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Essai - MX-30, l’électrique Zen de Mazda à l’épreuve de la ville

Mazda propose désormais un SUV 100% électrique dans sa gamme, le MX-30.

Mazda propose désormais un SUV 100% électrique dans sa gamme, le MX-30. - Antoine Larigaudrie

Mazda se lance enfin dans le 100% électrique… mais à sa manière, toute particulière. Que vaut le nouveau MX-30 en milieu urbain et comment se positionne-t-il sur un marché de l’électrique en pleine ébullition? Essai

Quand on s’appelle Mazda et qu’on fait face à des défis commerciaux comme ceux du marché automobile actuel, on a l’habitude de ne strictement rien faire comme tout le monde. Alors que les constructeurs partent à marche forcée vers l’électrification via des modèles hybrides rechargeables et 100% électriques, Mazda a toujours retardé l’échéance, préférant travailler avant tout à l’amélioration de l’efficacité de ses moteurs thermiques.

Mais le temps presse, et après avoir innové avec son moteur SkyActiv-X (un moteur hybride léger essence, mais sobre comme un diesel), il était temps que Mazda se lance dans le 100% électrique. Et alors que la plupart des concurrents privilégient les petites citadines ou les grandes berlines et SUV pour passer à des motorisations zéro émissions, le constructeur japonais préfère lancer un engin très singulier, le MX-30.

Le MX-30 se classe dans la catégorie des SUV compacts (4,39 mètres de long), mais son allure évoque le coupé et des lignes qui le différencient clairement au sein de la gamme Mazda.
Le MX-30 se classe dans la catégorie des SUV compacts (4,39 mètres de long), mais son allure évoque le coupé et des lignes qui le différencient clairement au sein de la gamme Mazda. © Antoine Larigaudrie

L’électrique frugal

Basé sur l’architecture du CX-30, il se présente comme un SUV coupé de taille moyenne… aux performances volontairement bridées. La puissance de sa batterie n’excède pas 35kWh (contre 52 pour la dernière évolution de la Renault Zoe). Si les grandes enseignes mondiales tentent à chaque fois d’implanter d’énormes batteries pour maximiser l’autonomie, Mazda s’est fixé un cahier des charges tout autre.

Remarquant au cours d’une vaste étude de marché que le kilométrage quotidien moyen de l’utilisateur de véhicule électrique ne dépassait pas les 50 kilomètres et principalement en ville, les responsables de la marque ont donc décidé, volontairement, d’opter pour une motorisation et une autonomie limitées, pour "réduire l’impact environnemental", aussi bien du point de vue de l’usage que de la construction. Ainsi, le chiffre de 200km d’autonomie a été retenu pour concevoir l’engin, suffisant pour couvrir les besoins théoriques de la clientèle visée.

Le résultat peut paraître un peu frustrant pour qui cherche une autonomie maximale, mais de fait, le MX-30 arrive à être un engin relativement léger pour un électrique. Il ne pèse en effet que 1,6 tonne, soit une masse à peu près équivalente à celle de la Renault Zoé, pourtant plus petite.

L’habitacle de la finition Industrial Vintage (finition de notre essai), mêle simili cuir vieilli sur les sièges (comme un fauteuil club), tissus doux, plastiques traités et même des placages de liège.
L’habitacle de la finition Industrial Vintage (finition de notre essai), mêle simili cuir vieilli sur les sièges (comme un fauteuil club), tissus doux, plastiques traités et même des placages de liège. © Antoine Larigaudrie

Le point fort: le design et le style intérieur

"Oh regarde la soucoupe!!" est sans doute la phrase que vous entendrez le plus au volant lorsque vous croiserez des enfants. Le design futuriste du MX-30 fait l’unanimité en termes d’originalité, mêlant stature de SUV, élégance d’un coupé (LE cocktail à la mode) et architecture originale, avec ses portes arrières antagonistes, reprises de la célèbre sportive Mazda RX-8.

L’accès à la large (mais pas très longue) banquette arrière est ainsi facilité. A noter que les portes avant peuvent s’ouvrir à angle droit, un aspect résolument pratique et peu courant dans la production automobile actuelle. Les superbes jantes alliage, les placages en plastique satinés à l’arrière et les feux font eux aussi l’objet d’un traitement particulier, accentuant l’esprit futuriste de l’engin.

A l’intérieur, là aussi on a affaire à une automobile hors du commun. L’habitacle de la finition Industrial Vintage essayée ici, mêle simili cuir vieilli sur les sièges (comme un fauteuil club), tissus doux, plastiques traités et même des placages de liège. Sortant l’année des 100 ans de Mazda, le MX-30 rend ainsi hommage au tout premier métier de la famille fondatrice Matsuda, à savoir la fabrication de bouchons de bouteille en liège.

L’ensemble, à la fois sobre et très bien fini, donne une impression premium marquée, très cosy. Pour les connaisseurs, on sent une inspiration design proche des boutiques Muji. Le tout est exécuté avec différents matériaux tous éco-responsables.

Une portière avant qui s'ouvre à angle droit, une portière arrière antagoniste, Mazda cultive l'originalité sur le MX-30.
Une portière avant qui s'ouvre à angle droit, une portière arrière antagoniste, Mazda cultive l'originalité sur le MX-30. © Antoine Larigaudrie

Douceur, dynamisme et ambiance uniques

L’expérience de conduite est elle aussi singulière. Si Tesla, Audi et Mercedes nous ont habitué à des engins électriques performants mais un peu loin de la route, Mazda fait là encore l’exact contraire. L’engin est raisonnablement dynamique, mais surtout l’amortissement est réglé de telle manière qu’on n'est jamais vraiment déconnecté de la route. Un plus en matière de sensations, qui n’a rien d’étonnant puisque le châssis du MX-30 est le même que celui de l’excellent SUV CX-30. Un très bon point.

Mais ce qui retient le plus l’attention au final, c’est le très plaisant bruit de soucoupe volante qui emplit doucement l’habitacle, modulé en fonction de la mise en vitesse et de l’intensité de la puissance délivrée. Loin d’être un simple gadget, il parachève l’atmosphère à la fois cosy et high-tech de l’engin, et constitue une véritable signature au milieu d’un habitacle très bien insonorisé, qui tranche avec la froideur des habituels véhicules électriques. Vraiment unique et réussi. Le tout avec un comportement tranquille et feutré la plupart du temps, dynamique juste quand il faut (0 à 100km/h en un peu plus de 9 secondes, la puissance atteint 143 chevaux), avec une excellente maniabilité en ville. En un mot: zen.

Mazda s'est basé sur une utilisation quotidienne et urbaine d'une voiture, soit quelques dizaines de kilomètres par jour. L'autonomie annoncée pour le MX-30 est donc de seulement 200 kilomètres.
Mazda s'est basé sur une utilisation quotidienne et urbaine d'une voiture, soit quelques dizaines de kilomètres par jour. L'autonomie annoncée pour le MX-30 est donc de seulement 200 kilomètres. © Antoine Larigaudrie

Le MX-30 remporte également le pari de la sobriété. Sa consommation reste relativement basse en maximisant la récupération d’énergie au freinage, grâce à des pédales au volant. Les chiffres d’autonomie paraissent tout à fait réalistes, tout comme le temps de recharge. Durant cet essai, 3h30 ont été nécessaires pour recharger la moitié de la batterie sur une borne de recharge standard avec un câble de type 2.

