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Mobilités

Dernier tour de roue pour le Segway

Lancé en 2001, précurseur des nouvelles mobilités, le gyropode de Segway ne sera plus produit à partir du 15 juillet, annoncé mardi 23 juin le propriétaire de la marque, le Chinois Ninebot.

Lancé en 2001, précurseur des nouvelles mobilités, le gyropode de Segway ne sera plus produit à partir du 15 juillet, annoncé mardi 23 juin le propriétaire de la marque, le Chinois Ninebot. - GABRIEL BOUYS / AFP

Le 15 juillet, la production de cet ancêtre des trottinettes électriques s’arrêtera. Véhicule précurseur des nouveaux engins de mobilité, le Segway n’a cependant jamais trouvé son public.

A côté de la trottinette électrique, il fait figure de dinosaure. Et comme les grands reptiles, il va bientôt disparaître. Le spécialiste de la mobilité urbaine Ninebot a annoncé ce 23 juin la fin de la production du Segway dans son usine de Bedford, dans le New Hampshire aux Etats-Unis. L’arrêt interviendra le 15 juillet, 21 salariés travaillent sur le site.

Bide commercial, innovation technique

Avec 140.000 véhicules vendus en dix-neuf ans de carrière, contre un objectif initial de 100.000 ventes annuelles rappelle Les Echos, ce deux-roues précurseur des nouveaux "EDP", les engins de déplacement personnel, n’a pas vraiment rencontré de succès commercial. Forces de police, offices de tourisme ou lieux touristiques semblent avoir été les seuls véritables clients du Segway, que l’on croise encore en bande, pilotés par des touristes casqués dans les parcs des châteaux ou dans les rues des grandes mégalopoles pour des balades historiques.

Ce drôle de véhicule a en revanche connu une vie médiatique inattendue. Créé en 1999 par Dean Kamen, le Segway est lancé le 3 décembre 2001 en grande pompe lors de la matinale la plus regardée des Etats-Unis sur ABC, Good Morning America, se remémore L’Usine Nouvelle. L’engin est en effet peu commun à l’époque: deux grandes roues parallèles, une plateforme, un mât directionnel, ce véhicule électrique permet à une personne de se déplacer debout, en roulant. Un système gyrocopique maintient le véhicule à la verticale.

Image moderne du ridicule

100% électrique, le Segway était sur le papier parfait pour la mobilité urbaine. Selon L’Usine Nouvelle, Steve Jobs lui-même avait comparé le lancement de l’engin à l’invention de l’ordinateur personnel. Le Segway se révèle cependant difficile à manier pour ses utilisateurs. L’allure peu assurée des conducteurs sur le véhicule, le décès du milliardaire Jimi Heselden en 2010 à son guidon, lui qui venait de racheter la société, ou encore le choc entre un caméraman à Segway et le champion Usain Bolt n’ont pas aidé à asseoir sa popularité.

Forbes évoque également en 2003 la chute du Président Georges W. Bush avec un Segway. Ce dernier devient même une star de cinéma au tournant des années 2000, dans le film Paul Blart, Mall Cop. Le Segway y est souvent tourné en ridicule par le personnage incarné par Kevin James.

Un siège mobile autonome

En 2015, Segway a été racheté par le Chinois Ninebot, devenu depuis le leader mondial de la mobilité urbaine avec des trottinettes électriques et des gyropodes. Selon Ninebot, Segway ne représentait plus que 1,5% de son chiffre d’affaires.

S'il ne produira plus son deux-roues, Segway n'en a pas pour autant arrêté les innovations. En janvier, au dernier CES à Las Vegas (Nevada), la société a présenté un prototype de siège mobile autonome.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web