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Essai - Lexus LC500 cabriolet Regatta Edition: icône authentique assumée

Lexus sort pour la première fois un cabriolet avec une capote souple. Voici le LC500 cabriolet ici dans une édition limitée, la "Regatta Edition".

Lexus sort pour la première fois un cabriolet avec une capote souple. Voici le LC500 cabriolet ici dans une édition limitée, la "Regatta Edition". - Antoine Larigaudrie

La marque de luxe de Toyota décapote son emblématique GT, et célèbre l’événement avec une série spéciale aux saveurs nautiques. Drôle de mélange entre avant-garde et esprit "rétro".

Décidément les constructeurs automobiles haut de gamme sont capables de grands écarts assez étonnants pour contenter leur clientèle. Lexus, marque de luxe de Toyota et symbole de l’avant-garde à la japonaise, a toujours été à la pointe de l’innovation en termes de confort intérieur, de technologie d’aides à la conduite et de design. Le tout couronné par le meilleur de l’expertise hybride de la maison-mère, désormais disponible sur la quasi-totalité de la gamme, qui vient d’ailleurs de s’enrichir de son premier modèle 100% électrique, le SUV UX300.

La "Regatta Edition" est une version très limitée. Une vingtaine d'exemplaires seulement est destinée à l'Europe.
La "Regatta Edition" est une version très limitée. Une vingtaine d'exemplaires seulement est destinée à l'Europe. © Antoine Larigaudrie

Et pourtant... pour ce que Lexus présente comme porte-étendard de sa gamme, le constructeur a choisi un bon vieux moteur 100% thermique. Et quel moteur. Un extraordinaire V8 32 soupapes de 464 chevaux, sans turbo ni aucune aide électrique. Un saut dans le passé pour le constructeur japonais? Pas vraiment. Pour l’essentiel des marchés où ce modèle d’exception sera vendu, à savoir le marché américain, l’Asie et le Moyen-Orient, les considérations de réglementation anti-pollution importent moins.

Lexus a placé dans ce cabriolet V8 32 soupapes de 464 chevaux, sans turbo ni aucune aide électrique.
Lexus a placé dans ce cabriolet V8 32 soupapes de 464 chevaux, sans turbo ni aucune aide électrique. © Antoine Larigaudrie

Quelques modèles seront bien écoulés sur le marché européen (20 unités seulement de cette série limitée y seront vendus, celle de notre essai est probablement le seul modèle dans l'Hexagone), et leurs moyennes de consommation et d’émission CO2 (11,7l/100km et 275g/km) seront largement compensées par le reste de la gamme Lexus, majoritairement demandées désormais en version hybride. Si une telle option est possible pour le coupé LC500, le cabriolet lui est strictement équipé du V8 atmosphérique. La motorisation électrifiée ne change ici pas vraiment la donne de manière décisive en matière d’émissions et de consommation.

Depuis son lancement en 2017, Lexus a vendu 240 LC, toutes configurations confondues (Coupé, 500h et V8) dont six cabriolets. Il a été officiellement présenté en avril 2020, avec une mise sur le marché en fin d'année.
Depuis son lancement en 2017, Lexus a vendu 240 LC, toutes configurations confondues (Coupé, 500h et V8) dont six cabriolets. Il a été officiellement présenté en avril 2020, avec une mise sur le marché en fin d'année. © Antoine Larigaudrie

On aime: un concept-car équipé comme un yacht

Cette logique "Old School" tranche avec l’aspect futuriste de ce bolide. 4,70 mètres de long pour 1,90 mètre de large, l’engin est du genre massif, avec un design digne d’un concept car. Avec la BMW i8, désormais abandonnée, la Lexus LC500 Cabriolet est un chef d’œuvre de design contemporain, un des plus marquants de ces dix dernières années. Tout en angles saillants, en arêtes et en détails peaufinés.

Chaque petite pièce de carrosserie bénéficie d’un traitement particulier et semble raconter une histoire. Le tout donnant un ensemble très harmonieux et agressif à souhait, prêt à bondir, campé sur des jantes en alliage forgées de toute beauté. Et la couleur. Cette teinte bleue unique (Structural Blue, spécifique à Lexus) renforce l’impact visuel.

Ce cabriolet dispose d'une teinte inédite qui lui est réservé: le "Structural Blue".
Ce cabriolet dispose d'une teinte inédite qui lui est réservé: le "Structural Blue". © Antoine Larigaudrie

L’intérieur de cette édition limitée Regatta bénéficie d’un traitement très spécial. Quand Lexus vous dit "intérieur en cuir blanc", le sourire peut se crisper un peu, à l’idée d’un cockpit un peu… tape-à-l’œil. Mais il n’en est rien, ce cuir couleur ivoire est totalement dans la thématique du nautisme. Il renforce aussi l’impact visuel de sièges au design incroyable, rappelant les mangas "Mecha" des années 2000 (les fans d’Evangelion s’en souviendront). Enveloppants et au maintien latéral parfait, ils donnent véritablement l’impression d’être assis dans un yacht ou une embarcation de luxe.

