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Pour le patron de Bosch, l'Europe mise trop sur le véhicule électrique

Volkmar Denner, PDG de Bosch.

Volkmar Denner, PDG de Bosch. - Bosch

Pour réduire la pollution automobile, l'Europe mise trop sur la voiture électrique à batterie, au détriment de l'hydrogène ou d'autres alternatives aux carburants traditionnels, affirme le PDG de Bosch, premier équipementier automobile européen.

Et si l'Europe misait trop sur la voiture électrique à batterie? Alors que la Commission européenne envisage d'interdire les ventes de voitures à moteur thermique en 2035, mais que la France viserait plutôt 2040, le patron de Bosch se montre critique sur la stratégie adoptée pour lutter contre la pollution automobile.

Mettre fin aux carburants fossiles, mais pas au moteur thermique

Selon Volkmar Denner, pour agir en faveur du climat et de la qualité de l'air, il ne faut pas mettre fin au moteur thermique, mais plutôt aux carburants fossiles en privilégiant les "carburants renouvelables", explique-t-il dans les colonnes du Financial Times.

Plusieurs pistes se dessinent pour en effet permettre aux moteurs thermiques de tourner avec des biocarburants ou de l'essence synthétique. Fin mars, Porsche et la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil avaient par exemple annoncé le test d'un biocarburant à faible teneur en carbone, mais aussi des "eFuels", carburants synthétiques fabriqués à partir d'hydrogène et de CO2 capturé.

La future norme Euro 7, qui fixera les nouvelles exigences, est actuellement en cours de négociation, mais elle condamnerait de facto le moteur thermique avec des niveaux d'émission de CO2 trop contraignants pour cette technologie.

Pour le patron de Bosch, cela reflète une vision trop court-termiste et qui évite de parler des conséquences de la fin du moteur thermique en termes d'emplois. En France, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a justement annoncé en début de semaine une série de mesures pour faire rimer électrification et relocalisation, mais ces enjeux importants inquiètent fortement les syndicats.

Lorsque Kennedy a annoncé l'objectif ambitieux d'envoyer un homme sur la lune, il a laissé aux ingénieurs le soin de décider comment y parvenir. La Commission européenne prend le risque de faire l'inverse. Avec leur politique, qui équivaut en fait à un monopole technologique (de la voiture électrique à batterie, ndlr), l'atterrissage sur la lune n'aurait pas réussi. Des solutions potentielles pour l'action climatique sont actuellement écartées", regrette Volkmar Denner.

Un "monopole technologique" de l'électrique pour atteindre les objectifs antipollution en Europe qui rappelle l'importance accordée au Diesel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une motorisation Diesel qui bénéficiait encore il y a une dizaine d'années d'aides à l'achat en France, avant d'être depuis clouée au pilori depuis le scandale Volkswagen aux Etats-Unis.

L'hydrogène, l'autre piste du futur de la mobilité

Le 22 avril dernier, lors de sa conférence annuelle, Bosch avait annoncé investir un milliard d'euros dans l'hydrogène entre 2021 et 2024. "Sans hydrogène, l'Europe n'atteindra pas la neutralité climatique", avait alors insisté Volkmar Denner.

Un investissement qui ne concerne pas uniquement l'automobile, "avec 600 millions d'euros dans les batteries à combustible mobiles pour véhicules", en particulier des camions, "et 400 millions dans la fabrication de "mini réacteurs" fixes, qui pourraient fournir de l'électricité en ville ou pour des usines", résume l'AFP.

Bosch prévoit que le marché de "l'hydrogène vert" devrait atteindre 40 milliards d'euros d'ici 2030, avec une croissance annuelle de 65%. L'équipementier allemand, qui a déjà investi 5 milliards d'euros dans la voiture électrique (à batterie), estime que le chiffre d'affaires lié à cette activité va être multiplié par cinq d'ici à 2025 et devenir profitable en 2024.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto