BFM Business
Auto

Les prix des carburants s'envolent: est-ce seulement le début?

Les prix ont fortement augmenté à la pompe la semaine dernière. La fin des remises mais aussi la situation internationale pèse sur le portefeuille des automobilistes.

19 centimes de plus sur un litre de sans-plomb 95-E10. Les prix du carburant à la pompe ont bondi la semaine dernière en France, avec une moyenne au-dessus de 1,80 euro sur l’essence comme sur le gazole (qui frôle même 1,90 euro en moyenne). Et la tendance ne semble pas prête de s’inverser, selon les observateurs.

La fin des remises de l’Etat et de Totalénergies

La fin des ristournes au 31 décembre laissait présager une telle hausse. La remise de 10 centimes par litre de l’Etat s’est en effet éteinte, mais celle de Totalénergies également (10 centimes). Or un tiers environ des 11.000 stations-services françaises appartient au réseau Total. La hausse moyenne des prix se révèle donc plus importante que le bond mécanique attendu de 10 centimes.

La mise en place du chèque de 100 euros à partir du 16 janvier, si elle doit être l’équivalent d’une remise de 10 centimes sur l’année pour un conducteur parcourant environ 12.000 kilomètres par an, ne concernera pas tous les automobilistes. Certains ne verront donc pas leur plein accompagné d'aides comme en 2022.

Des prix du brut stable depuis plusieurs semaines

Cette forte hausse apparait toutefois dans un contexte de relative stabilité des prix à l'international. La semaine dernière, selon les chiffres officiels communiqués par le ministère de la Transition écologique (chiffres arrêtés à vendredi), le baril était à 78,8 dollars, en baisse de près de 3 dollars par rapport à la semaine précédente.

"Il m’est très difficile de prédire ce que vont faire les prix internationaux du pétrole brut, on constate qu’on est sur un plateau de prix, donc un prix du pétrole brut qui change assez peu depuis un mois", explique ce mardi sur BFMTV Olivier Gantois, président de l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP). Une situation favorable pour contenir la hausse des prix? Pas forcément. "Actuellement nous sommes à 79 dollars le baril, qui était le prix de début 2022, juste avant la guerre en Ukraine", rappelle Olivier Gantois.

"Quand on réfléchit aux perspectives on se dit d’abord qu’il n’y a pas de raison que les prix baissent car on a toujours cette guerre en Ukraine qui met en jeu le troisième producteur de brut mondial", poursuit-il.

Le ralentissement économique mondial modère cependant les prix du brut.

L'embargo sur les produits pétroliers russes

Mais la guerre en Ukraine pèse d’une autre manière sur les prix à la pompe: la mise en place de l’embargo sur les produits pétroliers russes, embargo qui entrera en vigueur le 5 février. Depuis plusieurs mois, les distributeurs cherchent donc à diversifier leurs sources d’approvisionnement.

"Il s’est passé quelque chose chez tous les importateurs de carburants: nous avons l’obligation de nous approvisionner hors carburant russe, hors gazole russe, expliquait ainsi Michel-Edouard Leclerc ce week-end sur RTL. Nous sommes dans une période où nous sommes en train de nous ressourcer nos sources d’approvisionnement et pour le moment c’est plus onéreux évidemment d’aller acheter ailleurs, d’aller acheter du gazole dans le Golfe ou dans le Golfe du Mexique pour le gazole américain".

Les conséquences concrètes ne semblent cependant pas encore s’appliquer sur le prix à la pompe, selon Michel-Edouard Leclerc. Pour Olivier Gantois, ce changement de sources d’approvisionnement ne devrait même pas tellement se faire sentir sur le portefeuille des automobilistes.

"Actuellement sur les dynamiques des marchés pétroliers, il n’y a pas de raison que les prix baissent, essentiellement parce que la guerre en Ukraine se poursuit, parce que l’un des belligérants est le troisième producteur mondial et que même si nous pensons que l’embargo sur les produits pétroliers russes n’aura pas d’impact sur l’approvisionnement de l’Europe, et notamment sur celui de la France, il n’en reste pas moins que cet évènement fait qu’on va rester à des prix relativement élevés", résume le président de l'UFIP.

Selon le site de comparaison en temps réel Carbu.com, le prix du litre de gazole était en moyenne en France ce mardi à 1,917 euro.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web