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2 roues

Le marché des deux-roues reste freiné par les pénuries de pièces, selon les constructeurs

La situation ne devrait pas retrouver un niveau d'activité normal "avant plusieurs mois"

La situation ne devrait pas retrouver un niveau d'activité normal "avant plusieurs mois" - ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Pénurie de composants électroniques, stationnement payant et télétravail ont contribué à faire chuter les ventes de deux roues motorisés en 2022. Ce marché a reculé de 8% en 9 mois.

La pénurie de composants électroniques, mais aussi dans de grandes villes comme Paris, le stationnement payant, ont durement affecté les ventes de de motos et scooters. En France, ce marché a reculé de 8% au cours des 9 premiers mois de l'année, avec 145.760 unités.

Au cours de l'année 2021, le marché avait progressé de près de 6% avec 311.709 immatriculations, propulsé à des niveaux record par la crise sanitaire. Sur les neuf premiers mois de l'année 2022, Honda se place en tête des ventes avec son Forza 125, devant le gros scooter TMax et la moto MT07 de Yamaha.

"L'activité est pilotée principalement par les difficultés logistiques et industrielles que connaissent à des degrés divers l'ensemble des constructeurs de deux-roues motorisés, tout comme l'ensemble de la filière automobile", a indiqué la Chambre syndicale de la profession (CSIAM) dans un communiqué.

La situation ne devrait pas retrouver un niveau d'activité normal "avant plusieurs mois", souligne la CSIAM. Mais les délais de livraison se sont stabilisés et les clients "acceptent d'avoir trois ou quatre mois de délai", a précisé Vincent Thommeret, président de Yamaha Motor France et de la branche deux-roues du CSIAM, lors d'une conférence de presse.

Le ralentissement touche moins les grosses cylindrées, qui ont été davantage protégées par les constructeurs. Et si certains acheteurs ont pu reporter leur achat à cause d'incertitudes sur leur budget, "il y a une clientèle aisée qui roule le week-end, et qui est moins tributaire des soubresauts économiques", a souligné Jean-Luc Mars chez Triumph.

Stationnement payant et télétravail

En région parisienne, le marché des scooters électriques a fortement progressé pendant l'été avec l'instauration du stationnement payant pour les deux-roues thermiques dans les rues de la capitale.

Si l'on y ajoute le développement du télétravail, "il y a une conjonction de phénomènes négatifs pour les (petits) scooters thermiques", a souligné Lionel Favre chez Peugeot Motocycles. Et du côté des électriques, ce sont pour l'instant "les marques chinoises qui tirent leur épingle du jeu", avec des offres au rabais, a-t-il remarqué, tandis que les vélos et trottinettes électriques sont également devenus des concurrents directs.

Alors que les voitures se tournent massivement vers l'hybride et l'électrique, le monde du deux-roues défend aussi sa capacité à s'adapter aux impératifs écologiques, que ce soit avec des deux-roues électriques (qui ne représentent encore que 5,6% des ventes) ou des carburants alternatifs, encore en développement.

"On va repenser nos 'business models'", a souligné Vincent Thommeret, citant notamment la location de motos et les flottes de scooters partagés. Mais pour défendre sa place dans les rues, les professionnels veulent surtout convaincre les pouvoirs publics que "prendre un deux-roues de 120 kilos pour se déplacer est une forme de sobriété", remplaçant une voiture sur les trajets du quotidien, a-t-il souligné.
PS avec AFP