Réchauffement climatique: les manchots meurent de faim

La disparition du krill, de petites crevettes à la base de la nourriture des manchots, à cause du réchauffement climatique inquiète les écologistes.

Les manchots pourraient faire face à une famine inédite, liée à la disparition progressive du krill des eaux de l'Antarctique. Ces petites crevettes translucides, qui représentent l'aliment de base de plusieurs espèces dont les manchots, ont un besoin vital de la glace. Sans elle, le krill ne bénéficie d'aucune protection et n'est pas en mesure de trouver les algues nécessaires à sa croissance et son alimentation.

"C'est une espèce clé pour tout le monde, la baleine en mange, le manchot en mange. D'après les données dont l'on dispose, la population du krill a soit changé, soit migré d'une manière radicale", a observé Ron Naveen, le directeur du groupe américain de recherche sur l'Antarctique Oceanites.

Selon les scientifiques, l'Antarctique s'est réchauffé de 3 degrés ces cinquante dernières années, affinant considérablement la couche glacière. L'espèce est, parallèlement, mise en danger par la pêche intensive. Chaque année, plus de 300.000 tonnes de krill est pêché pour nourrir des poissons d'élevage ou produire des compléments alimentaires.

Allier pêche et développement durable

Pour éviter sa disparition, les écologistes militent pour un accord international sur la création de nouvelles aires maritimes protégées. Dans ces zones, les baleines, manchots, et autres espèces se nourrissant de krill seraient à l'abri de la surpêche et auraient une ration de quotidienne suffisante à leur survie.

Certaines entreprises ont déjà pris les devants. "Aker BioMarine", une compagnie produisant des compléments alimentaires à base de krill, a développé une méthode appelée "éco-récolte". Elle lui permet de "pêcher de manière durable dans l'Antarctique", selon sa directrice du développement durable Cilia Indahl.

"Nous réduisons au maximum l’impact environnemental en nous assurant de ne pas attraper d’autres espèces lorsque l’on pêche le krill", a-t-elle ajouté.

Mais ces mesures sont pour le moment insuffisantes, du fait de la réticence de certains pays. La Russie s'oppose notamment à la création d'une grande zone protégée dans la mer de Ross. La régulation concernant la pêche du krill devrait être mise à jour en octobre, lors de l'assemblée annuelle de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR).

F. H. avec Vincent Giraldo et AFP