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Nouveaux modèles automobiles

Avec le Jogger, Dacia s'éloigne encore un peu plus du low-cost

Dacia vient de dévoiler son Jogger, une familiale qui peut embarquer jusqu’à sept passagers. La marque low-cost du groupe Renault compte étoffer sa gamme avec de plus grands modèles, avant l’arrivée d’un 4x4 en 2025.

Après l’arrêt du break Logan MCV et celui programmé du monospace Lodgy, Dacia restructure son offre dédiée aux familles. Le constructeur roumain du groupe Renault a dévoilé ce vendredi le Jogger, mi break mi SUV, un modèle qui permet à Dacia se positionner officiellement sur le segment C, celui des modèles de taille moyenne. Avec 4,54 mètres de long (soit autant qu’un BMW X3 ou qu’un DS7 Crossback), le Jogger devient ainsi le plus grand modèle de la gamme. Il incarne surtout une nouvelle étape dans la stratégie de Dacia, dévoilée en début d’année dans le cadre du plan "Renaulution".

L'hybride électrique arrive chez Dacia

La marque roumaine n’abandonne pas son ADN de vendeur de voitures accessibles mais veut s’éloigner de l’image du low-cost. Ecran tactile, aides à la conduite, motorisation hybride électrique (une première chez Dacia après l'hybride essence-GPL proposée sur la dernière Sandero), le Jogger n’a pas à rougir face aux marques généralistes. Mais avec un prix de départ à 15.000 euros pour un modèle 7 places, la facture est a minima divisée par deux par rapport à un modèle équivalent chez un constructeur "mainstream". Le modèle de conception Dacia, bien loin de la recette de la toute première Logan (à partir de 7500 euros à son lancement en France en 2005), a évolué pour parvenir à ce grand écart. Et tend à confirmer que Dacia n’est pas uniquement ici dans le marketing.

Des organes de l'Alliance

Obligé de respecter les dernières normes environnementales, le constructeur roumain ne peut plus se contenter de reprendre les moteurs de la génération précédente, sous peine de ne pas respecter les normes antipollution. La marque pioche donc désormais dans les organes de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Le Jogger se base ainsi sur la plateforme CMF-B, une plateforme de l’Alliance utilisée notamment pour les Renault Clio et Captur. Ce partage se retrouve aussi sur de plus petites pièces: les commandes de climatisation du Jogger sont par exemple les mêmes que sur les Clio ou Captur.

Dacia pioche aussi dans son propre portefeuille d’organes. La face avant du Jogger et sa planche de bord sont ceux de la dernière Sandero. La banquette arrière est celle du monospace Lodgy. Une mutualisation qui doit faire baisser les prix. "Nous faisons des volumes, nous confie David Durand, directeur du design. Nous avons donc du poids dans l’entreprise, mais aussi avec nos fournisseurs pour négocier".

Pour réellement contenir les coûts, Dacia n’a cependant pas jeté toutes ses vieilles recettes et mise notamment sur le "design to cost".

"Nous ne mettons par exemple jamais de feux arrière sur la porte arrière, car cela suppose une longueur de câblage multipliée par deux, une ampoule et une vitre supplémentaires, cela entraîne des surcoûts", poursuit David Durand.

Des prix un peu plus élevés mais toujours contenus face à la concurrence

Résultat, malgré la présence de motorisations dernière génération ou d’aides à la conduite, les prix du Jogger débuteront autour de 15.000 euros. C’est certes plus cher qu’une Logan MCV (le break Logan) dont les prix débutaient à 9250 euros. Un surcoût qui équivaut au prix de la dépollution, glisse-t-on chez Renault. La même échelle de prix se retrouve en effet sur le dernier Duster et dans une moindre mesure sur la nouvelle Sandero.

Ce prix un peu plus élevé devrait passer auprès des consommateurs car il porte sur un modèle plus grand que la petite Sandero. Dacia arrive en effet sur ce segment très prisé actuellement des constructeurs, celui des compactes, aussi appelé "segment C". Comme les véhicules sont plus grands, les clients sont en effet prêts à mettre plus d’argent. Tous les constructeurs l’ont bien compris, de DS à Renault en passant par Opel, tous proposent actuellement de nouveaux modèles susceptibles de réaliser des marges plus élevées.

Deuxième segment le plus vendu en Europe, le segment C est en pleine révolution ces dernières années avec l’arrivée des SUV compacts à côté des berlines plus classiques comme les Peugeot 308 ou la VW Golf, reine de la catégorie devant la Skoda Octavia selon CarSalesBase.

A l’horizon 2025, Dacia prévoit que ce segment représentera 38,8% du marché européen, contre seulement 25,1% pour le segment B. Après le Jogger, Dacia lancera à cette date un 4x4, préfiguré en début d’année par le concept Bigster. De quoi y gagner encore des parts de marché.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web