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"Ils sont balancés à la mer": de nouveaux cadavres de vaches retrouvés sur les plages du Finistère

Des vaches à Beaumontois-en-Périgord le 14 février 2023 (photo d'illustration).

Des vaches à Beaumontois-en-Périgord le 14 février 2023 (photo d'illustration). - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

Alors que plusieurs cadavres de bovins ont été retrouvés échoués sur des plages bretonnes ces dernières semaines, des associations de défense animale interpellent la Commission européenne pour revoir les conditions de transport maritime de ces animaux.

Des vaches échouées sur la plage. Depuis novembre 2023, plusieurs bovins ont été retrouvés morts sur les plages du Finistère, indique Le Télégramme, comme à Trégunc ou à Tréogat.

Le ventre "très gonflé", les animaux semblent avoir passé beaucoup de temps dans l'eau, précise le journal régional, et à chaque fois, leurs bagues d'identification ont été enlevées.

Elles "sont volontairement coupées pour ne pas pouvoir les identifier et retracer le navire", expliquent Jacky Bonnemains, président de l’association Robin des Bois et Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 à Télégramme.

Première hypothèse pour ces organisations de défense animale: un cargo transportant du bétail les a jetés à la mer. Quelques semaines plus tôt, le 11 novembre dernier, rapporte France 3 Bretagne, un navire transportant des veaux de l'Irlande vers la Libye s’était d'ailleurs mis à l’abri devant le port de Douarnenez avant l'arrivée de la tempête Ciaran.

Des vaches "balancées à la mer"

"C’est la pratique habituelle dans le transport maritime quel que soit le type d'animal. Les animaux morts sont balancés à la mer", a déclaré Paul Tourret, Directeur de l'Institut Supérieur d'Économie Maritime (ISEMAR), à France 3.

Selon les associations L214 et Robin des Bois, interrogées par Le Télégramme, cette pratique "éviterait, par exemple, de mettre les animaux en quarantaine à l’arrivée à destination. Ou de maintenir le bétail à bord si un animal est malade".

Ces associations dénoncent, par ailleurs, des conditions de transport "effroyables" où les animaux sont entassés les uns sur les autres sans assistance vétérinaire à bord.

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En collaboration avec deux autres organisations, L214 a eu l'occasion de suivre le transport de veaux non sevrés de l'Irlande vers des élevages d'engraissement aux Pays-Bas, transitant par le port de Cherbourg, rapporte France 3.

L'association a alors constaté des phases de transport de plus de 40 heures, alors que la limite maximale autorisée en Europe est de 19 heures.

"Les navires bétaillers constituent la catégorie de navire qui affiche le plus grand nombre de déficiences (...)"dénonce un rapport du Mémorandum d'entente de Paris sur le contrôle des navires par l'État du Port (MoU de Paris) datant de 2020.

95% des inspections menées en 2020, ont abouti à une ou plusieurs non-conformités", indique le même rapport.

Revoir la réglementation européenne ?

L'association L214 appelle l'Union Européenne à revoir sa réglementation en matière de transport animal.

"La réglementation européenne qui encadre le transport d'animaux vivants datait de 2005. Elle n'avait pas bougé depuis malgré les rapports des ONG et des scientifiques", assure la porte-parole de L214 à France 3.

La loi de 2005 précise qu'"un animal qui présente des signes de maladie ou de blessure en cours du transport doit être isolé et recevoir rapidement les soins appropriés". Le cas échéant, l'animal peut, en effet, "être mis à mort ou euthanasié en urgence pour éviter toute souffrance évitable".

Le 7 décembre dernier, la Commission européenne a enfin publié une proposition encadrant le transport d'animaux vivant, mais elle demeure cependant "bien en deçà des attentes des ONG et des scientifiques", explique Johanne Mielcarek à France 3.

Le militant regrette surtout que les phases de longs transports "de plus de 8 heures" n'aient pas été totalement interdits. 

Orlane Edouard