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Motos, scooters: le contrôle technique pourrait devenir obligatoire dès 2022

Le contrôle technique pour moto pourrait devenir obligatoire en France dès 2022. Cette mesure européenne est contestée par les associations de motards

Le contrôle technique pour moto pourrait devenir obligatoire en France dès 2022. Cette mesure européenne est contestée par les associations de motards - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

Une directive européenne imposera dès 2022 un contrôle technique pour les deux et trois roues motorisés pour réduire accidents, pollution et bruit. Les associations de motards rejettent ces arguments et tentent d'échapper à la mesure.

L'échéance approche à grand pas. En 2022, le contrôle technique pour les motos, scooters à deux ou trois roues devrait devenir obligatoire en France. Une directive européenne veut imposer une procédure pour réduire les risques d'accident et réduire les pollutions sonores et les émissions de CO2. L'Union européenne voulait l'application de cette directive dès 2020, mais la France avait obtenu un délai de 2 ans.

Dès l'an prochain, cependant, les propriétaires pourraient devoir faire vérifier les éléments de sécurité de leur engin (frein, éclairage, pneus, direction, structure du cadre, pollution sonore et émission) dans un atelier agréé. Ces contrôles devront être faits tous les deux ans pour les véhicules de plus de 4 ans à partir des 125 cc. Ils seront aussi obligatoires pour la revente d'un véhicule.

Cette mesure, validée par le Parlement européen, est fermement contestée par les associations de motards. Bruxelles la justifie par les risques d'accidents causés par des engins mal entretenus. Selon la Commission européenne, 22.800 personnes sont mortes et quelque 135.000 ont été gravement blessées en Europe en 2019.

Accidents, pollution et bruit

La Fédération française des motards en colère (FFMC), membre de la Fema (fédération européenne des associations de motards) rejette cet argument.

Personne ne remet en cause la nécessité pour un deux-roues à moteur circulant sur les routes d’être dans un bon état de fonctionnement", a réagi la FFMC dans un communiqué. Mais l'organisation estime que cette mesure est un "cataplasme sur une jambe de bois" et que "les personnes qui préconisent la mise en œuvre d’un contrôle technique moto ne connaissent rien à la moto".

Un rapport de la Fema note que les causes principales d'accidents sont la vitesse excessive, la prise de risques, l'inexpérience ou encore des aménagements routiers (chaussées dégradées, revêtements glissants...). Dans un communiqué, la FFMC rappelle qu'en France seulement "0,3% des accidents de deux-roues motorisés sont directement causés par une défaillance technique du véhicule".

Elle affirme qu'il n'y aura aucune "amélioration du risque moto par la mise en œuvre d’un contrôle technique". La FMMC indique aussi que dans des pays qui ont introduit un contrôle technique, comme l’Allemagne ou l’Italie, le nombre d’accidents a augmenté.

Les deux-roues sont entretenus pour une raison très simple, si les engins ne sont pas entretenus, les motards risquent leur vie. Ils font un entretien bien plus sérieux que les automobilistes", expliquait à BFM Business Didier Renoux, responsable de la communication de la FFMC.

Concernant la pollution, les motards en colère rappellent qu'en "7 ans, trois mises à jour successives des normes européennes de pollution" réduisant les émissions de monoxyde de carbone "de 94% et les oxydes d’azote de 50%".

Quant au bruit, la FFMC propose de s'appuyer sur des contrôles périodiques afin de vérifier la conformité des équipements, notamment les pots d'échappement.

Malheureusement les niveaux de bruits excessifs constatés en moto sont principalement liés à l’utilisation de dispositifs non homologués".

Une possibilité de déroger à cette obligation?

Enfin, la FFMC craint la fin de la personnalisation des motos par des accessoires (pare-brises, pare-mains, sacoches, feux, rétroviseurs, "top-case", …) visant à améliorer le confort, la sécurité, les performances ou l’esthétique. En effet, pour revendre une moto, il faudra la remettre dans son état d'origine. Ce dispositif "sonnera le glas de tout un ensemble d’équipementiers revendeurs d’accessoires".

En attendant, rien n'est fait. La mise en œuvre doit désormais être ratifiée en réunion plénière par le Parlement européen. Ensuite, la Commission européenne devra rédiger une directive révisée, ce qui prendra du temps, sans doute 2-3 ans.

Cette nouvelle directive sera également discutée au Parlement européen et au Conseil. Cela prendra du temps, il n’y aura aucun changement immédiat", rassure la FFMC.

D'autant qu'avant d'imposer cette mesure, il faudra disposer de centres agrées dans toutes la France comme ceux spécialisés dans les voitures. Pour la FFMC, "le maillage territorial est impossible. Certains devront faire une centaine de kilomètres pour se rendre dans un centre de contrôle", estime la FFMC qui a adressé un courrier à Anne Lavaud, déléguée générale à la prévention routière, pour réclamer la non-application de cette mesure en France.

"Les Etats membres de l'Union européenne ont possibilité de déroger à cette obligation à certaines conditions que nous nous proposons d'étudier avec vous", propose la FFMC à la déléguée.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco