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Trois chimpanzés menacés de décapitation après leur enlèvement contre rançon dans un refuge

Les trois jeunes chimpanzés ont été kidnappés alors qu'il séjournaient dans un refuge, situé dans la province du Katanga au Congo. Les ravisseurs réclament une rançon à six chiffres et se disent prêts à décapiter les singes en cas de non paiement.

Un kidnapping inhabituel mais des pression bien réelles. En République démocratique du Congo (RDC), un refuge pour singes de la province du Katanga a vu trois de ses jeunes chimpanzés enlevés par des ravisseurs dans la nuit du 8 au 9 septembre. Les malfaiteurs réclament une rançon à six chiffres, sans qu'on en connaisse le montant exact.

Depuis l'enlèvement, les kidnappeurs ont envoyés plusieurs vidéos aux responsables du centre Jeunes animaux confisqués au Katanga (JACK), dans la ville de Lumumbashi, où résidaient les primates depuis quelques jours, après leur sauvetage début septembre.

Sur ces enregistrements, on voit notamment les trois chimpanzés, nommés César, Hussein et Monga dans un petit espace non adapté à leurs besoins. L'un d'entre eux en station debout et privé de ses mouvements, les poignets et chevilles attachés, tandis que les deux autres se déplacent chaotiquement parmi des pièces de mobilier jonchant le sol.

Les bébés menacés d'être décapités

"C'est la première fois dans le monde qu'on kidnappe des grands singes en demandant une rançon", affirme Frank Chantereau, co-fondateur avec son épouse Roxane du refuge JACK , où le couple accueille des grands singes menacés d'extinction.

"On vit dans un film depuis trois semaines. Si on ne paie pas la rançon, ils vont décapiter la tête d'un bébé et nous l'envoyer. On vit un cauchemar", se lamente le directeur.

Selon lui, les ravisseurs viennent de l'intérieur de la structure: aucune porte n'a été forcée et il n'y aucun signe d'effraction. D'autant que les chimpanzés ne vont pas non plus habituellement dans les bras d'inconnus. Les jeunes singes étaient toujours vivants le 22 septembre, comment en atteste une vidéo envoyée au refuge.

"Continuez de vous mobiliser, ils ont besoin de vous", écrivaient notamment Franck Chantereau dans un tweet où il partageait la vidéo reçue.

Le braconnage, un fléau en RDC

Le braconnage et le commerce d'animaux sauvages sont un problème de taille au Congo, où ils représentent notamment une manne financière importante pour les groupes armés, au risque de menacer la biodiversité.

Selon un rapport des Nations Unies, "un braconnier peut vendre un chimpanzé à un prix compris entre 50 et 100 dollars, alors que l’intermédiaire va revendre celui-ci moyennant une marge allant jusqu’à 400%". Ce trafic est massif et à titre indicatif, "jusqu’à 22.218 grands singes sauvages (dont 64 % de chimpanzés) auraient péri entre 2005 et 2011 à cause d’activités commerciales illicites", peut-on aussi lire dans le rapport.

Les chimpanzés sont classés sur la liste des espèces en danger établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il en resterait moins de 300.000 dans le monde.

Plus généralement, le trafic d'animaux, bien que difficile à quantifier, représenterait jusqu'à 199 milliards de dollars par an selon un rapport de l'IPBES, groupe international d'expert de la biodiversité, publié en juillet.

Angèle Chatelier avec Glenn Gillet