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"Ampère" et "Horse": vers une scission des activités électriques et thermiques de Renault ?

Selon Reuters, dans un contexte géopolitique et économique compliqué, le constructeur au losange veut que son projet "Ampère/Horse" ait pris une nouvelle dimension d'ici juillet prochain.

Après Ford, Renault semble bien décidé à scinder en deux ses activités dans l'automobile. Et ni la guerre en Ukraine, ni la pénurie de composants, ni l'explosion des prix de l'énergie et des métaux rares ne doivent ralentir les projets de transformation du constructeur.

"Malgré l'inconnue russe, Luca de Meo, le directeur général du groupe, veut aller vite sur les deux entités", a indiqué à l'agence Reuters une source au fait du projet.

"Ampère" et "Horse"

Selon Reuters, qui s'appuie au total sur "trois sources proches du dossier", le constructeur devrait faire un point d'étape en juillet sur ce projet visant à séparer juridiquement ses activités électriques des projets thermiques (qui ont vocation à baisser en volume), un plan esquissé lors de la présentation des résultats commerciaux du groupe en début d'année.

Concrètement, précise Reuters, plusieurs groupes de travail, épaulés par des consultants, planchent activement sur la création de ces deux structures juridiques distinctes: "Ampère" pour les actifs électriques et "Horse" (clin d'oeil à l'unité traditionnelle de puissance du cheval-vapeur) pour les actifs thermiques et hybrides, ont ajouté deux des sources.

Une scission effective dès 2023?

Toujours selon Reuters, l'entité électrique sera basée en France et accueillera une partie de l'ingénierie et des usines, dont le site de moteurs de Cléon (Seine-Maritime). A l'automne, un "capital market day" sur cette entité à l'attention des investisseurs serait organisé, il pourrait préfigurer une introduction en bourse de ces activités.

L'autre entité, basée à l'étranger, pourrait conclure un ou des partenariats extérieurs, selon les sources. Les dirigeants de Renault ont notamment évoqué ce projet avec des analystes financiers et des banquiers, comme le précise une note de la banque Stifel.

"L'équipe dirigeante continue de mener des travaux exploratoires en vue de scinder éventuellement la société en deux entités, New Mobility Company (EV, connected & Mobilize) séparée des actifs Legacy. Lors d'une Afterwork Session avec Luca de Meo et le CFO Thierry Piéton, le PDG a ajouté que ces derniers pourraient être combinés avec ceux d'un partenaire potentiel. Une introduction en bourse des actifs de New Mobility pourrait être envisagée pour 2023".

Outre l'objectif d'assurer une meilleure visibilité au groupe en matière de véhicules électriques et pour mieux concurrencer Tesla, cette approche répondrait à l'insatisfaction "de la valorisation actuelle (qui pourrait l'être?)" de Renault, ajoute Stifel. Suite à son exposition au marché russe, le constructeur français est aujourd'hui l'une des plus petites capitalisations du CAC 40.

Reste de nombreuses questions, notamment sociales liées au positionnement des équipes et des sites au sein des deux futures entités, et aux implications du projet sur la structure et l'organisation actuelle de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi. Les négociations avec les syndicats devraient débuter dans les prochains mois en tout cas avant les congés d'été.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business