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Animaux

Maltraitance animale: L214 diffuse le témoignage choc d'un ex-employé de porcherie

Grégory a passé plus de deux ans à travailler pour le compte d'une porcherie située dans l'Yonne. Et dans une vidéo publiée ce jeudi par l'association de défense des animaux L214, nourrie des images enregistrées avec son portable, il livre à visage découvert un témoignage choc sur les agissements dont il a été témoin.

C'est un montage d'images, vidéos et photos, de 7 minutes 23, prises sur le vif par u ancien employés d'une exploitation porcine située à Annay-sur-Serein, dans l'Yonne.

Tout y passe: l'insalubrité extrême des locaux dans lesquels sont parqués les animaux, le manque d'eau, une densité trop forte qui dégénère même en un entassement de cochons morts ou blessés, les comportements aussi violents que gratuits en tous genres envers les truies et les porcelets. La nouvelle vidéo publiée ce jeudi par l'association de défense des animaux L214 a une nouvelle fois de quoi ulcérer au moment de documenter les agissements ayant cours dans une porcherie bourguignonne.

Témoignage à visage découvert

Et cette fois, la dénonciation est encore renforcée par le courage de son auteur et protagoniste. Grégory, un ex-employé de l'élevage à l'origine de ces images, les commente à visage découvert et revient sur son expérience tout au long de cette vidéo.

Après avoir travaillé pendant deux ans et deux mois dans cet élevage, Grégory a récemment démissionné de son poste après être tombé en dépression à la suite des maltraitances qu'il a pu constater.

Coups de tournevis

S'il a parallèlement porté plainte contre son ancien employeur, Grégory s'est tourné vers L214 car ses remontrances, exprimées auprès de sa direction, et les signalements effectués auprès de la police n'avaient récolté, assure-t-il, aucun résultat. Il assure en outre n'avoir "jamais vu un contrôle" de services vétérinaires en deux ans et deux mois.

"Je voudrais que le responsable ne travaille plus dans ce domaine-là et que la boîte soit fermée car ça ne s'arrêtera jamais", déclare-t-il.

Les faits qu'il dénonce dans son témoignage et que montre le film sont pourtant accablants. Les images vidéos, prises avec son téléphone portable, montrent des truies tuméfiées par des coups de tournevis sur tout le corps, ou agonisant sur le sol en béton de l'élevage, ainsi que des jeunes truies dont les dents sont coupées à la tenaille.

"Ce qui m’a choqué, c’est de voir le responsable mettre des coups de tournevis, s’acharner sur les truies quand elles ne voulaient pas avancer. Ou alors leur mettre des coups de barre en ferraille sur la tête", détaille Grégory.

"Claquage" des porcelets

Les actes de violence perpétrés contre les porcs s'enchaînent. Un autre exemple parmi tant d'autres: la coupe au fer - et sans anesthésie - de la queue des porcelets. Passons sur les corps tuméfiés des animaux battus, sur un tas aux airs de charnier, sur les cadavres abandonnés au sol, ou gisant parmi leurs congénères encore bien vivants.

Une dernière pratique interpelle particulièrement: le "claquage" des porcelets: ceux qui sont jugés les moins rentables sont assommés violemment tout juste après leur naissance .

"Si à la naissance, y en a un qui boîte, ils le prennent, ils le claquent par terre. Et puis, des fois, ils le claquent par terre, ils le mettent dans le seau et il est encore vivant", explique Grégory.

Une plainte déposée par L214

La porcherie est un élevage intensif de 1800 truies, le triple de la moyenne française. Selon L214, elle est gérée par le groupe Provent-SDPR qui exploite directement ou indirectement une centaine de porcheries. Contactée, la direction de la société, basée en Savoie, n'a pas réagi aux accusations.

Sébastien Arsac, directeur des enquêtes et porte-parole de L214, indique que l'association a porté plainte mercredi auprès du procureur de la République d'Auxerre, dénonçant de "nombreuses infractions à la réglementation".

L'association demande des sanctions contre l'élevage mais également l'interdiction de la coupe à vif des queues et du "claquage" des porcelets. Cette opération est censée les tuer rapidement mais c'est loin d'être toujours le cas, selon L214.

Dans un communiqué, la préfecture de l'Yonne indique que l'exploitant de la porcherie a été "mis en demeure" à la suite d'une inspection de l'élevage, le 1er juin, et la constatation de "non-conformités".

Jules Boiteau et Sébastien Savoye avec R.V.