Ce cabriolet se distingue par sa sellerie blanche.
Ce cabriolet se distingue par sa sellerie blanche. © Antoine Larigaudrie

Tout l’intérieur et l’instrumentation suivent cette logique un peu "Old School". Avec un souci du détail égal à celui qui prévaut sur le traitement de la carrosserie, jusqu’à la petite horloge de bord au décor de cadran finement ouvragé. Et aux tablettes tactiles et systèmes intrusifs, Lexus préfère que le conducteur se concentre sur le plaisir de conduite. GPS, infotainment (dont la superbe audio Marc Levinson à 13 hauts-parleurs !) et systèmes divers sont accessibles, mais via un petit trackpad tactile à côté du sélecteur de boîte.

D’un coup, on inscrit volontairement une forme de distanciation du conducteur avec les systèmes de bord, propre à une atmosphère plus zen. Dans cet intérieur immaculé (où il y a même de la moquette blanche sous les pédales conducteur !), il ne manquerait presque qu’un vase avec une orchidée fraîche. Les rappeurs américains des années 90 ont fait la promotion de Lexus à longueur de clips… Mais le client type de cette LC500 Cabriolet très spéciale ressemble plus à un Japonais fortuné ayant décidé de passer sa retraite en Sardaigne ou en Sicile.

La Lexus LC500 cabriolet Regatta Edition dispose d'un écran, mais non-tactile, il se commande avec une molette.
La Lexus LC500 cabriolet Regatta Edition dispose d'un écran, mais non-tactile, il se commande avec une molette. © Antoine Larigaudrie

Un V8 "au naturel"

La pièce maîtresse reste le moteur. Cette Regatta pousse l’analogie maritime jusqu’à imiter le bruit d’un remorqueur de haute mer quand on presse le bouton Start. Le V8 s’ébroue, de manière impressionnante. Au ralenti, il se révèle prévenant et tranquille, surtout dans les modes de conduite les plus "soft", confort et normal, avec une boite auto 10 rapports qui se révèle douce à souhait.

Mais une fois activés les modes sport et sport +, la musique devient tout autre et les accélérations vous collent au siège. La sonorité n’a pas le caractère pointu des V8 italiens, ni le coté caverneux des américains et allemands. C’est entre les deux. Une force prodigieuse, mais avec une sonorité plus veloutée et plus fine.

Ce cabriolet abat le 0 à 100km/h en 5 secondes.
Ce cabriolet abat le 0 à 100km/h en 5 secondes. © Antoine Larigaudrie

Dans ces modes, avec une boîte qui va aller chercher le haut du compte-tours, un peu au-delà des 7000t/min, l’icône de style japonais devient une vraie harpie! Avec un dynamisme de GT, claquements d’échappements et rétrogradages "avec petit coup de gaz" à l’appui.

Certes, on ne va pas aller chercher les chronos ni tenter d’aller titiller une Porsche 911 ou une Ferrari à l’accélération, mais les 5 secondes au 0 à 100km/h constituent déjà une performance fort honorable qui permet de faire le plein de sensations. Le "cruising" rapide lui va bien, et l’ensemble moteur-boîte paraît extrêmement approprié et tout à fait dans l’esprit.

Une version coupé du LC est aussi en vente.
Une version coupé du LC est aussi en vente. © Antoine Larigaudrie

Et bien sûr, le tout à l’air libre avec une capote à la cinématique impressionnante, toute en tringlerie et surfaces escamotables très stylées, repliable en 15 secondes, et même en marche jusqu’à 50km/h. Capote qui une fois refermée, reprend avec bonheur l’essentiel de l’esthétique du coupé, ne gâchant donc rien de la superbe ligne de l’engin.

On aime moins… exigeante et lourde!

Ce bijou japonais n’est pas sans quelques défauts. A commencer par la présentation de son habitacle, magnifique, mais qui vous demandera d’être extrêmement précautionneux si vous voulez éviter les pertes de sommeil dues aux salissures ou égratignures. Un habitacle à surveiller, où hélas, vous ne pourrez quasiment pas exploiter les places arrières. Ayant le mérite d’exister, elles ne pourront accueillir que de très jeunes enfants. Un supplément bagage sera plus indiqué, d’autant que le coffre est très petit (150 litres).

Son comportement, son gabarit et son poids ne seront pas l’idéal en conduite urbaine non plus. Le yacht prend alors des allures de paquebot, et instinctivement, on se met à manœuvrer très doucement pour éviter les aléas de la conduite en ville, trottoirs et autres chocs de carrosserie. Enfin, même avec un freinage irréprochable, vous serez vite rattrapés par les lois de la physique. A un peu plus de 2 tonnes (!), l’engin réclame de l’anticipation au freinage, surtout si vous sortez d’une phase de conduite dynamique.

Mais à quel prix?

Cette sensationnelle Lexus LC500 Cabriolet Regatta constitue donc un vrai hymne au plaisir de conduite à la japonaise, mêlant sérénité, performances et avant-gardisme, tout en voulant séduire une clientèle fortunée (139.990 euros) qui n’hésitera pas à se détacher un peu de la technologie pour se concentrer sur le plaisir de conduire au grand air.

Les geeks pourront passer leur chemin, laissant les automobilistes passionnés profiter de ce rare bijou, exceptionnel dans le domaine de l’exceptionnel (240 exemplaires de la LC500 toutes configuration confondues ont été écoulés l’année dernière). Alors si vous voyez passer l’un des 20 exemplaires européens de la Regatta dans la rue, faites un vœu, et même deux!

Antoine Larigaudrie