Comment la filière automobile française veut accélérer sur l'électrique
Les marges plus encore que les volumes. Alors que le 12 octobre, Emmanuel Macron a donné comme objectif à la filière automobile française de produire 2 millions de véhicules hybrides et électriques en France, à l’horizon 2030, la filière a esquissé ce mardi une feuille de route avant tout tournée vers la "valeur ajoutée".
Leadership sur un modèle économique vert
A écouter le millier de professionnels réuni ce mardi à Paris pour la deuxième journée de la filière auto, organisée par la Plateforme de la filière automobile (PFA), son syndicat, cette valeur ajoutée doit irriguer toutes les usines françaises, au-delà de l’assemblage même des véhicules chez les constructeurs. Ce qui demande au secteur un virage considérable pour arriver à produire en France des batteries, mais aussi des moteurs électriques, de l’électronique de puissance, des cathodes tout en revoyant les métiers des fonderies.
Et en emmenant les sous-traitants dans ce tournant afin de préserver l’emploi. "C’est un pari clé puisque l’écosystème fournisseurs dépendra de trois paramètres: le nombre de véhicules produits en France, la nature du mix moteur et la compétitivité coûts pour offrir des coûts compétitifs aux grands équipementiers français", a résumé François Liotard, DG de Lisi Automotive.
Cette transformation doit mener la France et l’Europe à "prendre le leadership sur un modèle économique vert", face aux géants chinois et américains, a expliqué en préambule le directeur général de Renault, Luca de Meo.
17 milliards d'euros sur cinq ans
Renault a déjà dévoilé son projet de pôle industriel dans le Nord, dédié à la voiture électrique. Stellantis a dévoilé ce mardi ses ambitions pour tourner ses usines françaises vers la production de voitures électriques. Mais reste ensuite à déterminer comment la filière dans son ensemble va aborder ce virage, et là, les pistes manquent. Cette "opportunité majeure" de la voiture électrique, comme la qualifie Luca de Meo, a de plus un coût.
"Nous estimons à 17 milliards d’euros le besoin de CAPEX à 5 ans pour être encore dans la course à ce nouveau monde de l’automobile, indispensable pour garantir notre souveraineté technologique", a expliqué en préambule le président de la PFA Luc Chatel.
"La mise en œuvre de cette feuille de route nécessitera des accompagnements […], nous allons avoir besoin des pouvoirs publics et nous avons présenté ce projet au gouvernement, au président de la république", poursuit Luc Chatel.
Au-delà des sommes colossales pour se transformer et d’une communication à améliorer entre constructeurs et équipementiers se pose une question cruciale: celle des clients.
"C’est un bon objectif de produire deux millions de voitures mais pour pouvoir réussir en France, il y a un objectif complémentaire: il faut que nous vendions et pas uniquement en France, mais que nous allions à la conquête de l’ensemble des territoires que nous pouvons conquérir par la qualité de nos voitures, a mis en avant Claude Cham, président de la Fédération des industries, des équipements pour véhicules (FIEV). La France est aujourd’hui structurellement un petit marché".