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Leasing social à 100 euros par mois: qui pourra en bénéficier et pour quelles voitures électriques?

Bruno Le Maire a confirmé la mise en place du leasing social à 100 euros par mois hors-assurance avec l'ouverture des pré-réservations en novembre. Un dispositif qui se concentrera sur les 50% des Français les plus modestes et sur des modèles comme les Fiat 500e et Renault Twingo e-tech.

Lancement confirmé pour le leasing social d'une voiture électrique à 100 euros par mois. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022, le dispositif sera bien proposé à partir de novembre, a annoncé Bruno Le Maire, lors de la journée de la filière automobile française, mardi au Carrousel du Louvre. Une journée qui doit préparer la signature du prochain contrat de filière entre l'État et les différents acteurs de ce secteur stratégique et avec des enjeux importants.

Relever la tête, déjà, avec une production française de véhicules qui a fortement chuté ces dernières années, de plus de 2 millions d'unités annuelles à un peu moins de 1,4 million en 2022. Et accélérer la transition vers l'électrique, avec en ligne de mire l'interdiction de ventes de voitures thermiques neuves à partir de 2035.

Côté offre: la montée en puissance de la production en France doit justement permettre de retrouver de tels volumes, avec un objectif de deux millions de voitures électriques produites sur le territoire à horizon 2030, et un objectif intermédiaire à 800.000 unités pour 2027.

Des détails sur le leasing social

Problème toutefois, la voiture électrique reste 50% plus chère qu'un équivalent thermique aujourd'hui. Si les investissements de la filière, et notamment la création d'un écosystème de production de batteries en Europe, doivent contribuer à faire baisser les coûts, Bruno Le Maire a confirmé le renforcement des aides à l'achat pour l'an prochain, avec un budget qui passera de 1,3 milliard d'euros en 2023 à 1,5 milliard par an.

Au programme, le maintien des bonus écologiques et primes à la conversion, même si ces deux aides à l'achat seront désormais conditionnées au "score environnemental" ou, en clair, à des véhicules produits en Europe. Concrètement, parmi les modèles les plus vendus, les Dacia Spring, Tesla Model 3 et MG4, produites en Chine, ne seraient plus éligibles à ces principales subventions.

"Le contribuable français n'a pas vocation à financer des véhicules électriques qui ont une émission de carbone dans leur production qui n'est pas satisfaisante et qui n'est pas la plus basse possible", a résumé Bruno Le Maire.

Un critère qui s'appliquera aussi aux modèles compatibles avec le leasing social à 100 euros par mois hors assurance, dont "les premières demandes pourront être faites sur un site internet dès ce mois de novembre pour des premières livraisons début 2024".

"Je pense par exemple aux Citroën ë-C3, aux Fiat 500e ou aux Twingo e-tech, il peut y avoir évidemment d'autres véhicules", a poursuivi le ministre de l'Économie, rappelant que ce dispositif sera destiné aux 50% des ménages les plus modestes (soit un revenu annuel inférieur à 20.850 euros), sans apport initial: avec "un premier loyer entièrement à la charge de l'Etat".

Le client éligible aura aussi le choix entre le fait de souscrire ou non une option d'achat, pour acquérir le véhicule à la fin de la période de location.

Quelles différences avec les loyers à 100 euros actuels?

Si on reprend les modèles cités par Bruno Le Maire, deux sont déjà commercialisés avec des loyers proches des 100 euros par mois actuellement. La Fiat 500e, à 99 euros par mois sur 37 mois et 30.000 km, avec un premier loyer de 9.500 euros, ramené à 2.500 euros après déduction du bonus écologique (à 7.000 euros pour les revenus modestes). L'État prendrait donc en charge ces 2.500 euros du premier loyer, une somme qui peut actuellement être couverte par la prime à la conversion, mais sous réserve de pouvoir mettre à la casse un véhicule ancien essence (première immatriculation avant 2006) ou diesel (avant 2011).

Pour la Renault Twingo, l'offre la plus abordable actuellement est à 102 euros par mois, aussi pour 30.000 km sur 37 mois et un premier loyer à 8.500 euros qui peut être couvert par les aides déjà citées.

Enfin, la future Citroën ë-C3 qui vient d'être présentée est proposée à partir de 99 euros par mois, sur 36 mois et 30.000 km. Un loyer qui joue également sur le déblocage du bonus augmenté et de la prime à la conversion.

Si on résume, le leasing social permettrait donc à des ménages qui n'ont pas de vieux véhicules à mettre à la casse de pouvoir bénéficier de ces loyers avantageux sous conditions.

Un effet marginal sur la transition électrique

Mais un tel dispositif pourra-t-il vraiment permettre aux plus modestes de passer à l'électrique? Pas si certain, avec peu de modèles éligibles et des conditions strictes à respecter pour en bénéficier.

"Il fallait tenir cette promesse électorale, mais les effets devraient rester limités", confirme Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem du marché automobile.

Il rappelle qu'entre la campagne présidentielle et aujourd'hui, la situation s'est particulièrement tendue avec la forte inflation qui n'a pas épargné l'automobile et notamment les voitures électriques. Le fait d'exclure les voitures produites en Chine reste selon lui un bon point, même si cela tend aussi à rendre l'équation budgétaire plus complexe à respecter, surtout dans un contexte où l'État cherche à réduire ses dépenses.

Dernier point: la capacité à recharger le véhicule. S'il existe aussi des aides, cela peut rester un point de blocage important pour de nombreux ménages au moment de passer à l'électrique.

Voiture électrique à 100 euros : quelles conditions ? - 24/10
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En préambule de cette journée, Luc Chatel, président de la PFA, avait justement alerté Bruno Le Maire sur ce besoin, complémentaire, de maintenir des aides pour tous et de ne pas trop les concentrer sur les ménages plus modestes.

"Attention aux fausses bonnes idées, avec des déciles 9 et 10 (les ménages les plus aisés, ndlr) qui représentent 55% des acheteurs de voitures électriques actuellement", avait donné comme exemple le représentant de la filière automobile en France.

De son côté, Frank Marotte, PDG de Toyota France avait réclamé ce mardi matin sur BFM Business des aides pour soutenir le marché de l'occasion, en particulier sur des modèles hybrides de la marque japonaise qui permettent déjà de faire baisser les émissions de CO2.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto