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Land Rover Defender 110 P400: l’aventure au quotidien!

Le nouveau Land Rover Defender

Le nouveau Land Rover Defender - AL

Land Rover était attendu au tournant pour le renouvellement de son 4x4 emblématique, avec un cahier des charges qui s’annonçait exigeant. Pari réussi?

Renouveler un modèle mythique. Tâche très compliquée mais au combien stimulante pour un constructeur automobile, surtout quand le modèle en question est l’un des engins tout-terrains les plus vendus au monde. Et que la conception de la précédente génération n’avait que très peu évolué depuis sa naissance, qui remonte tout de même à 1948!

Conserver l'ADN Defender

Franchisseur parfait, capable de vous emmener absolument partout sur tout type de pente et de franchir n’importe quel obstacle, increvable... le Defender originel, évolution de l’antique Land Rover, devait s’adapter à son temps et ne plus s'imposer comme un engin inconfortable à conduire sur route goudronnées. La nouvelle mouture devait ainsi constituer un produit totalement différent, tout en conservant l’essentiel. Fournir toutes les garanties de sécurité et de respect des normes actuelles, offrir un confort enfin acceptable, tout en restant le franchisseur imbattable qu’il est.

Il faut se rendre compte que de la génération précédente à celle-ci, le Defender est le seul 4x4 dont on a du 'dérigidifier' la structure. Il était devenu finalement trop solide et trop robuste, et s’avérer finalement dangereux dans les conditions actuelles de circulation!", dit-on en interne.

Toujours est-il que ce cahier des charges, Land Rover s’y est attelé, avec une difficulté supplémentaire: éviter les doublons avec un portefeuille de modèle en pleine expansion, avec les différents Range Rover, le Velar ou encore le Discovery.

On aime beaucoup… le look de baroudeur du futur

Premier bon point, ce Defender 110 nouvelle génération ne tombe pas dans le piège de la mode du Néo-Rétro facile, comme on a pu le voir chez d’autre constructeurs qui remettent au goût du jour leurs modèles emblématiques. Il ne s’agit pas de singer l’ancien Defender, mais de vraiment incarner une rupture et un engin futuriste.

Pari gagné, le look à la fois novateur et extrêmement brut, sans chichis, donne une impression de très grande robustesse. Les dimensions sont impressionnantes, quasiment 2 mètres de haut pour 2 mètre de large, pour 4,76 mètres de long (5 mètres en comptant la roue de secours arrière) ! L’engin en impose, pour de vrai.

Un nouveau look de baroudeur futuriste et des dimensions de géant des routes!
Un nouveau look de baroudeur futuriste et des dimensions de géant des routes! © AL

L’intérieur est au diapason, futuriste mais brut également. Plastiques robustes alternant gris très clair et noir (en peau de Stormtrooper, pour les fans de Star Wars…), sièges moelleux en tissus, structure intérieure faisant la part belle à la tôle à nu, avec rivets apparents… le cockpit est un vrai manifeste de l’identité du Defender. Solide, futuriste et sans fioritures. Et malgré le gabarit extraordinaire du véhicule, la visibilité est excellente avec des surfaces vitrées très importantes. La luminosité intérieure est d’autant plus agréable avec le grand toit vitré et les petites meurtrières de toit arrières, hommage à l’antique Defender.

A l'intérieur, modernité et robustesse cohabitent plutôt harmonieusement.
A l'intérieur, modernité et robustesse cohabitent plutôt harmonieusement. © AL

Au milieu du paysage automobile actuel, le Defender est donc un ovni. Mais un ovni qui en impose, même sur route ouverte! La taille impressionnante de l’engin vous fait survoler l’ensemble du parc automobile environnant.

Avec des sièges à un mètre du sol, vous dominerez quasiment tout ce qui roule, y compris l’ensemble des plus gros SUV du moment! Amusant de constater qu’en voyant arriver le Defender, la plupart des automobilistes ont tendance à s’arrêter et vous laisser passer quoiqu’il arrive: chaque rue devient quasiment à sens unique, la vôtre!

Un vrai SUV!

Au volant, les premières minutes sont assez déroutantes, tant on est obligé de prendre en compte le gabarit hors normes du Defender. Mais rapidement, on est presque surpris par la facilité des manœuvres: cet engin de près de 2,5 tonnes se conduit comme un vélo! Et les alertes de proximité, ainsi que plusieurs caméras très précises (dont un visuel très astucieux, caché dans le rétroviseur central, voir la photo ci-dessous), vous évitent le moindre accrochage de trottoir… ou de la voiture de ses voisins!

Le rétroviseur central renvoie l'image filmée par une caméra.
Le rétroviseur central renvoie l'image filmée par une caméra. © AL

Surtout, le Defender vous fait revenir au racines du concept même de SUV: acronyme on le rappel de "Sport Utility Vehicle" (véhicule utilitaire sport). Un engin fait pour le hors-piste, mais aussi bourré d’espace intérieur, d’aspects pratiques, dont un coffre géant de 500 litres à ouverture horizontale, où les enfants adoreront camper. Et d’une robustesse irréprochable. Il relèguera tout autre SUV (ou prétendu) à l’état d’aimable break surélevé.

