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L'essence et le gazole n'ont jamais coûté aussi cher en France

Le gazole, carburant le plus consommé en France, se vendait en moyenne à 1,5883 euro le litre, sur la première semaine de 2022, dépassant le niveau record atteint en octobre dernier.

La flambée des prix à la pompe continue de plus belle en 2022. D'après les derniers chiffres mis en ligne par le ministère de la Transition écologique, le gazole se vendait en moyenne à 1,5883 euro le litre sur la première semaine de l'année. Un nouveau record après celui enregistré en octobre dernier. Le gazole, carburant le plus consommé en France se vendait alors 1,5583 euro le litre. Un contexte qui avait poussé le gouvernement à lancer une indemnité inflation, un chèque de 100 euros destiné aux Français qui gagnent moins de 2000 euros nets par mois.

Les autres carburants se retrouvent aussi à des niveaux historiquement hauts: le sans-plomb 95-E10, essence la plus consommée en France, se vendait ainsi en moyenne 1,6595 euro le litre, du jamais vu.

Depuis début octobre le SP95-E10 s'était en effet maintenu au-dessus du seuil symbolique de 1,60 euro le litre jusqu'à début décembre. La baisse survenue le mois dernier n'a donc été que de courte durée.

Des hausses de près de 30 centimes en un an

En un an, l'essence (Sans plomb 95 E10) a augmenté de 28,2 centimes d'euros et le gazole de 31 centimes, se retrouvant au-dessus des niveaux atteints au moment de la crise des gilets jaunes, démarrée fin 2018. Sauf que ce n'est pas une nouvelle taxe qui explique cette hausse des prix, mais la situation sur le marché du pétrole brut.

"Le prix du pétrole a joué: vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a un certain nombre de tensions dans le monde, la dernière c'était au Kazaksthan. Le prix du pétrole est passé au-dessus de 80 dollars, on n'était pas loin de 82 dollars hier. Et le prix de l'essence et du gazole est directement corrélé au prix du pétrole, avec le matelas de taxes que nous avons à payer", explique Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières.

Face à la demande, les producteurs ont du mal à fournir. "Cette situation est la conséquence d’une demande mondiale en pétrole qui est repartie à la hausse et d’une offre qui ne suit pas complètement", explique à Nord Littoral Jérôme Sabathier, ingénieur économiste à l'Institut Français du pétrole (IFPEN). Alors que la vague Omicron avait un temps grippé la demande en décembre - d'où un tassement des prix- la moindre dangerosité du variant a relancé la demande.

Or le contexte n'est pas favorable. "Les stocks sont bas, résume Jérôme Sabathier. Des pays comme la Russie, la Libye, le Nigeria ne suivent pas en termes de production pour des raisons techniques, sans parler de la situation politique tendue au Kazakhstan".

Les prix du pétrole pourraient continuer d'augmenter, et avec eux, les prix des carburants:

"Ce qui est clair, c'est que nous ne sommes pas actuellement à des niveaux de prix du pétrole les plus élevés qu'on n'ait connu, poursuit Philippe Chalmin. Il y a 10 ans le pétrole valait entre 100 et 120 dollars le baril, aujourd'hui on est à 82 dollars, donc ça peut encore augmenter."

Un coût important pour les gros rouleurs et les pros

30 centimes de hausse en un an, cela représente tout simplement une hausse de 15 euros sur un plein de 50 litres. Une hausse difficile à supporter pour certains, notamment les professionnels et les gros rouleurs, qui roulent au gazole justement pour limiter les coûts à la pompe.

Céline Chapelle, plombière, a par exemple augmenté le prix de ses prestations de 2 euros, pour compenser cette hausse.

"Je n'ai pas augmenté beaucoup, mais ça me permet d'avoir une répercussion sur chaque client", explique-t-elle au micro de BFMTV.

Une situation rencontrée par une majorité d'entreprises dans le secteur du BTP, comme l'explique le président de la Fédération française des bâtiments, Olivier Salleron:

"L'augmentation des prix de l'énergie chez nos producteurs de matériaux peut être, d'une semaine à l'autre, de 200%, 300% ou 400% sur plusieurs semaines. Donc effectivement, les producteurs répercutent ce prix là sur les prix des matériaux que nous utilisons et au final nous devons facturer beaucoup plus cher nos prestations au client final."

Une cellule de crise a été créée par le ministère de l'Economie pour gérer cette hausse des prix. "Une solution technique" sera trouvée d'ici la fin de semaine, a assuré ce mardi Bruno Le Maire.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto