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Dans certains départements, obtenir une date pour passer le permis peut prendre des mois

Dans certains départements, il faut attendre plusieurs mois avant d'obtenir une date de présentation à l'examen pratique du permis de conduire.

Dans certains départements, il faut attendre plusieurs mois avant d'obtenir une date de présentation à l'examen pratique du permis de conduire. - AFP

Difficile d’obtenir une date d’examen avant plusieurs mois dans certains départements. Le retard pris à la suite des trois mois de confinement s'avère compliqué à rattraper.

Une date de passage d’ici la fin de l’année, voire en 2021. Passer rapidement son examen pratique du permis de conduire en Seine-Maritime ou en Dordogne relève du parcous du combattant, comme le relève la presse locale.

"Par exemple aujourd’hui, une personne qui vient et qui a son code, qui veut passer le permis, je suis sur décembre..., explique à France Bleu Dordogne le 11 août Marina Masgonty, gérante de l'auto-école Zebra située à Périgueux. Au début je pensais avoir rattrapé tout mon retard fin septembre, et là en fait toutes les places de septembre octobre sont déjà attribuées".

49 jours de délai médian pour repasser le permis

Cet engorgement inédit fait suite au confinement. Sur tout le territoire, 350.000 examens n’ont pas pu être passés entre la mi-mars et début juin. Le ministère de l’Intérieur ne communique pas de chiffres sur le nombre d’élèves qui doivent encore rattraper l’examen sur ces 350.000 examens prévus.

En revanche, nous précise-t-on au ministère de l'Intérieur, "le délai médian d'attente d'une place d'examen a augmenté de 7 jours au niveau national pour passer de 42 à 49 jours, ce qui correspond à la prise en compte des 70 jours d'interruption de l'activité dans le calcul de cet indicateur". Ce délai de 49 jours ne concernent cependant que les candidats qui ont déjà passé au moins une fois le permis et ont échoué, pas ceux qui le passent pour la première fois. Pour ces derniers, le ministère ne communique aucune donnée. Déjà disparate entre les différentes départements, la situation à l'intérieur d'un même département évolue également selon chaque auto-école, sans parler des inscrits aux auto-écoles en ligne.

L'organisation des examens dépend en effet du nombre d'inspecteurs disponibles. Les délais d'attente pour une présentation dépendent aussi de la demande, soit du nombre d'élèves prêts à passer leur examen. Les auto-écoles notent de nombreuses inscriptions à la sortie du confinement.

Entre le rattrapage pour ces candidats qui devaient passer leur permis en mars ou en avril et les créneaux à débloquer pour les nouveaux candidats prêts depuis le déconfinement, des directeurs d’auto-écoles comme des élèves tirent la sonnette d’alarme.

90.000 places d'examens supplémentaires

Des mesures ont pourtant été prises au déconfinement pour permettre aux candidats lésés par le confinement de passer l’examen.

"Nous avions travaillé avec la délégation à la sécurité routière, mis en place 70.000 places d’examen supplémentaires d’ici la fin de l’année, les budgets ont été débloqués par Bercy", nous explique Patrice Bessone, président de la branche auto-écoles au Conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA).

20.000 places supplémentaires avaient déjà été débloquées en urgence, soit 90.000 places d'examen supplémentaires. Des passages de permis le samedi ont été mis en place avec des inspecteurs au permis de conduire volontaires. L’examen lui-même a été aménagé en supprimant par exemple les questions afin d’assurer le même nombre de passage par jour par inspecteur qu'avant le confinement (treize candidats) tout en respectant les obligations sanitaires de désinfection des véhicules.

"Seuls 40% des départements ont joué le jeu, notamment en Ile-de-France, par exemple en Seine-Saint-Denis, ou dans le Nord et l'Est de la France", se désole Patrice Bessone.

Selon le CNPA, dans ces départements, la situation devrait revenir à la normale en novembre. Mais dans les autres, les candidats ne devraient pas retrouver des délais de présentation à l’examen plus raisonnables.

Les congés estivaux influent aussi sur les plannings d’examens. "Ce dispositif de 90.000 places supplémentaires ne suffit pas, assène Philippe Colombani, président du syndicat UNIC (Union nationale des indépendants de la conduite). S’il y a plus de places mais qu’il y a moins d’inspecteurs, à la fin, ce sont des places en moins. Mais c’est un problème chronique depuis 30 ans, il n’y a pas assez de place d’examens et rien n’est fait pour régler le problème".

"Les difficultés sont derrière nous"

Le constat n’est pas aussi sombre du côté de l’Unsa-Saneer (Syndicat automone national des experts de l’éducation routière). "Les services de l’Etat ont mis les moyens, l’enveloppe budgétaire a été débloquée pour des places d’examen supplémentaires, nous avons rappelé des inspecteurs à la retraite, une douzaine ont répondu présent", nous explique Christophe Nauwelaers. Pour le secrétaire général, la situation reste cependant à surveiller.

"Pendant la crise du Covid, beaucoup de jeunes ont travaillé leur code, l’ont passé au déconfinement, il y a un afflux de candidatures à la formation, poursuit Christophe Nauwelaers. A la rentrée, il pourrait y avoir une tension sur les délais d’examens".

En Seine-Maritime, où les délais d'attente ont explosé, le service public en charge de l’éducation routière dans le département se veut rassurant.

"On va vers du mieux", confie Thibaut Sarrazin, chef de service en charge de l’éducation routière à la direction départementale interministérielle des territoires et de la mer.

Un plus grand nombre d’examens seront organisés en septembre dans le département, grâce à l’arrivée de deux nouveaux inspecteurs. Point positif: cet été, 80% des examens ont été assurés dans le département avec un taux de réussite meilleur que l’an dernier, 65% en juin et juillet contre 57% en 2019. "Les difficultés sont derrière nous, mais nous ne rattraperons pas rapidement le retard pris sur le passage des examens avec le confinement", explique cependant, réaliste, Thibaut Sarrazin.

"Ce n’est pas parce qu’on reste deux mois sans conduire qu’on a tout oublié"

Pour les candidats qui doivent encore patienter avant d’avoir leur date de présentation à l’examen, multiplier les heures de conduite chaque semaine (et donc alourdir la facture finale) ne sert à rien, selon plusieurs moniteurs.

"Je conseille à mes élèves de s’inscrire à la conduite supervisée, pour continuer de conduire régulièrement mais gratuitement sous la supervision de leurs parents, nous détaille Philippe Colombani. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on reste deux mois sans conduire qu’on a tout oublié. Faire une heure par une semaine en attendant d'obternir une date ne sert à rien. Mieux vaut garder son argent et faire 4 à 5 heures de conduite quelques jours avant l’examen".

En 2018, 836.000 candidats ont obtenus leur permis B.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web