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Comment fonctionnent les parkings relais gratuits aux portes de Paris

2600 places accessibles gratuitement dans 30 parkings aux portes de Paris, c'est le dispositif mis en place jusqu'à fin juillet.

2600 places accessibles gratuitement dans 30 parkings aux portes de Paris, c'est le dispositif mis en place jusqu'à fin juillet. - Indigo

La maire de Paris Anne Hidalgo avait annoncé la mise en place de parkings relais pour accueillir les Franciliens ayant troqué les transports pour leur voiture après le 11 mai. Avec un trafic encore réduit, ces 2600 places de stationnement ne semblent pas prises d'assaut.

C'est un concept qui peut séduire en particulier des habitants de proche banlieue et au-delà travaillant dans Paris: le parc-relais. Un parking, situé près d'une gare de métro ou de RER, permet comme son nom l'indique de faire le relais entre voiture individuelle et transports en commun. 

Des places gratuites aux portes de Paris

Avec la crise sanitaire et la perspective d'un déconfinement progressif synonyme d'utilisation moins importante des transports en commun, un accord a été conclu début mai par la Fédération nationale des métiers du stationnement (FNMS), qui représente notamment les gérants de parkings, et la mairie de Paris. Objectif: décupler le nombre de places disponibles aux abords de la capitale, afin d'accueillir les Franciliens qui troqueront les transports en communs contre la voiture pour rejoindre Paris. 

Plus de 2600 places réparties dans 30 parkings (Indigo, Saemes, Interparking, Q-Park, SAGS, Effia...) sont donc réservées et accessibles gratuitement pour les titulaires d'un pass Navigo en cours d'abonnement actif, depuis le 11 mais et jusqu'au 31 juillet. Elles viennent s'ajouter aux près de 1000 places déjà proposées avec des abonnements à tarif préférentiel dans des parkings aux différentes portes de Paris depuis fin 2018. 

Pour bénéficier de cet abonnement gratuit, il faut fournir un justificatif de domicile prouvant que l'on réside à au moins à deux stations de métro ou à une station de RER de distance du parc concerné, une copie du certificat d’immatriculation, (l’offre étant réservée aux véhicules personnels, à l’exclusion des véhicules de société), son attestation carte Navigo et une attestation employeur (le lieu de travail devant lui aussi se trouver au moins à deux stations de métro ou à une station de RER de distance du parc visé).

Des conditions d'accès qui visent un public large et surtout de limiter l'entrée de véhicules dans le coeur de la capitale. 

"C'est un moyen pour Anne Hidalgo de limiter l'afflux de véhicules dans le centre de Paris. Si le stationnement était resté gratuit comme ce fut le cas pendant le confinement, la mairie craignait ce scénario noir. Le retour à un stationnement payant en voirie mais en proposant cette solution de parcs-relais permet d'offrir une solution attractive, car sans coût supplémentaire pour se garer, à ceux qui travaillent à Paris sans y habiter", résume Jean-Laurent Dirx, président des parkings SAGS et de la FNMS.

Un contexte de parkings vides

Si ces places sont bien gratuites pour les abonnés Navigo, les gérants de parking reçoivent de leur côté une compensation de la part de la région. De quoi limiter un peu la casse d'un secteur qui a logiquement subi une forte baisse d'activité, en lien avec l'effondrement du trafic automobile depuis le début de la crise sanitaire.

"Certains de nos parkings situés près de lieux où se déroulent en permanence de grands événements, comme celui situé près du parc des expositions Porte de Versailles, se retrouvent quasi-vides depuis le début du confinement", nous explique Benjamin Voron, directeur de la communication d'Indigo.

En complément de ces places en parcs-relais, l'entreprise propose aussi depuis peu une "offre spéciale déconfinement" avec des pass journées à prix cassé. Indigo cherche aussi à fidéliser ses clients: les nouveaux abonnés reçoivent ainsi des crédits à utiliser dans d'autres parkings. 

"Une goutte d'eau"

Difficile toutefois de mesurer le succès rencontré ou non par le dispositif. Sur les deux premières semaines depuis le 11 mai, ces nouvelles places offertes aux abonnés Navigo restaient pour la plupart vides, nous ont confié plusieurs gérants de parkings. Parmi les motifs évoqués, un manque de communication sur cette possibilité permettant de combiner voiture et transports en commun et des formalités entourant le demande d'abonnement qui peut dissuader les titulaires d'un pass Navigo d'entreprendre cette démarche. 

Pour Henri de La Porte, fondateur de Parking Map, une start-up spécialisée dans le parking connecté, il s'agit toutefois d'un premier pas encourageant dans le développement de cette nouvelle offre:

"Réussir à réunir les exploitants autour d'une table pour déboucher sur une offre gratuite, c'et déjà très positif. Il faut toutefois rappeler que dans les faits, 2600 places cela reste une goutte d'eau pour la région. Paris est à la traîne sur ce système de parcs relais gratuits ou à tarifs préférentiels, cela doit être une des pierres des nouveaux schémas de mobilité. Sortir la voiture de Paris, c'est maintenant acté, mais il est essentiel de trouver des places à ces véhicules qui resteront donc aux portes de la capitale."

Pour lui, il faudrait notamment puiser dans des réservoirs de places existants, comme celles laissées libres par les locataires du bailleur social Paris Habitat. Il y aurait en effet plus de 8000 places libres, soit environ 18% du parc total liée à cette offre HLM.

De son côté, Ile-de-France Mobilités, l'organisme public en charge de l'offre Navigo, on rappelle que 18 communes proposent déjà la gratuité aux voyageurs sur 23 parcs relais (voir liste ci-dessous), sur un total de 68 parcs relais. Sans frais à débourser en plus de son abonnement, 7000 places sont proposées avec un objectif d'en proposer 10.000 d'ici à la fin de l'année. A voir si les places gratuites pourront continuer à être proposées aux abords immédiats de la capitale, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.

Ci-dessous la liste des 18 communes franciliennes qui proposent la gratuité aux voyageurs, entre parenthèses le nombre de parcs relais (PR) concernés par ville.

Boissy-Saint-Léger (1)
Bures-sur-Yvette (2, PR gare Bures sur Yvette + La Hacquinière)
Chelles Gournay (1)
Longueville (1)
Louvres (2)
Moret Veneux-les-Sablons (1)
Mormant (1)
Noisy-le-Sec (1)
Pontoise (1, PR Canrobert)
Souppes Château-Landon (1)
Dammartin-Juilly-Saint-Mard (3)
Bouray (1)
Marles-en-Brie (2)
Trilport (1)
Sucy-Bonneuil (1)
Orgerus Behoust (1)
Massy Palaiseau (1)
Herblay (1)
Julien Bonnet