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"Les mentalités sont prêtes": la sortie de l'Alsace de la région Grand Est évoquée lors d'une contribution citoyenne

La contribution citoyenne lancée par la Collectivité européenne d'Alsace va également aborder d'autres sujets, répartis en cinq grandes thématiques.

L'Alsace doit-elle sortir de la région Grand Est? Un an après la consultation citoyenne qui a recueilli une majorité de "oui", la Collectivité européenne d'Alsace (CeA) remet la question sur la table avec l'ouverture jeudi d'une "contribution citoyenne".

Une consultation concernant "tous les sujets" qui intéressent les Alsaciens, aussi bien la question de la santé que des transports, de l'environnement ou de l'éducation.

"Aujourd'hui, ce qui nous semble important, c'est de demander aux Alsaciens, pour alimenter et enrichir encore le projet politique, de contribuer sur les sujets qui sont importants à leurs yeux. De donner la vision de l'Alsace de demain", déclare Frédéric Bierry, président de la CeA, au micro de BFM Alsace.

"C'est le moment d'affiner encore le sujet"

Lancée ce jeudi à l'occasion d'une séance plénière extraordinaire du Conseil de la CeA, la contribution citoyenne vise à recueillir les avis des habitants sur cinq grandes thématiques: les solidarités, les transitions énergétiques, l'attractivité économique de l'Alsace et ses territoires, la culture et l'éducation, ainsi que les services publics de proximité.

L'un des sujets abordés lors de cette contribution citoyenne sera également la possible sortie de l'Alsace de la région Grand Est, une question déjà largement abordée depuis plusieurs années.

"Je pense que c'est le moment d'affiner encore le sujet, parce que je pense que les mentalités sont prêtes au niveau national pour faire évoluer les textes", poursuit Frédéric Bierry. "Et l'Alsace, comme elle l'a souvent été, peut être précurseure en matière de décentralisation."

Un sujet qui n'est toutefois pas la priorité pour l'opposition écologiste, qui accuse Frédéric Bierry d'instrumentaliser les institutions.

"Il y a des dysfonctionnements manifestes dans la région Grand Est, nous ne le mettons pas en question", déclare Florian Kobryn, conseiller d'Alsace Europe Ecologie Les Verts. "En revanche, il ne faut pas faire de cette question un écran de fumée, par rapport à l'ensemble des urgences que le département doit traiter."

L'élu estime que cette question de la sortie de l'Alsace de la région Grand Est viendrait "occulter des réalités sociales, écologiques", qu'il estime "bien plus urgentes à traiter".

"Là, le Conseil d'Alsace se résume à une tribune politique pour monsieur Bierry sur quelque chose pour lequel il n'a pas de pouvoir", poursuit Florian Kobryn. "C'est-à-dire que monsieur Bierry ne peut pas changer les périmètres du Grand Est. En revanche, il peut mettre des cantines dans les collèges, il peut améliorer le service public."

"J'ai d'autres préoccupations"

De son côté, le président de la région Grand Est, Franck Leroy, accuse Frédéric Bierry de vouloir faire du "buzz" en ramenant à nouveau ce sujet sur la table. Invité sur le plateau de BFM Alsace la semaine dernière, le président de région estimait lui aussi que d'autres sujets sont à traiter en priorité.

"Moi, j'ai d'autres préoccupations. La problématique des transports, le développement économique, la transition énergétique, le pouvoir d'achat. Ce sont des problèmes extrêmement importants sur lesquels on est attendu quand on est président de la région Grand Est."

Une critique vivement réfutée par le président de la Communauté européenne d'Alsace. "Quand vous avez 150.000 Alsaciens qui expriment à 92,4% le retour de la région Alsace, je n'estime pas faire du buzz", déclare Frédéric Bierry. "Je suis là pour servir la volonté de mes concitoyens. (...) Est-ce que c'est contraire à la démocratie de vouloir écouter ses habitants? Je ne crois pas."

Les habitants recevront dans les prochains jours le magazine "Toute l'Alsace" de la CeA, expliquant les modalités de participation à la contribution citoyenne. Ils pourront ainsi faire parvenir leurs remarques par écrit, via le formulaire joint au magazine, ou bien sur la plateforme "Entre vos mains" mise en place pour l'occasion.

Les contributions seront ensuite recueillies jusqu'à la mi-juillet, pour un examen du projet à l'assemblée plénière de la CeA fin décembre.

Laurène Rocheteau