos Tavares est un homme de défis et qu'il les a relevés brillamment dans sa carrière industrielle", a applaudi Bruno Le Maire, avant de piquer le patron de Stellantis:

"Ce que je constate, c'est que Luca de Meo, chez Renault, construit un petit véhicule, la R5 électrique, à Douai (…) Donc le défi peut être relevé."

Et le ministre de l'Économie de conclure en rappelant que la France a de grandes ambitions sur le créneau de l'électrique: "Grâce à l'action du Président de la République et du gouvernement, on va ouvrir quatre gigafactory produisant des batteries électriques sur le sol français."

Nina Le Clerre