Le point noir: les performances

Tous les défauts de ce MX-30 sont en réalité liés à son concept même. Une autonomie volontairement limitée à 200 kilomètres (une Renault Zoé ou une Peugeot e-208 atteint désormais quasiment le double), des mises en vitesse pas vraiment décoiffantes, et l’absence de 4 roues motrices (le MX-30 est une stricte traction avant). De fait, Mazda prend un risque en imposant aux clients potentiels sa vision très personnelle de ce que doit être l’automobile électrique. Si le résultat est convaincant en termes d’expérience de conduite, le client pourrait opter pour des engins peut-être moins réussi esthétiquement mais plus efficaces, du point de vue de l’autonomie notamment, les automobilistes soucieux de passer à l’électrique ayant toujours à cœur de bénéficier du maximum d’autonomie.

De plus, Mazda avec ce MX-30 explore un micro-segment où il n’existe pas vraiment de concurrence, hormis peut-être le Peugeot e-2008 ou la DS3 Crossback E-Tense, à l’autonomie supérieure et à l’esprit un peu différent.

Autres petits points de détail, quelques plastiques d’aspect un peu fragiles (notamment autour du très joli et pratique levier de vitesse), ainsi qu’un coffre relativement petit, dû principalement à sa structure de coupé. A 366 litres maximum en configuration normale, seules une grosse valise et 2 sacs de sport pourront y prendre place. Une perte de place notable par rapport à l’équivalent thermique CX-30, qui dispose de 430 litres.

Enfin, l’espace aux places arrière paraitra peut-être un peu exigu aux passagers de grande taille, ainsi que la visibilité réduite par l’architecture de coupé encore, qui limite de fait la surface vitrée arrière

Mais à quel prix? Un équilibre-prix intéressant

Cela dit le MX-30 s’avère être une bonne affaire, comparé à ses concurrents DS3 Crossback e-Tense (39.000 euros prix de base) et Peugeot e-2008 (37.000). Facturé 33.900 euros en entrée de gamme, il grimpe jusqu’à 37.800 euros en version Industrial Vintage.. Notre version d'essai, une édition spéciale First Edition, est elle facturée 34.400 euros. Un équilibre-prix intéressant, si on prend en compte des performances techniques globalement inférieures, mais un positionnement de gamme un peu plus haut.

En bref, Mazda tente une expérience intéressante, en imposant un SUV électrique destiné à être une 2ème voiture, à usage presque exclusivement urbain. Le tout avec un positionnement premium. Un pari risqué pour la première expérience de Mazda en tout électrique, qui reste une étape indispensable à la transition de tout constructeur automobile en ce moment, mais où c’est le consommateur qui va fixer les règles en fonction de ses besoins et bien entendu de l’infrastructure de recharge existante. Dans ces segments en plein chamboulement entre choix technologiques et design, le MX-30 a son identité singulière pour frapper fort… mais ne sera sans doute pas un best-seller évident.

Le prix de ce MX-30 débute à 33.000 euros.
Le prix de ce MX-30 débute à 33.000 euros. © Antoine Larigaudrie

Le grand retour du moteur rotatif?

Mazda attend les premiers retours d’expérience de ses clients, et prépare le futur également. Quand on soulève le capot du MX-30, il est clair qu’à côté du moteur électrique se trouve un espace assez conséquent non utilisé, laissant planer l’idée d’une version améliorée.

Le président de Mazda a confirmé cela, en prévoyant dans un futur proche l’emploi d’un moteur essence rotatif (une exclusivité Mazda) qui fonctionnerait à régime constant pour charger la batterie, selon la technologie du prolongateur d’autonomie. Une solution technique que la plupart des constructeurs abandonnent (grâce à des batteries de plus en plus efficaces), sauf Mazda qui y croit encore.

Ce retour du rotatif ne soulagera pas totalement les nostalgiques de cette motorisation sportive a la sonorité unique, quand elle était utilisée comme propulsion thermique dans les RX-7 et RX-8. Mais il constitue un bon moyen de faire revivre le patrimoine maison tout en améliorant les performances de ce MX-30, décidément singulier et prometteur.

Par Antoine Larigaudrie