Comment l’intelligence artificielle investit les 24 Heures du Mans

Comme dans d’autres disciplines de sport automobile, le numérique est de plus en plus présent. Exemple chez Peugeot qui utilise l’intelligence artificielle pour mettre au point la 9X8.

Le Mans, laboratoire technologique de l’automobile, Le Mans également laboratoire numérique. Comme dans d’autres disciplines, le championnat d’endurance se base de plus en plus sur les données, la simulation et l'intelligence artificielle pour développer la voiture, l’utiliser en course et l’améliorer tout au long de la saison. C’est notamment le cas chez Peugeot.

Développer voiture et simulateur

La marque revient en 2023 après une dizaine d’années d’absence dans une toute nouvelle catégorie, celle des hypercars. Pour concevoir la 9X8 alignée ce week-end sur la grille des 24 Heures, Peugeot a beaucoup travaillé grâce à la simulation informatique. Avant de faire des essais physiques avec la voiture.

"Nous avons fait beaucoup d’essais virtuels, nous avons développé le simulateur pratiquement en même temps, avec un effort qui a été mis en œuvre pour rendre cette simulation la plus proche possible de la réalité", nous explique Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport.

Un peu d’intelligence artificielle

La marque s’est ensuite adjoint l’intelligence artificielle pour faire progresser de concert voiture et simulateur, après les premiers essais en conditions réelles. "L’un des enjeux est de parfaitement corréler ce simulateur avec la réalité", résume Jean-Marc Finot, vice-président en charge du sport automobile chez Stellantis.

"Quand nous faisons des essais, nous mesurons plus de 500 données en continu sur la voiture –comme des accélérations latérales, verticales, des variations de vitesse- et après, il faut gérer ces données, poursuit-il. Nous avons donc défini une "data lake" (un emplacement de stockage centralisé, ndlr), dans lequel sont versées les données et qui fait des calibrations automatiques pour recaler le simulateur et retrouver cette réalité sur le simulateur pour faire la mise au point de la voiture, entraîner les pilotes, définir les paramétrages qui seront ensuite testés au banc et retourneront au final sur la voiture".

Reproduire certaines données manquantes

Le numérique appuie aussi la mise au point de la 9X8 pour la course. "On ne règle pas 100% sur simulateur, mais on ferme déjà des portes, on prend des options de réglages que nous pourrions essayer après dans le temps de piste, qui est quand même relativement limité, confie Olivier Jansonnie. Et puis, cela permet aussi de réviser un certain nombre de procédures sur la voiture".

L’intelligence artificielle est aussi utilisée pendant la course, pour les gestions de stratégies. "On utilise l’intelligence artificielle pour la reproduction de certains signaux, nous confie Jean-Marc Finot. Par exemple, certains capteurs peuvent être utilisés en essai, mais pas en course, donc on sait reconstruire les informations et avoir des capteurs virtuels pour avoir l’information disponible sans avoir de capteurs".

De quoi notamment gérer les stratégies de gestion d'énergie, cruciales sur les hypercars aux motorisations hybrides à haute performance.

https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web