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Les loueurs de voitures en difficulté pour se relancer après le coronavirus

Les loueurs en difficulté réclament un soutien public.

Les loueurs en difficulté réclament un soutien public. - AFP

Le crise sanitaire a paralysé l'activité des loueurs de voitures, qui déplorent le manque de soutien public alors que ce secteur représente 15.000 emplois en France.

Les loueurs de voitures tirent la sonnette d'alarme. Alors que les Français prennent peu à peu la route des vacances, les professionnels du secteur se montrent plutôt pessimistes.

Un effondrement de l'activité

Après une activité quasi à l'arrêt pendant le confinement démarré le 17 mars, les réservations ne repartent que trop timidement, avec 60% du volume habituel attendu au cours des prochains mois, ont indiqué des représentants des loueurs en France, lors d'un point presse organisé par le CNPA (Comité national des professionnels de l'automobile).

Pourtant les vacances plus locales des Français et des réservations à des niveaux encore faibles chez les compagnies aériennes ou à la SNCF laissaient présager une reprise plutôt forte. Ce que tempère Agnès Parmentier, représentante des loueurs indépendants au CNPA:

"Si nous notons actuellement une reprise de l'activité, ce regain ne compensera pas les pertes accumulées depuis le début du confinement. Au-delà du tourisme, les changements de pratiques, avec par exemple un usage plus prononcé du vélo en ville ou une généralisation des réunions en visio plutôt que des séminaires, sont des sources d'inquiétudes."

Un soutien public moins important que prévu

En difficulté actuellement, les loueurs de voitures s'estiment surtout comme les potentiels oubliés du soutien gouvernemental. Le secteur a récemment été rétrogradé dans une catégorie susceptible de recevoir moins d'aide publique dans le cadre du Plan Tourisme, qui doit être validé début juillet.

"D’après une étude menée par le CNPA sur un panel représentatif, plus de 90 % des entreprises de la location de véhicules ne sont pas éligibles aux exonérations de charges dans les conditions actuelles des projets de textes législatif et réglementaire, soit parce-que ce sont des ETI (entreprises de taille intermédiaire), soit parce qu'elles n'atteignent pas les 80 % de baisse de chiffre d’affaires sur la période donnée", peut-on lire dans un communiqué de l'organisation professionnelle.

Une décision qui passe mal, d'autant que si le volume d'activité n'a pas baissé suffisamment pendant la crise pour pouvoir bénéficier des aides, c'est notamment car "les loueurs sont restés ouverts durant la période de confinement car considérés comme activité essentielle à la Nation".

Un allié essentiel du tourisme et de l'écologie

Au sein de la liste dite "S1", que souhaiteraient intégrer de nouveau les loueurs et qui permet davantage d'aides, on trouve pourtant les entreprises de restauration rapide ou la vente d'articles de sport, déplore par exemple Robert Ostermann, à la tête du pôle"métiers de la mobilité partagée" du CNPA et directeur général d'Europcar France.

Le secteur de la location de courte durée, qui représente environ 15.000 emplois, s'estime pourtant essentiel "au rayonnement de l’industrie touristique nationale, accueillant chaque année près de 15 millions de clients pour une contribution à la richesse nationale de l’ordre de 3,5 milliards d’euros par an".

Dans un contexte de mise en avant des véhicules "propres" avec le plan de soutien à l'automobile mis en place depuis le 1er juin, les loueurs mettent aussi en avant leur rôle moteur dans la diffusion de modèles récents en France.

"Nous sommes un des principaux fournisseurs de véhicules d'occasion bas carbone et à faible kilométrage", souligne Robert Ostermann, insistant également sur la dimension de "véhicule partagé", plutôt dans l'ère du temps.

La concurrence de la location entre particuliers?

Si les loueurs professionnels ne l'évoquent pas comme une menace directe, on peut noter une hausse de la location entre particuliers. La plate-forme OuiCar connaît actuellement une hausse de 50% de ses réservations par rapport à la même période l'an dernier.

Même son de cloche du côté de Getaround (ex- Drivy) qui observe une croissance à deux chiffres par rapport à l'an passé, notamment dans les grandes villes comme Paris et Lyon.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto