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Le Mans, le flop hollywoodien de Steve McQueen devenu film culte 50 ans après

Bien avant le succès du "Mans 66", Hollywood s'était déjà essayé il y a 50 ans à capturer le mythe des 24 heures avec "Le Mans", dont l'acteur principal est Steve McQueen

Bien avant le succès du "Mans 66", Hollywood s'était déjà essayé il y a 50 ans à capturer le mythe des 24 heures avec "Le Mans", dont l'acteur principal est Steve McQueen - Staff

Il y a 50 ans, Steve McQueen tournait Le Mans. Le film a fait un flop retentissant. Aujourd'hui, il est perçu comme l'un des meilleurs documentaires sur le sport automobile des années 70.

Le talent et la passion de Steve McQueen pour les sports mécaniques n'ont pas suffi à faire du film Le Mans un succès en salle. Tourné il y a 50 ans, Le Mans reste un film culte pour les fans du "king of cool", encore plus un week-end de 24 Heures du Mans comme ces 19 et 20 septembre. Mais le film fût aussi un véritable désastre cinématographique et financier, ayant coûté plus de 6 millions de dollars, une somme énorme pour l'époque.

Et la critique ne l'a ensuite pas épargné, ce qui a à l'époque sérieusement écorné l'image de Steve McQueen (décédé à 50 ans en 1980) alors au faîte de sa gloire après des succès comme Bullitt et L'Affaire Thomas Crown.

Certaines scènes ont été tournées durant les 24 Heures

Même les passionnés de courses automobiles y ont trouvé à redire. Pour eux, le film, pourtant tourné en décor naturel n'offrait pas le rendu magique des lumières de juin, mois pendant lequel se court traditionnellement l'épreuve.

Le film s'est déroulé en août et septembre, période où la piste pouvait être disponible pour d'autres choses que des courses. McQueen avait pourtant tourné des scènes en juin, lors de la véritable épreuve, des scènes de courses et montrant le public, ensuite montées dans le film pour le rendre plus "vrai".

Pas de scénario, mais le son des moteurs

Quant aux cinéphiles et fans de la star d'Holywood, le film était plus proche du documentaire qu'un film d'action. Pas vraiment de scénario mais des scènes de pilotage et de crashs avec le bruit assourdissant du moteur des bolides. Steve McQueen avait rassemblé un impressionnant aréopage de voitures et de pilotes.

En guise de dialogues, on entend surtout le hurlement des douze cylindres allemands et italiens lancés à pleine vitesse dans la ligne droite des Hunaudières, qui n'était pas encore coupée de chicanes.

La production a tenté d'éviter ce dérapage. Après plusieurs semaines et des kilomètres de pellicule, le tournage est interrompu et Steve McQueen se fait imposer une histoire de romance à l'eau de rose entre un pilote, Michael Delaney joué par lui-même, et la veuve d'un pilote tué l'année précédente dans un accident dans lequel il a été impliqué. L'amourette est rythmée par la musique de Michel Legrand, le compositeur qui avait sauvé L'affaire Thomas Crown.

Enfin, le film ne répondait pas aux canons d'Hollywood à l'époque. Le héros n'en est pas vraiment un puisqu'il ne gagne pas mais termine deuxième, certes avec les honneurs puisqu'il est... Steve McQueen. Rien à voir avec Le Mans 66, sorti cette année dans lequel le héros, Ken Miles (Christian Bale), arrive second mais offre la victoire à Ford sur des GT40 préparées par Carroll Shelby (Matt Damon).

Après l'échec de Le Mans, l'acteur américain ne traitera plus jamais au cinéma de course automobile, pourtant sa passion. C'est à Paul Newman, une autre star d'Hollywood, également coureur automobile à ses heures, que reviendra la gloire de disputer pour de vrai l'épreuve mancelle et de la terminer en 2e position en 1979.

L'un des meilleurs documentaires

Aujourd'hui, le film est regardé d'un oeil nouveau. Le Mans est désormais l'un des meilleurs documentaires sur la course automobile grâce aux monstrueuses Porsche 917 et Ferrari 512 conduites par de véritables pilotes.

"Steve McQueen pensait que les autres films sur le sport automobile comme Grand Prix dans les années 60 manquaient d'authenticité, explique Gabriel Clarke, auteur d'un documentaire sur le tournage du film intitulé The Man and Le Mans. "a vision était celle d'un documentaire, c'est ce qu'il voulait que 'Le Mans' soit".

24 H du Mans: un évènement mondial dans les années 70

Sur ce point, l'objectif a été atteint. D'autant qu'il rappelle que cette course sarthoise est un évènement mondial qui attirait en 1970 près d'un demi-million de personnes. Des scènes montrent le public, dans la célèbre fête foraine des 24 Heures, participant à la messe en pleine air le dimanche matin ou encore se pressant dans la tribune principale face au stand et théâtre d'un carnage parmi les spectateurs lors d'un accident en 1955.

"Certaines scènes où on voit les voitures prêtes à prendre la piste, d'autres qui montrent le caractère gigantesque de l'évènement sont incroyables", affirme Gabriel Clarke et rappellent combien le public était près de la piste et "faisait partie de la course".

Mais cette année, l'enceinte du circuit sera complètement vide. L'épidémie de coronavirus a contraint les organisateurs au huis-clos, pour la première fois dans l'histoire de l'épreuve, dont ce sera la 88e édition.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco