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Animaux

Les huîtres victimes d'une puissante bactérie

Des huitres françaises.

Des huitres françaises. - -

Elles se meurent, les huîtres françaises adultes souffrent d'une surmortalité inquiétante, probablement due au temps de ces derniers mois.

La filière ostréicole française confrontée à une nouvelle crise. Après avoir connu une surmortalité des jeunes huîtres, les populations adultes sont aujourd'hui massivement touchées avec des taux de mortalité pouvant atteindre 65%.

"De la Normandie à la Méditerranée, personne n'est épargné", affirme Olivier Laban, président de la Section régionale conchylicole (SRC) Arcachon-Aquitaine. "Elles meurent dans l'eau sans même qu'on y touche", déplore désemparé Denis Bellocq, ostréiculteur à Gujan-Mestras, sur le bassin d'Arcachon.

Ce nouveau coup dur pour la profession est dû à une bactérie mortelle, au nom barbare de "vibrio aestuarianus". Les échantillons analysés par l'Ifremer provenaient notamment de l'étang de Thau, sur la Méditerranée, du lac d'Hossegor (Landes), d'Arcachon (Gironde), de Charente-Maritime, de Bretagne nord et de Normandie. Si le mal est aujourd'hui connu, les causes de la présence de cette bactérie mortelle sont plus compliquées à identifier.

"On peut suspecter que les conditions climatiques de 2013 sont plutôt favorables à la prolifération de la bactérie dans l'environnement", estime Tristan Renault, responsable de l'unité Santé, génétique et microbiologie des mollusques à l'Institut français pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Il évoque notamment "l'élévation des températures après un printemps froid" et "des pluies très importantes au printemps" qui ont eu une incidence sur la salinité de l'eau.

Un phénomène apparu l'an dernier

Ce phénomène de surmortalité des huîtres adultes, qui a tendance à s'arrêter depuis quelques jours, est apparu l'an dernier, notamment en Bretagne, mais dans de moindres proportions. "Cette année, nous sommes beaucoup plus impactés", souligne Gérald Viaud, président du Comité national conchylicole. "On est dans la continuité de ces surmortalités mais depuis quelque temps, cela a pris une autre dimension car cela touche toutes les tranches d'âge", souligne Gérald Viaud.

En effet, depuis 2008 l'ostréiculture connaît une crise en raison de la présence d'un herpès virus qui a décimé jusqu'à 75% des jeunes huîtres (naissains). "C'est d'autant plus traumatisant qu'on était prêts à mettre ces huîtres adultes sur le marché après les avoir travaillées pendant trois ans", explique M. Bellocq. Estimant la perte de sa production à 60%, il a préféré arrêter d'approvisionner certains clients ou de le faire dans de moindres quantités.

Pour l'Ifremer, une seule solution apparaît aujourd'hui pour faire face à ce phénomène: "trouver une solution pour obtenir des animaux plus résistants", conclut Tristan Renault.

C. L. avec AFP