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Mitsubishi va rester en Europe grâce au groupe Renault

La gamme Mitsubishi a été réduite à 3 véhicules en 2021.

La gamme Mitsubishi a été réduite à 3 véhicules en 2021. - Mitsubishi

Après son vrai-faux départ d'Europe, le constructeur japonais va bien rester présent sur le Vieux Continent, via un partenariat plus poussé avec le groupe Renault, son partenaire dans l'Alliance avec Nissan.

Mitsubishi restera bien en Europe. Le constructeur japonais, membre de l'Alliance avec Renault et Nissan, vient d'annoncer dans un communiqué diffusé ce mercredi 10 mars qu'il "complètera sa gamme en Europe avec deux modèles du groupe Renault", prévus "à l’horizon 2023 sur une sélection de marchés en Europe par le biais de son réseau de vente".

"Il n’était pas question de quitter l’Europe"

"Les modèles concernés et la sélection des marchés sont à l'étude", précise le communiqué, qui confirme donc le retour, ou plutôt le maintien, d'une présence de la marque japonaise sur le Vieux Continent. Déficitaire en Europe, la marque avait pourtant annoncé en juillet dernier son intention de se retirer du marché européen.

Il n’était pas question de quitter l’Europe, nous n’avons jamais eu cette intention, on ne revient pas dessus", explique pourtant un porte-parole de Mitsubishi, parlant plutôt d'un changement de "business-model pour l'Europe".

L'idée serait en effet de geler les développement de produits destinés au Vieux continent pour concentrer les investissements dans une région à plus fort potentiel, l'Asie du Sud-Est.

En Europe, Mitsubishi va donc continuer dans un premier temps à vendre ses modèles présents actuellement au catalogue. L'Outlander hybride rechargeable, meilleure vente de la catégorie dans cette motorisation en 2019 en Europe, était toutefois trop vieillissant pour être maintenue, avec une troisième génération qui remontait à 2012 et une quatrième génération dévoilée mi-février... mais qui ne sera pas commercialisée sur le Vieux continent. Cette troisième génération reste donc pour le moment proposée via les stocks encore disponibles, 312 unités actuellement sur le site français du constructeur.

C'est un autre SUV, l'Eclipse Cross, également en hybride rechargeable mais de conception plus récente, qui est au catalogue depuis peu, avec deux autres modèles, une citadine dont la commercialisation devrait être prochainement arrêtée, la Space Star, et un pick-up le L200.

Gagnant-gagnant pour Renault et Mitsubishi

Aucun lancement n'est donc prévu avant les deux modèles du groupe Renault qui seront présentés courant 2023, permettant de réaliser d'importantes économies par rapport aux coûts que représente le développement d'un nouveau véhicule.

Ce seront des voitures déjà développées par Renault et fabriquées dans des usines Renault en Europe", assure le porte-parole de Mitsubishi Motors Europe.

Le développement associé à ces véhicules sera limité à la création d'un design exclusif à ces modèles partagés par le groupe Renault, afin de conserver l'identité de la marque Mitsubishi. On peut ainsi imaginer ce qui est proposé actuellement par Opel, avec sa Corsa, qui repose sur la même base technique que la 208, mais avec un visage différent. Mais pas un simple "rebadging", comme c'est le cas pour la marque Vauxhall, qui commercialise les modèles d'Opel au Royaume-Uni sous le logo au griffon et non à l'éclair.

Autre intérêt de produire en Europe, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent pour les modèles Mitsubishi, une économie de droits de douane et de frais de transports par exemple. "C'est une solution très élégante pour nous", résume le représentant de Mitsubishi.

Pour le groupe Renault, l'intérêt serait également de répondre aux surcapacités de production en Europe, les deux modèles contribueront à renforcer l'activité des usines, sans savoir quels sites seront retenus, a priori pas en France.

Par ailleurs, au sein du groupe français, les ventes aux partenaires sont actuellement en baisse: la création de Stellantis (fusion entre PSA et FCA) a mis fin au partenariat Renault-Fiat dans les utilitaires légers et à celui avec Opel. Autrefois lucrative, l'activité des ventes aux partenaires a contribué à la baisse du chiffre d'affaires de Renault à hauteur de 2,5 milliards d'euros l'an dernier.

Quels modèles potentiels dans le catalogue Renault?

Reste à savoir quels modèles pourraient intégrer l'offre de Mitsubishi. A noter que le constructeur parle bien de deux modèles du groupe Renault, ce qui inclut Dacia. On pouvait penser à une version Mitsubishi du Dacia Bigster, mais le lancement du grand SUV de la marque roumaine est plutôt prévu pour 2025.

Pas encore de choix non plus du côté des motorisations, mais Mitsubishi aura l'embarras du choix. Le groupe Renault dispose en effet de toutes les technologies disponibles actuellement, 100% électrique, hybride classique et rechargeable. Début janvier, Renault avait ainsi annoncé le lancement de 14 nouveaux véhicules d'ici à 2025, tous avec une version "électrifiée".

Julien Bonnet, avec Pauline Ducamp et Julien Rizzo