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Pollution, sécurité routière, radars... Ce qu'il faut attendre de la généralisation des 30 km/h en ville

Alors que Paris vient de généraliser la limitation à 30 km/h, retour sur les conséquences attendues d'une telle mesure: une ville plus apaisée pour ses défenseurs alors que certains parlent d'une étonnante hausse de la pollution qu'elle pourrait engendrer.

Depuis ce lundi 30 août à Paris intra-muros (Bois de Boulogne et Vincennes compris), le 30 km/h devient la règle. Toutefois, certains axes parmi les plus fréquentés conservent une limitation de vitesse à 50 km/h.

Le 30 km/h est généralisé à Paris depuis le 30 août 2021, certains axes restent à 50 km/h, le périphérique à 70 km/h.
Le 30 km/h est généralisé à Paris depuis le 30 août 2021, certains axes restent à 50 km/h, le périphérique à 70 km/h. © BFMTV

Enfin, le périphérique parisien reste à sa limite de 70 km/h, abaissée de 10 km/h en 2014, et en attendant un potentiel passage à 50 km/h encore en débat.

• D'autres villes françaises à 30

Paris n'est pas la première ville à généraliser le 30 km/h: l'agglomération grenobloise y est passé en 2016.

Lille a de son côté généralisé le 30 km/h en 2019. Pour l'anecdote, la ville avait instauré la première "zone 30" en 1983, rappelait BFM Lille ce lundi.

Parmi les grandes villes de France qui ont déjà généralisé le 30 km/h, on peut également citer Nantes et Rennes, en 2020, ou encore Montpellier et Niort, cette année.

Sur ce même modèle, Lyon devrait généraliser la limitation à 30 km/h en 2022. Le vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives, Fabien Bagnon, l'a confirmé dans la Tribune de Lyon, précisant que "la date sera annoncée avant la fin d’année".

• Pollution: un bilan positif à attendre

C'est de manière surprenante une information qui a beaucoup circulé la semaine dernière: une étude du Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement et la mobilité) a été reprise par de nombreux médias pour affirmer qu'on polluerait davantage à 30 km/h qu'à 50 km/h.

Pourtant la baisse de vitesse moyenne et donc des accélérations potentielles (et aussi indirectement la baisse des émissions liées au freinage ou à l'abrasion des pneus) laissent peu de doutes à une conclusion simple: la pollution générée par les véhicules doit baisser au global avec la généralisation du 30 km/h, comme l'a souligné Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité et qualité de l'air à l'Ademe (Agence de la transition écologique), repris dans la chronique de Benoît Gallerey sur BFMTV.

Mais pourquoi tant de médias sont tombés dans le panneau? "Tout en nuances, elle (l'étude du Cerema) montre qu'une voiture prise isolément peut polluer plus à 30 km/h mais globalement, ce qui pollue ce sont les accélérations", résume France Inter, qui a interrogé Benoît Hiron, responsable de la sécurité des déplacement au Cerema.

• Bruits, sécurité routière: une ville plus tranquille

Au-delà de la simple vitesse, l'idée du passage généralisé à 30 km/h vise surtout à apaiser la ville. Cela commence par le bruit: à Londres le niveau sonore aurait ainsi baissé entre 2 et 4 décibels depuis le passage à 30, indique Benoît Gallerey.

Un billet du Cerema de 2016 évoque de son côté l'exemple de Zurich, en Suisse: "Cette réduction de vitesse a permis de diminuer le niveau sonore de 2,4 à 4,5 dB la nuit (et de 2,4 à 3,3 dB le jour) - un résultat qui équivaut à une réduction de moitié du bruit lié au trafic".

Une amélioration est aussi prévue en termes de sécurité routière: pour rappel, la vitesse moyenne de freinage est de 27 mètres à 50 km/h et de 13,5 mètres à 30 km/h, soit une division par deux. Les conséquences d'un choc et la probabilité d'un accident mortel sont ainsi réduites dans les zones 30.

• Radars: des flashs à tout-va?

C'est la grande question que pose ce passage à 30 km/h: à partir de quand les automobilistes vont-ils être verbalisés lorsqu'ils roulent à une vitesse supérieure à la "nouvelle" limitation. Pas vraiment nouvelle, en effet, puisque 60% des axes de la capitale étaient déjà limités à 30 km/h.

C'est le cas de la rue de Maubeuge, avec un radar qui flashe déjà au-dessus de 30 km/h depuis 2007, expliquait ce lundi Cédric Faiche, reporter pour Première Edition sur BFMTV. Un radar qui flashe toutefois l'avant des véhicules, ce qui permet aux deux roues motorisés (et donc porteurs de plaques d'immatriculation uniquement à l'arrière) d'échapper à la sanction.

Hormis ce radar, tous les autres de la capitale (voir notre carte ci-dessous) flashaient jusqu'ici à partir de 50 km/h ou sanctionnait uniquement le non-respect d'un feu rouge.

Concernant le passage à 30, le maire adjoint de Paris David Belliard avait évoqué "une petite période d’adaptation" mais nous n'avons pas reçu de réponse sur la date prévue de ce "recalibrage" des radars.

La délégation à la sécurité routière, qui dépend du ministère de l'Intérieur, nous a précisé que les radars situés dans des axes désormais limités à 30 devaient être recalibrés, si ce n'était pas déjà fait. Sur notre carte, nous avons donc figuré les radars concernés avec une limitation à 30. Les radars restant sur des axes toujours à 50 ne sont logiquement pas modifiés.

En revanche et selon le blog radar-auto, deux autres cabines auraient pu passer à 30 à court terme mais ne sont toujours pas remises des dégradations survenues lors de manifestations de gilets jaunes: les radars situés quai de l'Hôtel de Ville et sur le quai de l'Hôtel de Ville et sur le Cours Albert Ier.

Sur notre carte, nous avons aussi fait figurer les radars feu rouge car ces derniers pourraient prochainement être remplacés par des radars multifonctions, sanctionnant donc aussi la vitesse. Une version urbaine des radars tourelles a récemment commencé à être expérimentée dans le Doubs et pourra sanctionner à terme, et en plus de la vitesse et des franchissements des feux, une série d'infractions comme le téléphone au volant ou le non-port de la ceinture de sécurité.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto