Mitsubishi sur le point de revenir en Europe

Après des discussions avec Renault et Nissan, ses deux partenaires dans l'Alliance, le constructeur japonais pourrait choisir de rester finalement sur le marché européen.

Selon nos informations, Mitsubishi Motos pourrait revenir sur sa décision de quitter l’Europe. Un retour qui ferait suite à un accord-cadre conclu lundi entre les trois membres de l’Alliance selon le Financial Times. Un conseil d’administration chez Mitsubishi doit se tenir aujourd'hui à ce sujet.

Un retour en Europe souhaité par Renault et Nissan

Contacté, Renault nous confirme que des discussions sont en cours avec Nissan et Mitsubishi, prévues dans le cadre de l’Alliance. Les trois partenaires réfléchissent à la meilleure stratégie à adopter pour qu’elle soit bénéfique à chacun des membres. Pour rappel, Renault détient 43% du capital de Nissan, qui lui détient 34% de Mitsubishi.

Selon une source proche du constructeur français, le retour en Europe de Mitsubishi fait partie des discussions. Si Mitsubishi revient sur le marché européen, les véhicules seront produits dans les usines Renault, mais pas au sein de ses sites français, nous précise cette même source.

Dans une interview donnée il y a un mois au journal britannique, le directeur général de Renault, Luca De Meo a insisté sur les synergies de production en Europe entre les membres de l’Alliance. "Nous avons de l’espace dans nos usines […] nous avons des plates-formes", déclarait-il.

Le directeur général suggérait également de produire plus de véhicules Nissan au sein des usines de Renault. Mais selon le Financial Times, le constructeur japonais aurait refusé de céder à la pression de Renault, privilégiant le retour de Mitsubishi en Europe.

Nissan prévoit d’ailleurs d’investir 1,15 milliard d’euros dans son usine de Sunderland, au Royaume-Uni, pour développer des plateformes de production pour ses véhicules hybrides. Le constructeur japonais a tout de même confié la production de tous ses véhicules utilitaires en Europe à Renault. La nouvelle génération du Nissan NV250, dérivée du Renault Kangoo sera ainsi fabriquée dans l’usine Renault de Maubeuge.

Privilégier les marchés rentables

Pourtant en juillet dernier, Mitsubishi avait annoncé son intention de se retirer du marché européen. Le constructeur avait annulé tous les lancements de nouveaux modèles et réduit sa gamme. Car Mitsubishi est déficitaire en Europe. Même si son Outlander est le SUV hybride rechargeable le plus vendu sur le Vieux Continent en 2020 avec 26.673 unités, le constructeur n’est pas rentable dans la région.

Dans son exercice décalé, Mitsubishi a enregistré 145 millions d’euros de pertes au 31 mars 2020 en Europe. Dans le cadre de son plan de restructuration, le constructeur avait donc décidé d’arrêter les frais. Une décision prise sans concertation avec les autres membres de l’Alliance.

Si Mitsubishi fait son retour en Europe, il faut alors faire marche arrière sur tout ce qui a été mis en place depuis juillet dernier. Le constructeur va devoir déployer une nouvelle stratégie et la justifier. Alors que certains concessionnaires européens ont déjà vendu des opérations en vue de la sortie de la marque et que d’autres se sont préparés à devenir des garages de réparation.

Julien Rizzo