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Disparition massive des oiseaux dans nos campagnes

En quinze ans, le nombre de perdrix rouges a chuté de plus de 34%.

En quinze ans, le nombre de perdrix rouges a chuté de plus de 34%. - Fra298 - flickr - CC

En 15 ans, non seulementun tiers des oiseaux de plaines a disparu de notre environnement, mais le phénomène s'accélère, avertissent deux études, l'une du CNRS et l'autre du Muséum d'histoire naturelle.

La campagne, le gazouillement des oiseaux, le bourdonnement des insectes. Oui, mais pour combien de temps encore? Deux études concluent à un très inquiétant déclin des populations d'oiseaux dans nos campagnes françaises, et plus généralement en Europe. Depuis 15 ans, un tiers des oiseaux ont disparu en moyenne, affirment le Muséum d'histoire naturelle et le CNRS.

Les deux enquêtes, car il s'agit bien de constatations effectuées sur le terrain et non de projections ou d'hypothèses, font le même constat d'une "situation catastrophique", d'une "disparition massive", "proche de la catastrophe écologique". Ces résultats sont d'autant plus inquiétants qu'ils proviennent de deux réseaux de surveillance ornithologiques différents, avec deux méthodologies distinctes.

Ainsi, l'enquête du Muséum a été menée au niveau national. Elle est issue du programme STOC, pour Suivi temporel des oiseaux communs. "Deux fois par an, au printemps", explique Le Journal du CNRS, "les ornithologues bénévoles recensent les oiseaux qu'ils voient et entendent au petit matin dans des aires de 4 kilomètres carrés". Quelque "175 espèces" sont alors inventoriées. L'autre étude porte sur une zone bien spécifique de 450 kilomètres carrés située dans les Deux-Sèvres. Elle est scrutée par les spécialistes depuis plus de 20 ans, qui y effectuent des recensements réguliers.

Chant du cygne pour les oiseaux des champs?

Si la proportion d'un tiers d'oiseaux disparus dans les plaines est juste, elle échoue à rendre compte de grandes disparités dans cette hécatombe. La perdrix rouge a ainsi virtuellement disparu, le pipit farlouse à décliné de 68%, la population d'alouette a diminué de moitié, la perdrix grise a fondu de 90%... Et ce déclin s'est encore accéléré en 2016 et 2017, relève le Muséum d'histoire naturelle.

Le dénominateur commun de ces espèces est qu'elles évoluent dans le milieu agricole. Pour Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle) interrogé par Le Monde, "on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l'on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique à l'augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d'insectes déjà déclinantes".

L'explication est donc là. Ces mêmes néonicotinoïdes également néfastes aux populations d'abeilles déciment les insectes, dont les oiseaux se nourrissent. Outre le recours aux insecticides, la fin des jachères imposée par la politique agricole commune depuis 2008-2009 a joué un rôle. 

"On ne prend pas de grands risques en disant que les pratiques agricoles sont bien à l'origine de cette accélaration du déclin", confirme à l'AFP Grégoire Loïs, directeur-adjoint de Viginature, qui chapeaute le STOC, car les oiseaux ne déclinent pas au même rythme dans d'autres milieux. "Il y a un déclin léger sur le reste du territoire, mais rien à voir en termes d'amplitude" avec les zones agricoles, ajoute-t-il.

La conclusion que tirent les chercheurs est que la diminution en cours certes très préoccupante, n'est pour autant pas (encore) irréversible. Mais ce changement nécessaire à la préservation de la biodiversité et de nos printemps ponctués de chants d'oiseaux doit passer par une collaboration étroite avec les agriculteurs, dont les pratiques peuvent évoluer.

David Namias