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350 dauphins échoués sur la façade atlantique cet hiver: l'inquiétude des spécialistes

Dauphin mort sur une plage. (Photo d'illustration)

Dauphin mort sur une plage. (Photo d'illustration) - AFP PHOTO / CONAP

Mercredi, l'observatoire Pelagis a publié un chiffre accablant: 350 dauphins se sont échoués sur les côtes françaises bordant l'océan Atlantique. Si l'épisode n'est pas inédit, il est très prononcé et précoce cette année.

Ce n'est pas sur les plages bretonnes, vendéennes ou gasconnes qu'on s'attend à croiser le plus de dauphins. Ces dernières semaines, pourtant, les cétacés ont tendance à affluer. Mais il n'y a pas, hélas, de quoi se réjouir. Selon un décompte publié mercredi par l'observatoire spécialisé Pelagis, 350 carcasses de dauphins ont été retrouvées au long de la façade atlantique depuis le 1er décembre, dont 127 pour le seul mois de janvier.

"Les effectifs maximaux ont été observés entre le 5 et le 20 janvier", précise le document publié par l'observatoire. Si l'épisode n'est pas unique en son genre - se produisant même à un rythme annuel - il inquiète scientifiques et associatifs par sa précocité.

En avance de quelques semaines

Dans le détail, il s'agit à 90% de "dauphins communs", décrit encore Pelagis avant de répartir les victimes. 60% des dauphins considérés se sont échoués sur les littoraux vendéen (146) ou de Charente-Maritime (75). On note encore d'autres concentrations importantes comme dans le Finistère (avec 29 spécimens), ou le Morbihan (28).

S'exprimant auprès du Télégramme jeudi, Olivier Van Canneyt, ingénieur d'études à Pelagis, a expliqué:

"L'échouage de dauphins n'est pas un phénomène nouveau, ça arrive tous les hivers, mais en 2023, on constate que ce phénomène de surmortalité arrive très tôt dans l'année".

En effet, d'après les observations mises en ligne par Pelagis, le triste épisode a quelques semaines d'avance cette fois: "Depuis plusieurs années, de tels phénomènes de surmortalité (...) sont régulièrement enregistrés en hiver, principalement en février et mars".

Coups de filets

Le même document livre en quelques mots la cause principale de ces morts, expliquant qu'ils sont "liés aux captures dans des engins de pêche". En fait, comme l'éclaire Le Télégramme, les dauphins ont coutume d'aller traîner de l'aileron plus près des côtés en février-mars pour se sustenter en sardines et anchois qui y pullulent alors. Or, ces denrées intéressent aussi les pêcheurs, dont les embarcations sont nombreuses en mer à cette période. Cette concurrence tourne bien souvent au désavantage des animaux, qui heurtent les bateaux ou sont pris dans leurs filets.

La Ligue pour la protection des oiseaux a confirmé - à nouveau auprès du quotidien breton - ce scénario pour cet hiver 2023:

"Les photos montrant des nageoires caudales coupées et des traces de filets apparentes ne laissent aucun doute sur l'origine de cette hécatombe".

Aussi, l'ONG saisit la circonstance pour demander aux pouvoirs publics de "suspendre dès maintenant et pour plusieurs semaines les pratiques de pêche responsables des captures de dauphins dans le Golfe de Gascogne".

La mort des dauphins, la visibilité du phénomène en est une autre. Et l'arrivée massive de leurs dépouilles sur les plages atlantiques repose sur des "conditions de dérive favorables", reprend Olivier Van Canneyt: "Il faut du vent pour que les corps des dauphins arrivent jusqu'aux côtes et s'échouent. L'hiver est propice à cela".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV