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Essai - Ford Focus ST, la berline sportive à double personnalité

Ford décline la dernière génération de Focus en version ST. Un parfait compromis entre une voiture de tous les jours et une petite bombe des routes de 280 chevaux. Plutôt sage en mode normal, la berline change de comportement en activant le mode sport... pour notre plus grand bonheur.

La quatrième génération de la Ford Focus passe en mode sport! De quoi rejoindre ses concurrentes berlines compactes sur le terrain de la performance, tout en conservant une certaine polyvalence pour un usage quotidien. Après la très réussie Fiesta ST l'an dernier, cette Focus ST était donc particulièrement attendue au tournant.

Cette couleur exclusive à la ST, "Orange Fury", contribue à l'ADN sportif voulu pour ce modèle.
Cette couleur exclusive à la ST, "Orange Fury", contribue à l'ADN sportif voulu pour ce modèle. © CGV

Mais pourquoi la Ford Focus ST?

C'était la grande force de la Fiesta ST: conserver les atouts de la citadine polyvalente, en lui donnant une dose de folie rafraîchissante dans le contexte automobile actuel. 

Même bonne impression sur sa grande sœur, la Focus, renouvelée l'an dernier. Le design a été remis au goût du jour, avec une silhouette plus dynamique et une flopée d'aides à la conduite. De quoi installer une bonne base pour cette version ST. Ce badge réapparaît donc sur la berline compacte, huit ans après la précédente lancée en 2011.

Ford prolonge ici l'histoire d'une grande lignée de berlines à fort tempérament, qui remonte à 1963 et la Cortina Lotus, avant les versions musclées de l'Escort, ou de la Mexico de 1970, avant la première Focus ST170 en 2002.

La double sortie d'échappement à l'arrière donne aussi le ton sportif de cette ST.
La double sortie d'échappement à l'arrière donne aussi le ton sportif de cette ST. © CGV

Au volant

En approchant pour la première fois de notre modèle d'essai, difficile d'y voir une version sportive tant elle est reste proche de la berline que nous avions déjà testée en version ST-Line. Pour cette remarque, on fera bien sûr abstraction de la carrosserie couleur "Orange fury", qui fait partie des teintes exclusives proposées sur cette Focus ST avec le "bleu performance". Cette teinte donne tout de même un indice visuel aux autres usagers de la route. Il sera en effet plus difficile de repérer les petits badges ST à l'avant et à l'arrière, la calandre remaniée ou encore les étriers de freins rouges.

A l'intérieur, quelques indices permettent aussi de différencier cette version sportive, avec des logos ST sur le volant à méplat, les sièges sport ou encore une inscription Ford Performance sur le seuil de portière. L'ensemble reste toutefois un brin austère. Cette relative discrétion, à l'extérieur comme à l'intérieur, fait clairement partie de la stratégie de Ford. La marque américaine veut proposer une voiture qui reste passe-partout, conservant les qualités de la Focus classique, mais avec un comportement bel et bien sportif. Ne reste plus qu'à presser le bouton start & stop pour s'en rendre compte...

Le son au démarrage se révèle prometteur. Cette Focus ST dispose en effet sous son capot du moteur 2,3 litres de la précédente Focus RS et de la Mustang version 4 cylindres. Remanié, il développe tout de même 280 chevaux et offre un couple de 400 Nm. De quoi permettre une réactivité à l'accélération record dans la catégorie, promet Ford.

Et les premiers kilomètres à bord confirment que la Focus est entrée dans une nouvelle dimension. Jusqu'ici proposée en essence avec des moteurs 3 cylindres offrant jusqu'à 125 chevaux de puissance, le gain de puissance n'est pas négligeable et le comportement d'emblée plus incisif. La direction est précise et les suspensions pilotées présentent un bon compromis entre confort et fermeté. 

Sous le capot, le moteur 2,3 litres déjà vu sur la Focus RS ou la Mustang EcoBoost.
Sous le capot, le moteur 2,3 litres déjà vu sur la Focus RS ou la Mustang EcoBoost. © CGV

Une fois arrivé sur les petites routes sinueuses de l'arrière-pays niçois, c'est l'occasion de voir vraiment ce que cette Focus ST a dans le ventre. Il y a justement un mode sport à disposition... une fois pressé le bouton magique sur le volant (voir "LE truc en plus"), c'est un tout autre visage qu'on découvre: moteur encore plus réactif, suspensions et direction durcies et pour couronner le tout une sonorité à l'échappement décuplée. Pétarades lors des passages de rapport, avec, au passage, la boite manuelle 6 vitesses qui fait parfaitement le job, et "ratata" en décélérations, de quoi se sentir presque sur une spéciale de rallye. 

"Les bruits d'échappement ne sont pas artificiels, ils sont juste amplifiés par le système d'enceinte", nous a confirmé Leo Roeks, directeur de Ford Performance en Europe. 

Offrant donc de belles sensations sans être pour autant un pilote, le comportement reste extrêmement rassurant et invite donc à prendre du plaisir sans se faire peur. Sur ce modèle, Ford a notamment introduit un différentiel à glissement limité électronique. Capable d'anticiper les pertes d'adhérence, il permet des sorties de virage serré bien plus efficaces.

De retour en ville, nous repassons en mode normal pour constater que la Focus ST conserve bien les atouts de la quatrième génération de la compacte, avec un haut niveau d'équipements, l'affichage tête haute se révélant d'ailleurs aussi utile pour surveiller sa vitesse et les indications de vitesse sans quitter la route des yeux dans ce contexte de jungle urbaine comme à rythme soutenu sur les routes de montagne. 

Pour les plus joueurs, un mode circuit est également proposé sur la Focus ST. Nous n'avons malheureusement pas eu le temps de le tester. Il propose notamment le "launch control" pour des départs canons, avec un 0 à 100 km/h annoncé en 5,7 secondes.
Pour les plus joueurs, un mode circuit est également proposé sur la Focus ST. Nous n'avons malheureusement pas eu le temps de le tester. Il propose notamment le "launch control" pour des départs canons, avec un 0 à 100 km/h annoncé en 5,7 secondes. © Ford

Du côté des aides à la conduite, le régulateur de vitesse adaptatif (qui ralentit la voiture automatiquement en fonction du comportement du véhicule roulant devant nous) reste un équipement appréciable, même en boite manuelle, et contribue au confort de conduite dans une circulation dense.

En revanche, le maintien dans la voie n'a pas une grande utilité. Il agit plutôt comme une alerte de franchissement de ligne. Pour profiter de la conduire autonome de niveau 2 (régulateur adaptatif et maintien dans la voie), il faudra attendre la version équipée de la boîte de vitesse automatique 7 rapports qui sera proposée à partir du mois d'octobre.

"LE" truc en plus: à un bouton du bonheur

Si l'habitacle de cette Focus ST manque un peu d'une ambiance réellement sportive, Ford n'a pas oublié le volant. Ce dernier dispose en effet d'un bouton de sélections des modes ("Normal", "Sol glissant", "Sport" et "Circuit"). Pratique, il évite de chercher autour du levier de vitesse, ou sur le tableau de bord, ce qui est le cas d'ordinaire chez les concurrents généralistes. Sans aller jusqu'au raffinement d'un magnetino Ferrari ou des sélecteurs chez Porsche ou Mercedes, ce raccourci se présente déjà comme un détail appréciable. 

Ce bouton "Mode" est complété par un deuxième, avec un "S" pour sport en rouge également qui permet de l'activer instantanément. Seul regret, il n'a plus aucune utilité une fois justement ce mode sport activé, alors qu'on aurait aimé un retour en "normal" par exemple. Pour cette dernière opération, il faut repasser par le bouton de sélection des modes et regarder le petit écran au centre des compteurs.

Le fameux duo de boutons magiques en rouge, S pour Sport et Mode.
Le fameux duo de boutons magiques en rouge, S pour Sport et Mode. © Ford

Le chiffre: 34.150

C'est, en euros, le prix de départ (encourageant) de cette Ford Focus ST. Face à ses principales concurrentes, Renault Mégane RS, Peugeot 308 GTI et Seat Leon Cupra, il n'y a pas photo, c'est tout simplement la plus abordable. Mais cette longueur d'avance est rapidement effacée par le malus écologique sur le marché français. C'est le contrecoup du moteur 2,3 litres, et d'un poids un peu élevé à 1,5 tonne avec 179 g/km de CO2 en émission. Il faut donc ajouter 7.073 euros à la facture finale.

La barre des 40.000 euros étant passée, on précisera également que notre modèle d'essai était équipé de plus de 5.000 euros d'options. Certaines ont clairement contribué au plaisir de conduite, comme le pack performance (avec la suspension pilotée et le mode circuit) à 1.200 euros. La note finale tourne donc davantage autour des 46.000 euros. ce chiffre élevé se rapproche ainsi logiquement de la concurrence.

Le bilan consommation de notre essai: 14 litres aux 100, ce qui reste assez logique quand on adopte une conduite sportive.
Le bilan consommation de notre essai: 14 litres aux 100, ce qui reste assez logique quand on adopte une conduite sportive. © JB
Julien Bonnet, avec Camille Gomez Virseda