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Nouveaux modèles automobiles

Delage veut (de nouveau) se faire un nom sur le marché du grand luxe automobile

La mythique marque de luxe française a présenté cette semaine une version proche de la série de son nouveau modèle, la D12. Sur ce segment de l'ultra-luxe, Delage a déjà enregistré plusieurs commandes.

Bugatti est en passe de retrouver l’un de ses meilleurs compétiteurs. La mythique Delage fait de nouveau résonner son nom dans les grands évènements automobiles. Ce week-end à Goodwood (Grande-Bretagne), lors du Festival of Speed, quatre jours de célébration de la beauté et de la sportivité automobiles, la marque a dévoilé son tout dernier modèle, la D12.

Comme une Formule 1 homologuée pour la route

Ce modèle est le premier lancé depuis l’arrêt de la production automobile par Delage en 1953, et se nomme la D12. Exclusif – 30 exemplaires seulement seront produits- et sportif – la vitesse de pointe frise les 360km/h- la D12 se positionne dans le segment des hypercars, à l’instar des Bugatti Chiron, Pagani Hyuara ou encore Koenigsegg Gemera. Avec une philosophie particulière: approcher les sensations ressenties au volant d’une Formule 1 dans un modèle homologué pour la route. Le rêve vaudra la bagatelle de 2 millions d’euros hors taxes l’exemplaire.

Cette renaissance a été voulu par Laurent Tapie. Passionné d’automobiles et de sport auto, le fils de Bernard Tapie a su réunir autour de lui des investisseurs, de grands noms comme Xavier Niel ou François Pinault jusqu'à des patrons de PME passionnés comme lui.

"Bugatti a été très bien relancée par Volkswagen il y a 20 ans. Delage méritait cette même chance, nous confie sur son stand à Goodwood Laurent Tapie, entre deux discussions avec des collectionneurs. On a réuni une équipe de techniciens et d'investisseurs, très essentiellement français, c'est la grosse différence avec Bugatti. On a un groupe assez disparate. C'est une levée de fonds que j'ai faite il y a deux ans, avant j'avais tout fait sur fonds propres."

Trois ans et demi après le début du projet, Laurent Tapie enregistre actuellement les premières commandes pour sa D12, dont un acheteur français et plusieurs américains. Il attend ainsi ce samedi un client collectionneur qui viendra à Goodwood signé son bon de commande, à côté de l’exemplaire 000 de la D12 exposée. Et la couleur bleu de France de la voiture au nez rappelant la Formule 1 n’est pas un hasard: cette voiture est avant tout une voiture française.

Un modèle made in France

Tout le développement est réalisé à Magny-Cours (Nièvre), au technopôle qui jouxte l’ancien circuit de Formule 1, par Benoit Bagur, le directeur technique. Si Delage s’appuie sur des noms connus, comme Exagon Motors, pour le développement, du nez au diffuseur arrière, "tout est fait maison", résume Benoit Bagur. Même le moteur V12 atmosphérique a été conçue en interne (rares sont les fabricants de nos jours pour ce genre de motorisation).

L’ingénieur est parti des dessins réalisés par Laurent Tapie et du savoir-faire très pointu en sport auto d’une petite équipe de spécialistes pour concevoir cette D12. Le champion du monde Formule 1 Jacques Villeneuve doit réaliser la mise au point et le comportement sur circuit du modèle. Car le but est aussi de battre des records de vitesse avec ce modèle qui atteint les 1100 chevaux. Dans l’habitacle, tout sera sur mesure, du baquet, du volant, des pédales moulés et installés selon la morphologie du pilote aux matériaux et coloris de l’intérieur.

Premières livraisons fin 2023

Le calendrier est très serré. "On a commencé le projet en janvier 2019, le premier prototype a roulé au mois de mai de cette année, nous explique Benoit Bagur. Ici on est allés assez loin pour gagner du temps après sur le prototype pour qu'il soit le plus près possible de la voiture finale". La production débutera elle au premier trimestre 2023 avant des premières livraisons en fin d’année.

Delage ne communique aucun chiffre mais le coût de développement du modèle est un nombre à deux chiffres, sans même compter le marketing, la participation à des évènements comme le concours d'élégance de Pebble Beach aux Etats-Unis. Pour Laurent Tapie, le marché se partagera entre l'Europe, les Etats-Unis et le reste des pays.

Un deuxième modèle se trouve déjà dans les cartons, moins radical, avec deux places côte à côte et non l’un derrière l’autre comme sur la D12. Autre innovation: ce second modèle devrait être hybride.

Pauline Ducamp, à Goodwood