Le coffre géant de 500 litres à ouverture horizontale
Le coffre géant de 500 litres à ouverture horizontale © AL

Etonnant dynamisme

Le temps manquant et les conditions atmosphériques (et sanitaires) étant ce qu’elles ont été en ce début 2021, impossible de vérifier pleinement les aptitudes hors-piste du Defender sur un vrai terrain d’essai.

Hormis quelques excursions sur chemin de sous-bois boueux, qui n’ont sans surprise posé strictement aucun problème de traction, la transmission intégrale permanente est irréprochable. Doublée d’un système d’assistance automatique, le Defender peut théoriquement grimper des côtes de 38%, descendre des pentes de 40%, et franchir des gués de 70 cm de haut sans aucune déperdition de traction. Des capacités extraordinaires que notre essai ne saurait remettre en question.

L'écran des compteurs du nouveau Defender.
L'écran des compteurs du nouveau Defender. © AL

Sur route ouverte, le nouveau Defender remplit parfaitement la nouvelle partie de son cahier des charges : être confortable. Très agréable à mener, même de manière assez dynamiques avec un moteur 6 cylindres essence turbo à hybridation légère, le Defender est puissant (395 chevaux), plein de couple, point capital pour un 4x4 (550 nm dès 2000 t/min), et nerveux (0 à 100 km/h en 6,1 secondes), des performances remarquables encore une fois pour un engin de 2 tonnes et demi!

Monté sur de grosses roues de 20 pouces, le Defender dispose d’une suspension pneumatique très agréable, qui vous permettra d’absorber le passage d’un gros ralentisseur comme si vous écrasiez une boulette de papier. Impressionnant!

On aime moins : attention au gabarit !

Si le Defender remplit donc parfaitement son ambitieux cahier des charges, attention toutefois à ne pas se montrer présomptueux à son volant. L’engin (on le répète), est lourd. Paramètre à prendre en compte avant de le lancer dans une phase de conduite rapide. Il faudra bien anticiper les freinages (la pédale a un toucher plutôt spongieux), les disques n’étant pas ceux d’un Porsche Cayenne ou d’un Lamborghini Urus (ce qui n’est pas un défaut, au vu de la fonction primaire du Defender).

Attention non plus à ne pas le mener trop vite en virage: si la traction intégrale et les assistances électroniques vous éviteront tout risque de retournement ou de dérapage, la suspension calibrée confort ne sera pas adaptée à des courbes trop rapide et le roulis peut se révéler important.

Sous le capot du nouveau Defender.
Sous le capot du nouveau Defender. © AL

L’excellente boite automatique 9 rapports peut se révéler un peu brusque, surtout quand le mode stop/start automatique est activé. Les démarrages, pas vraiment en douceur, nécessitent un peu de prudence.

La hauteur de l’engin est également à prendre en compte: la plupart des parkings (publics comme privés) se révèleront problématiques! Pour beaucoup limités en hauteur à 1,9m, le Defender ne pourra tout simplement pas s’y garer. Le bouton de réglage des suspensions (3 positions, haute tout-terrain, moyenne pour la route et basse pour se garer plus facilement) ne vous fera gagner que quelques centimètres de hauteur. Pendant la durée de l’essai, le Defender aura uniquement stationné dans des parkings réservés aux grands utilitaires. Précaution indispensable pour ne pas rayer le toit ou de transformer par inadvertance votre Defender en cabriolet…

A quel prix? Consommation d’un autre monde (et donc méga-malus)

Enfin, la consommation et les taux d’émissions sont aux antipodes des standards automobiles actuels. Malgré l’hybridation 48v, avec 220g de C02/Km, 9,6 litres de SP98 aux 100 kilomètres (avec une consommation urbaine qui s’envole au-delà des 15 litres aux 100km), le Defender 110 P400 est lui aussi promis au méga-malus de 30.000 euros, soit à 5000 euros près le prix d’un Range Rover Evoque de base….

L'écran des compteurs du nouveau Defender.
L'écran des compteurs du nouveau Defender. © AL

A 91.830 euros pour ce modèle First Edition tout équipé (hors malus), ne vous attendez pas à voir le Defender dans toutes les rues ces prochains moi. L’engin, davantage prisé historiquement par les grandes fortunes agricoles, les pompiers, les services de sauvetage, les armées et les forces paramilitaires du monde entier, ne devrait pas encombrer à outrance les parkings urbains. Il restera une rareté, réservé à une clientèle fortunée, qui assumera pleinement d’avoir entre les mains sans doute le meilleur franchisseur tout-temps, réincarné en SUV géant, confortable, plaisant et facile à conduire au quotidien.

Par Antoine Larigaudrie