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Les chauffeurs VTC réclament une hausse du prix des courses

Les représentants des chauffeurs VTC discutent actuellement avec les plateformes pour obtenir la mise en place d'un prix minimum de courses qui s'appliquerait à chacune d'entre elles.

"On veut reprendre le contrôle de la tarification". Dès l’ouverture de la première réunion la semaine dernière, le vice-président de l’Association des VTC de France (AVF), Yassine Bensaci, a été clair: la rémunération doit être le thème prioritaire du dialogue social qui s’est ouvert entre les plateformes VTC (Uber, Heetch, Bolt…) et les représentants des chauffeurs.

"C’est nous qui subissons les augmentations de coûts. Pour pouvoir maintenir notre rentabilité, il faut augmenter le prix des courses", confirme auprès de BFM Business le représentant de l’AVF, premier syndicat représentatif du secteur.

Principale revendication des chauffeurs: la mise en place d'un prix minimum pour une course qui concernerait toutes les plateformes, comme l’expliquait Le Parisien. Actuellement, ce prix minimum est fixé à 8 euros chez Uber. Mais chaque plateforme a sa propre politique en la matière. Du côté des chauffeurs, on réclame au moins "10 euros nets", c’est-à-dire après prélèvement de la commission et de la TVA, pour garantir une rentabilité. A condition, prévient Yassine Bensaci, que les plateformes ne cherchent pas à réduire le prix au kilomètre et à la minute en contrepartie.

Tarif horaire minimum

Au-delà de la fixation d’un tarif minimum pour une course, l’AVF souhaite aussi bénéficier d’un tarif horaire minimum, de façon à mieux tenir compte de la distance parcourue et du temps mis pour aller chercher un client. "Il faut partir d’un coût de revient qui tient compte des charges variables (commission, carburant…) et fixes (assurance, entretien du véhicule…) et on rajouterait automatiquement une marge, ça donnerait un prix de vente", détaille Yassine Bensaci.

Il faut aussi, poursuit le vice-président de l’AVF, que ces prix minimums "soient révisables chaque année pour tenir compte de l’inflation".

Les plateformes semblent prêtes à accorder un geste, mais la prudence est de mise. "Nous souhaitons que chaque plateforme rehausse ses tarifs. Mais si nous augmentons trop, nous nous retrouverons dans un contexte où nous ne serions plus compétitifs" par rapport aux taxis, explique au Parisien Hugues Le Chevallier, directeur général de Heetch France.

Une remarque qui passe mal auprès de Yassine Bensaci, lui qui rappelle qu’à leurs débuts, les VTC étaient bien plus chers qu’aujourd’hui: "Ce sont les plateformes qui ont travesti le transport VTC en vendant moins cher que les taxis. A l’époque, on était sur un service plus haut de gamme. Puis les applications ont ouvert les vannes et ont voulu faire entrer le plus de chauffeurs possibles"… avec des exigences de qualité en moins.

Garanties sociales

S’il est prioritaire, le thème de la rémunération n’est pas le seul à être abordé au cours des négociations sociales entre chauffeurs VTC et plateformes de mise en relation. "On veut améliorer les conditions de travail des chauffeurs. Aujourd’hui, un chauffeur n’a aucune garantie en cas d’accident ou de maladie. Ils n’ont pas de couverture sociale ou très peu", souligne Yassine Bensaci, appelant à "revoir le système avec des garanties financières et sociales".

Pas question pour autant de faire basculer les chauffeurs VTC dans le salariat: "85 à 90% des chauffeurs veulent rester indépendants", assure le vice-président de l’AVF, mais "on veut avoir des garanties sociales, des garanties de revenus et une meilleure rentabilité pour éviter de travailler 12 heures par jour". Enfin, les discussions devraient également porter sur les déconnexions alors que l’AVF juge que "la majorité des chauffeurs qui ont été déconnectés par les plateformes l’ont été de manière abusive, sans concertations avec les organisations syndicales". Yassine Bensaci réclame désormais que ce soit les "organisations syndicales qui sanctionnent, pas les plateformes".

Invité sur BFM Business jeudi, Clément Beaune a rappelé que la France était "le premier pays à avoir un cadre social" dans le secteur des VTC "car il n’y a pas de raison que les chauffeurs n’aient pas le droit de discuter de leur salaires, de leurs conditions sociales". Le ministre des Transports s’est dit "favorable" à des négociations sociales qui "aboutissent à améliorer le pouvoir d’achat des chauffeurs". "Je pense qu’ils méritent cette protection", a-t-il dit.

Pour autant, il juge qu’une hausse trop importante des prix des VTC ne serait "pas dans l’intérêt du secteur" face aux taxis. "Protéger les chauffeurs, c’est très bien, mais s’il n’y a plus personne pour payer les courses, ils n’auront plus de revenu", a ajouté Clément Beaune.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco