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LA VÉRIF. Abaisser la vitesse de la circulation réduit-il forcément les accidents et la pollution?

Anne Hidalgo s'est dite favorable cette semaine à un durcissement des limitations de vitesse, notamment sur autoroute, mettant en avant une baisse des risques d'accidents et de la pollution.

"Je suis favorable d'une façon générale à ce qu'on baisse la vitesse parce que vitesse = accidents", a affirmé ce mardi la maire de Paris Anne Hidalgo face à Jean-Jacques Bourdin, en préconisant notamment un passage de 130 km/h à 110 km/h sur autoroute - ce qu'elle a démenti après coup. Mais dit-elle vrai? Sur le principe, oui. D'après la sécurité routière, la vitesse est la première cause de mortalité en France: 31% des accidents en France. Selon les modèles Nilsson et Elvik, une baisse de 1% de la vitesse moyenne fait chuter mécaniquement de 4 % le taux d’accidents mortels.

Si l’on regarde les chiffres du Conseil national de la sécurité routière, l’abaissement à 80km/h décidée au 1er juillet 2018 en France, permettrait d’éviter 300 à 400 décès chaque année. L'analyse ne porte cependant que sur des routes à double sens sans séparateur central, qui sont les plus meurtrières.

Sur les autoroutes, c'est plus compliqué que ça...

Concernant les autoroutes, évoquées par la maire de Paris désormais candidate à l'élection présidentielle, difficile de répondre de manière aussi affirmative. Si la vitesse est un facteur déterminant, ce n’est pas le seul: l'usage de stupéfiants, l’alcool ainsi que le non-respect des distances de sécurité sont autant de facteurs déterminants de l'accidentologie.

Problème: aucune étude sur le rapport entre la vitesse et l'accidentalité n'a été conduite sur le réseau autoroutier, considéré comme le plus sûr de France. Par conséquent, si l'abaissement des limitations de vitesse provoque bien une baisse moyenne de la mortalité routière, il est impossible d'affirmer qu'une telle mesure serait efficace sur l'autoroute car il n'existe pas encore d’études comparatives. Mais, nous fait savoir l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, des expérimentations sont en cours.

La réduction de la vitesse: peu d'effets sur la pollution

Axe majeur de sa politique pour Paris, baisser la vitesse à 30 km/h au lieu de 50 dans la très grande majorité des rues de la capitale a été présenté comme un argument écologique. Mais baisser la vitesse fait-elle automatiquement baisser la pollution? Là aussi, ce n'est pas aussi simple et le débat dure depuis des années. Le site du Centre d'études et d'expertises sur l'environnement (Cerema) montre que la vitesse joue bien un rôle déterminant dans l'émission de gaz à effet de serre. Cependant, c'est très variable en fonction du poids du véhicule, de son modèle ou encore de son type de carburant. Conséquence: rouler moins vite ne veut donc pas forcément dire polluer moins.

Pire, dans certains cas très précis, c'est même l'inverse qui peut se produire: selon le poids de la voiture, le trafic routier, le démarrage à froid ou à chaud et d’autres caractéristiques comme le carburant, rouler moins vite peut vouloir dire provoquer plus d’émissions de gaz à effets de serre et autres substances nocives à l’environnement.

Un exemple concret: les véhicules utilitaires. A 20km/h, les émissions et la consommation sont pratiquement égales à celles à 130km/h. Tandis qu’à 30km/h, elles sont sensiblement les mêmes qu’à 110km/h. Ces données sont générales, toutes routes confondues. Là encore, il n'existe pas encore de calcul d’impact sur le réseau autoroutier.

Amélie Rosique