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2 roues

Les ventes de motos électriques ne décollent pas en France

Si les petits scooters électriques trouvent une certaine audience dans les grandes villes, les ventes de plus gros modèles ne décollent pas, entre absence de modèles chez les grandes marques et manque d’appétence des motards.

Le moteur électrique peine à trouver son public parmi les conducteurs de deux-roues. Alors que 13,3% des voitures vendues étaient électriques en 2022, selon les chiffres de la Plateforme automobile, seuls à peine plus de 3% des deux-roues écoulés l’an dernier étaient des modèles zéro émission. En 2022, sur près de 183.000 motos et scooters immatriculés en France, l’électrique ne représentait que 5661 engins.

Des ventes en hausse chez les spécialistes

Pourtant, les planètes semblaient alignées pour booster les ventes d'électriques. L’offre a commencé à s’étoffer avec plus de constructeurs, notamment des marques spécialisées. Ces dernières ont d’ailleurs progressé l’an dernier: +447% pour SuperSocco et +78% pour Zero. Dans les scooters de 50 et 125 cc, c’est aussi un démarrage en trombe avec 264 ventes chez Zeway, 636 chez Niu, 365 chez Motron et 212 chez eBroh. Des chiffres qui en volume restent cependant presque confidentiels.

Spécialiste du deux-roues avec sa division Motorrad, BMW tire également son épingle du jeu avec son nouveau gros scooter électrique CE-04 et fait figure d’exception dans un marché bien compliqué. Avant le lancement, le carnet de commandes était plein et BMW prévoyait d’en vendre environ 1500 en 2022. Ils en ont vendu un millier de plus, soit un véritable carton. En 2022, le CE-04 a été la 11e meilleure vente des deux-roues tous confondus en France.

La Harley électrique n'a pas trouvé son public

Autre argument qui pourrait soutenir cette transition vers l’électrique: la sensibilité autour des problèmes environnementaux adossée à une législation qui favorise l’usage des scooters et motos électriques en ville, notamment en les excluant du stationnement payant en ville. Mais cette législation n’a boosté que les ventes de scooters de faible cylindrées, qui, avec un ticket d’entrée de 1500 euros, sont même devenus des concurrents des vélos électriques.

Force est de constater que sur un véhicule qui reste avant tout un véhicule passion, les motards ne veulent pas passer à l’électrique. Et les grands constructeurs, japonais ou européens, ne semblent pas croire à leur métamorphose.

À ce jour, hormis BMW, seul Harley-Davidson s’est officiellement lancé dans l’aventure de la moto électrique avec la LiveWire. En 2022, il en a à peine vendu 600. Dans le monde entier. Un résultat commercial à des années-lumière des ventes de motos thermiques enregistrées qui flirtent avec les 200.000 unités vendues dans le monde.

Les grandes marques attentistes

Comme l’expliquait à BFM Business un spécialiste du secteur, tant que les quatre géants japonais -Honda, Yamaha, Suzuki et Kawasaki- ne s’y mettent pas, la moto électrique ne décollera pas.

Et s’ils s’y mettent ce n’est pas pour tout de suite. Fin 2021, avant les tensions internationales causées par la guerre en Ukraine, Kawazaki avait promis de présenter une dizaine de modèles électriques dès 2025. Le constructeur japonais pourrait démarrer par une moto hybride avant d’aller sur du 100% électrique. Le prototype d'une Ninja 400 thermique/électrique est en préparation pour allier l'expérience du son et des vibrations du moteur tout en apportant une réponse à l'ère neutre en carbone.

En Europe, l’Italien Ducati travaille sur la MotoE, une moto électrique taillée pour la compétition. Mais pour le grand public, il faudra attendre quelques années avant que la technologie ne s’améliore en termes de performances, d’autonomie et de poids.

Pascal Samama avec Pauline Ducamp